Le capteur de puissance gadget ou outil ?

Depuis quelques années, les capteurs de puissance ont fait leur apparition dans le cyclisme. Ils ont d’abord investit les équipes professionnelles pour ensuite se démocratiser vers le sport amateur. Le premier capteur de puissance SRM a vu le jour en Allemagne en 1986. En 1989, Look lance le MAXone. La société PowerTap commercialisa sont premier capteur de puissance dès 2001. Depuis les modèles ont évolué ainsi que les marques : SRM, PowerTap, Power2max, Quarq Q, Vector, Stages. Et de nombreux sites se sont lancé dans les essais comparatifs.

Si aujourd’hui, de nombreux coachs sportifs proposent des plans d’entraînement et des exercices basés sur la mesure de la puissance de nombreux cyclistes se posent encore la question de l’intérêt du capteur de puissance qui bien souvent est opposé au capteur de fréquence cardiaque.

 

1 – La puissance une valeur physique.

L’action qu’un cycliste exerce sur ses pédales est dénommée en physique un couple de force : Un couple est l’effort en rotation, appliqué à un axe. Il est ainsi nommé en raison de la façon caractéristique dont on obtient ce type d’action : un bras qui tire, un bras qui pousse, les deux forces étant égales et opposées.

Couple de forces

On parle également de moment d’une force par rapport à un point donné. C’est une grandeur physique vectorielle traduisant l’aptitude de cette force à faire tourner un système mécanique autour de ce point, souvent appelé pivot. Il s’exprime en N·m (newton mètre). Le moment d’un ensemble de forces, et notamment d’un couple, est la somme (géométrique) des moments de ces forces.

Pour simplifier, la puissance en cyclisme est égal au produit du couple exprimé en Newton.mètre par la cadence de pédalage en Rad/s pour faire encore plus simple, la Puissance (en Watt ) = Force x Vélocité.

La force est donc une valeur physique invariable = 1 Watt sera toujours égale à 1 Watt. Seuls pourront varier la force ou la vélocité du cycliste qui feront varier la puissance développée. Ainsi, que l’on roule sur le plat et le vent dans le dos ou face au vent et en côte 1 Watt sera toujours égale à 1 Watt.

2 – Comparaison de la fréquence cardiaque et de la puissance

Tout l’intérêt du capteur de puissance devient évident ! Par exemple, pour un travail de préparation pour acquérir de la PMA, un cycliste pourra rester dans la bonne zone de puissance en ajustant en permanence son pédalage. Il s’adaptera facilement et rapidement aux variations du terrain, de la météo (vent), de sa forme (fatigue s’installant) et en n’utilisant plus la fréquence cardiaque pour ce type d’exercice.

En effet l’inconvénient majeur de l’utilisation de la fréquence cardiaque comme indicateur de l’intensité de l’effort reste sa fiabilité et son inertie. La fréquence cardiaque (FC) a tendance à fluctuer en fonction de différents paramètres. La chaleur, l’altitude ou la déshydratation vont créer une augmentation du débit cardiaque tandis que le froid et la fatigue sont les causes d’une baisse de la fréquence cardiaque. A partir de là, il est difficile de suivre un programme d’entraînement dans lequel les séances proposées sont basées sur des zones d’intensités précises, puisque les battements cardiaques d’un même individu peuvent varier d’un jour à l’autre, d’un mois sur l’autres. Il peut y avoir 10 à 15 pulsations d’écart entre un début de saison, où l’athlète est encore frais, et  une fin de saison où la fatigue est installée.Il peut aussi y avoir 15 pulsations d’écart entre un début et la fin d’une séance PMA à puissance constante  juste par dérive.
De même, l’élévation de la fréquence cardiaque n’est pas significative lors d’efforts violents (sprint, courte accélération, série PMA). En effet, la fréquence cardiaque indiquée à la suite d’un départ arrêté sur 10 secondes ne dépassera jamais la FC à PMA alors que l’intensité de l’effort est près de 2,5 fois supérieure. De plus, lors de changements de rythme, la FC met également un certain temps avant de refléter réellement la valeur de l’effort, il y a toujours quelques précieuses et longues secondes de latence.
Au contraire, le capteur de puissance va donner une valeur directe de l’intensité. Le cycliste arrête de pédaler, la puissance est nulle, il accélère brutalement et les valeurs remontent immédiatement.

retard fréquence cardiaque

La puissance exprimée a également l’avantage de ne pas varier en fonction de paramètres extérieurs. Les données instantanées ne seront jamais altérées par des facteurs psychologiques comme le stress engendrant, des montées d’adrénalines et des hausses de FC.

3 – Le rapport poids/puissance

Le rapport poids/puissance exprimé W/kg est la relation entre la puissance mesurée en watts [W] et le poids en Kilogrammes [Kg]. L’intérêt de cette valeur est de permettre d’optimiser son entraînement pour la montée de cols ou des sprints.

Prenons un cas concret Chris Froome avec 414 watts en moyenne annoncés par Sky et les 67,5 kg pour 1,86 m affiche un rapport poids/puissance de 6,13 watts/kg.

L’optimisation de l’entraînement peut être réalisée via deux axes : l’augmentation de la force et donc en valeur absolue la puissance et la perte du poids. Dans les faits, il faudra travailler simultanément les deux axes. Mais la perte de poids devra être travailler avec précaution car une perte de poids trop importante et trop rapide peut s’accompagner d’une fonte des muscles qui participent directement à la production de la force et donc de la puissance.

En se focalisant sur un entraînement de force avec une vélocité autour de 50 tpm et des gros braquets 50/11 à 50/13  et puissance moyenne suivi de période de récupération en vélocité 90/100 tpm à faible développement 50/25 et faible puissance.

4- Les bases du rapport Poids / Puissance [P/Kg]

Considérons deux cyclistes en train de monter un col dans les mêmes conditions et avec un équipement identique. Le premier d’un poids de 85 kg et une puissance moyenne en montée de 450 watts.  Le second pèse 65 kgs pour une puissance de 380 watts.

On pourrait penser que le premier l’emporterait au vu des 70 Watts de différence et pourtant il n’en est rien.

En effet une partie de la puissance en montée est utilisée pour vaincre la force d’apesanteur proportionnelle au carré du poids et donc le premier cycliste est largement désavantagé par son poids.

Le rapport poids/puissance pour chacun des cyclistes est donc de :

  • Cycliste 1 P/Kg= 5.29 W/Kg (450/85)
  • Cycliste 2 P/Kg = 5.85 W/Kg (380/65)

Le second cycliste est donc plus performant en montée bien que le premier produise une puissance absolue supérieure de 18%.

Le rapport poids puissance est un élément clé de la performance et de la comparaison de cyclistes. C’est un véritable indicateur des performances, plus le rapport poids/puissance est faible, plus le cycliste est performant.

En conclusion dans une ascension celui qui arrive le premier au sommet n’est pas celui qui est le plus fort, ni le plus maigre, ni le plus puissant, mais celui qui a le rapport poids puissance le plus favorable.

5 – La puissance maximale aérobie

La puissance maximale aérobie PMA est la puissance atteinte à VO2 Max, au maximum de la capacité aérobie du cycliste, lorsque la consommation d’oxygène atteint son maximum et se stabilise. Elle est exprimée en watts. Cette valeur représente en quelque sorte la cylindrée de chacun, à l’image de la puissance du moteur d’une voiture.

La puissance maximale aérobie peut-être maintenue entre 5 et 7 minutes chez les cyclistes entraînés. Elle est en général comprise entre 250 watts, chez les cyclos peu entraînés, et 550 watts, pour les meilleurs cyclistes professionnels (gros rouleurs).

La PMA est une valeur qui peut-être évaluée en laboratoire, sur home-trainer ou directement sur le terrain.

  1. Le test en laboratoire : l’évaluation de la PMA est souvent englobée dans un test de VO2 max, ce qui au delà de déterminer votre puissance maximale aérobie, permet d’obtenir de nombreuses informations complémentaires à partir de l’analyse de l’évolution des échanges gazeux, du volume d’air expiré et du taux de lactates. Le test se déroule généralement sur un cyclo-ergomètre équipé d’un capteur de puissance. Malheureusement, le cyclo-ergomètre est rarement adapté à la position du cycliste. La selle est une selle de mobilette, et que dire des pédales ou il est très difficile de fixer les pieds convenablement. De plus, les systèmes d’évaluation de puissance utilisés manquent souvent de précision. Pour le même protocole, il n’est en effet pas rare d’obtenir des différences d’évaluation de PMA de 5 à 10 % entre deux centres de test. Le protocole consiste à franchir des paliers de 20 à 50 watts toutes les 1 à 3 minutes jusqu’à l’épuisement du cycliste. La PMA correspond alors à la puissance atteinte lors du dernier palier réalisé dans sa totalité. Exemple : palier 360 watts terminé + 40 sec. du palier 370 watts = 340 + (30 / 120) x 30 = 347,5 watts.
  2. Le test sur le terrain : Sur le terrain, le test PMA le plus utilisé est le test de 5 minutes. Il peut être réalisé sur route ou home trainer dont voici un exemple de protocole pour chacun de cas. L’intérêt d’utiliser un protocole précis est, d’une part, de débuter le test dans de bonnes conditions avec un échauffement rondement mené, d’autre part, de reproduire chaque test dans des conditions quasi-similaires. Ce test doit dans l’idéal, être réalisé à chaque fois dans la même ascension de pente moyenne (5-7%) avec le même point de départ. Celle-ci doit être la plus régulière possible.Si vous êtes encore plus méticuleux, vous pouvez réaliser ce test sur home trainer, ce qui aura pour avantage principal de supprimer tous les aléas liés à la météo. Dans ce cas-là, n’hésitez pas à réduire la première partie du protocole de 20 à 10mn ce qui vous permettra de réaliser ce test sur une courte séance de 45mn, afin que la valeur PMA soit la plus précise possible. Il faudra également essayer d’être le plus régulier possible durant le test.Les tests continu et triangulaire peuvent être réalisés sur le terrain, même si le test continu est plus simple à mettre en oeuvre en raison des obstacles (stops, feux rouges…) qui jalonnent les routes et qui viendront compliquer le bon déroulement du test triangulaire. 

TerrainHome trainer
20 minutes d’échauffement à I1, I2

5 fois (30s I4+30s I2)

5 minutes I2

5 fois (30s I5+30s I2)

5 minutes I2

5 minutes I5 (Test PMA)
10 minutes d’échauffement à I1, I2

5 fois (30s I4+30s I2)

5 minutes I2

5 fois (30s I5+30s I2)

5 minutes I2

5 minutes I5 (Test PMA)

Une fois le test terminé, la puissance moyenne produite sur 5mn permet d’estimer notre PMA afin de calibrer approximativement nos différentes zones de travail. Pour ma part j’utilise l’échelle d’Esie de Frédéric Grappe.

  • La zone I7 sera située entre 150 et 250% de la PMA
  • La zone I6 sera située entre 100% et 150% de la PMA
  • La zone I5 sera située entre 80 et 100% de la PMA
  • La zone I4 sera située entre 70 et 80% de la PMA
  • La zone I3 sera située entre 60 et 70% de la PMA
  • La zone I2 sera située entre 50 et 60% de la PMA
  • La zone I1 sera située entre 40 et 50% de la PMA

ESIE

6 – Évaluation de la puissance d’un cycliste.

W = 9,81 x P x h / t

W = puissance développée

P = Poids du cycliste + poids du vélo + poids de l’équipement (tenue, bidons…)

h = hauteur en mètre (dénivelée positive)

t = temps d’ascension

Si l’on rapporte le poids du cycliste à la puissance développée on obtient :

R = W/P=9,81xh/t

Si on définit Ro = Wo/Po comme le rapport de référence

On obtient :

t – to = 9,81 x h (Ro – R)/RRo

to / t = R / Ro

(t – to)/ t = (Ro – R)/ R

Ainsi, l’amélioration relative de la performance s’exprime par une réduction relative du temps d’ascension. Elle est égale à l’amélioration relative du rapport Poids/Puissance. Plus le rapport Poids/Puissance est élevé plus le temps d’ascension se réduit et donc plus la vitesse relative s’élève.

Quelle valeur pour quelle puissance ?

Pour un néophyte, l’emploi des valeurs fournies par un capteur de puissance peut s’avérer difficile. Car une fois le capteur de puissance installé et étalonné, l’appareil nous plonge de prime abord dans un monde complexe où chaque coup de pédale constitue une mine d’informations. La difficulté débute dès le paramétrage du GPS ou du compteur : quelles valeurs afficher ? A quoi correspondent les puissances normalisées, moyennes, moyennes maximales (20 min) ? Dois-je afficher les valeurs du Training Stress Score (STT) ou les paramètres FTP en watts, ou le travail en kJ. Sur la route la situation s’aggrave encore, car le capteur nous amène très rapidement à faire de très nombreux constats : sur un sprint je suis capable de développer 805 watts, en côtes je développe 210 watts, mais sur une petite côté je tiens 350 watts, alors que sur le plat vent dans le dos je développe seulement 170 watts… Comment exploiter toutes ces données. Et de retour à la maison après une sortie un peu poussée ou une cyclosportive on peut découvrir que l’on a battu un record de puissance sur cinq minutes ou vingt minutes mais que faire de ces informations de record ?

A titre d’information, voici quelques données qui peuvent être exploiter dans un compteur Garmin Edge 810 :

  • Equilibre: différentiel de puissance gauche – droite en temps réél.
  • Equilibre – Circuit: différentiel de puissance gauche – droite moyen sur le circuit en cours.
  • Equilibre moyenne: différentiel de puissance gauche – droite moyen sur l’activité en cours.
  • Equilibre moyenne 3s: différentiel de puissance gauche – droite moyen sur les 3 dernières secondes.
  • Equilibre moyenne 10s: différentiel de puissance gauche – droite moyen sur les 10 dernières secondes.
  • Equilibre moyenne 30s: différentiel de puissance gauche – droite moyen sur les 30 dernières secondes.
  • Puissance maximum circuit: La puissance mximale atteinte sur le circuit en cours
  • Puissance NP sur le dernier circuit: La puissance normalisée (voir plus bas) sur le dernier ciruit
  • Puissance: Puissance instantanée
  • Puissance – %FTP: Affichage du pourcentage de la Functional Threshold Power (voir plus bas)
  • Puissance – Circuit: Puissance moyenne sur le circuit en cours
  • Puissance – Dernier circuit: Puissance moyenne sur le dernier circuit
  • Puissance – kj: nombre de Kilojoules développés
  • Puissance maximale: Puissance maximale développée lors de l’activité en cours
  • Puissance moyenne: Puissance moyenne sur l’activité en cours
  • Puissance moyenne 3s: Puissance moyenne sur les 3 dernières secondes
  • Puissance moyenne 10s: Puissance moyenne sur les 3 dernières secondes
  • Puissance moyenne 30s: Puissance moyenne sur les 3 dernières secondes
  • Puissance NP: Puissance normalisée sur l’activité en cours
  • Puissance NP circuit: Puissance normalisée sur le circuit en cours
  • Puissance TSS: Calcule le « Training Stress Score » d’une sortie (voir plus bas)
  • Puissance watts/kg: Rapporte la puissance développée par rapport au poids du cycliste (il faut renseigner le poids dans le profil utilisateur du compteur)
  • Zone de puissance: Zone de puissance actuelle (les zones doivent être renseignées dans le profil utilisateur du compteur)

Outils d'analyse de la puissance

Optimiser son investissement dans un capteur de puissance nécessite de dépasser le « mode lecture » du compteur ou de son interface informatique (Garmin, STRAVA…) et de se plonger dans quelques connaissances de base qui permettront de comprendre l’utilité de chacune des valeurs fournies, d’identifier les données à exploiter en entraînement et en course, d’ajuster ses propres seuils tout au long d’une saison à partir de l’évolution de certaines valeurs.

1 – Les bases de la puissance

Comme démontré ci-dessus, la puissance est une donnée physique, mécanique. En cyclisme, en faisant abstraction du dopage mécanique ou des vélos à assistance électrique, le seul moteur qui fait tourner les pédales c’est le cycliste lui-même. Il faut donc avoir à l’esprit que plus un effort est long, plus la puissance moyenne développée par un cycliste sur cet espace de temps sera faible. A l’inverse plus le temps d’effort est court, plus la puissance développée pourra être élevée. Tous ceux qui ont déjà réalisé un test de PMA savent qu’il est très difficile de tenir la même puissance et donc le même effort sur une durée de temps plus importante. Par contre en théorie il est possible de tenir :

  • 2,5 fois la PMA (250% PMA) sur 5 secondes ;
  • 1,5 fois la PMA (150%) sur 30 secondes ;
  • 0,9 fois la PMA (90%) sur 10 minutes ;
  • 0,85 fois la PMA (85%) sur 20 minutes ;
  • 0,75 fois la PMA (75%) sur 1 heure.
1.1 – Les records de puissance

Ces valeurs définies à partir d’un pourcentage de PMA peuvent varier selon les capacités intrinsèques du cycliste, de l’entrainement, de son état de forme. C’est pourquoi, bon nombre d’applications proposent de mesurer les étapes de la progression de chacun en indiquant les records personnels ou les meilleures performances. Ces records personnels sont créés lorsque l’on télécharge des données. Ils correspondent étroitement à l’une de nos durées prédéfinies : il s’agit de la meilleure puissance téléchargée pour ce temps :

  • 5 secondes : 2,5 fois la PMA (250% PMA). Cette valeur est intéressante car il s’agit de la puissance maximale instantanée (Pmax) ;
  • 30 secondes : 1,5 fois la PMA (150%). Cette seconde valeur est également intéressante car elle exprime la résistance aux lactates ;
  • 20 minutes : 0,85 fois la PMA (85%). Cette valeur figure dans presque toute les interface de gestion. Elle représente la puissance au seuil anaérobie ;
  • 1 heure : 0,75 fois la PMA (75%). Cette dernière valeur est également intéressante car elle représente la bascule aérobie/anaérobie. Elle correspond également à la FTP, ou Functional Threshold Power (cf. ci-dessous).
1.2 – La puissance normalisée

Les valeurs basées sur le pourcentage de « PMA » peuvent également varier selon le profil du terrain et notamment une montée soudaine à fort pourcentage, les conditions et orientation des vents ou les relances nerveuses en course. C’est aussi pourquoi bon nombre d’application fournissent une valeur de puissance appelée : « puissance normalisée » ou « Normalized Power » (NP).

Ainsi, pour tenir compte de cette variabilité, ces applications utilisent des algorithmes spéciaux qui permettent de calculer une puissance ajustée ou normalisée pour chaque trajet ou segment de plus de 30 secondes. Ces algorithmes intègrent deux éléments d’information: les réponses physiologiques à des changements rapides dans l’intensité de l’exercice (pics de puissance) ainsi que des périodes de roue libre où la puissance est nulle. Cette valeur permet donc théoriquement de comparer n’importe quelle sortie avec n’importe quelle autre, même si le tracé est différent. La puissance normalisée est donc une manière plus précise de quantifier l’intensité réelle de séances d’entraînement ou d’une course.

Prenons par exemple le cas d’un cycliste qui participe à des courses sur route et des critériums. Il est fréquent que la puissance moyenne mesurée au cours de critériums soit inférieure à celle mesurée pendant les courses sur route alors que ces deux types d’épreuves présentent des intensités tout aussi difficiles. Cette différence s’explique tout simplement par le temps passé en roue libre dans les virages serrés lors d’un critérium. Ainsi, en supposant que ces deux types d’épreuves soient réalisées sur la même durée, la puissance normalisée sera généralement très similaire, ce qui reflète leur intensité équivalente.

1.3Le seuil de puissance fonctionnel 

La FTP, ou Functional Threshold Power que l’on pourrait traduire par « Seuil de puissance fonctionnel » est la puissance maximale qu’un cycliste est capable de développer pendant une heure. Certaines applications de suivi et d’analyse d’entraînements tels que Garmin Connect et TrainingPeaks utilisent la valeur FTP pour analyser automatiquement les intensités d’efforts réalisées durant les séances.

La valeur FTP permet d’établir sept zones de puissance appelées également « zones de Coggan »

  • Zone 1 dite récupération active (< 55 % FTP) ;
  • Zone 2 dite endurance (56 à 75 % FTP) ;
  • Zone 3 dite tempo (76 à 90 % FTP) ;
  • Zone 4 dite seuil lactique (91 à 105 % FTP) ;
  • Zone 5 dite VO2max (106 à 120 % FTP) ;
  • Zone 6 dite capacité anaérobie (121 à 150 % FTP) ;
  • Zone 7 dite puissance neuromusculaire (> 150 % FTP).

Ces zones permettent de réaliser des entraînements spécifiques par type de puissance ainsi que de surveiller l’effort réalisé durant les épreuves sportives.

Plusieurs méthodes existent pour évaluer la puissance FTP. La plus connue est le test de Coggan. Certains logiciels spécialisés sont également capables d’évaluer automatiquement la puissance FTP en analysant les données de puissance issues des séances vélo.Pour les candidats au test de Coggan, voici le protocole :

  • 20 minutes d’échauffement ;
  • 3 x (1 minute de pédalage rapide à 100 tr/min puis 1 minute de pédalage tranquille) ;
  • 5 minutes de pédalage tranquille ;
  • 5 minutes à fond ;
  • 10 minutes de pédalage tranquille ;
  • 20 minutes en contre-la-montre ;
  • 15 minutes de retour au calme.

La valeur de 95 % de la puissance tenue sur les 20 minutes en allure contre-la-montre donne la puissance au seuil fonctionnel (FTP) ; c’est la puissance que le cycliste sera capable de tenir sur un contre-la-montre de 1 heure. C’est donc typiquement la puissance à laquelle on peut rouler sur la partie vélo d’un Triathlon M.

2 –  Quelle données pour quel effort ?

2.1 – Training Stress Score (TSS)

Training Stress Score que l’on pourrait traduire par « Score de fatigue d’un entrainement » calcule en fonction de la puissance développée (via la puissance normalisée) l’impact physiologique d’un entrainement sur l’organisme. Plus le score est élevé, plus l’entrainement a été important et plus il faudra de temps pour que l’organisme récupère.

Ce chiffre est intéressant pour les triathlètes principalement ou dans la gestion des plannings d’entraînement. Il représente de manière simple des points de fatigue. Coggan définit le TSS par rapport au temps d’effort et à son intensité : par exemple, 60′ d’entraînement au seuil FTP vaut 100 points. Coggan proposait ceci :

Training Stress ScoreDélai de récupération
TSS inférieur à 15024 h de récupération
TSS entre 150 et 30036 h de récupération
TSS entre 300 et 45048 h de récupération
TSS supérieur à 45072-96 h de récupération

 Un triathlète, peut ainsi définir un nombre de TSS à ne pas dépasser pour courir efficacement à la descente du vélo.
 
2.2 – Intensity Factor (IF)

Si la puissance normalisée est une meilleure mesure de l’intensité d’une séance que la puissance moyenne, elle ne tient pas compte des différences de conditions physiques d’un individu d’un jour sur l’autre ou entre cyclistes au sein d’un groupe. Des applications comme Garmin Connect ou et TrainingPeaks calculent automatiquement le facteur d’intensité (IF) pour chaque séance d’entraînement ou chaque course.

Le facteur d’intensité IF est tout simplement le rapport de la puissance normalisée sur la FTP. Par exemple, si votre puissance normalisée pour une séance faite au début de l’année est de 210 W et votre FTP du moment est de 280 W, l’IF pour la séance d’entraînement considérée serait de 0,75. Si vous faites exactement le même trajet plus tard dans la saison et que votre puissance de seuil est passé à 300 W, l’IF serait inférieur, soit 0,70. Le facteur d’intensité fournit donc un moyen fiable et pratique de comparer l’intensité relative d’une séance d’entraînement ou de course pour un même cycliste ou entre plusieurs coureurs, en tenant compte des changements ou des différences de puissance de seuil.

Les valeurs typiques pour diverses sessions d’entraînement ou de courses sont les suivantes :

Intensity FactorType d'effort
< 0.75Sortie de régénération
Entre 0.75 et 0.85Sortie d'endurance
Entre 0.85 et 0.95Sorties à allure de course
Entre 0.95 et 1.05Séance d'intervalle, développement de la PMA
Entre 1.05 et 1.15Course sur circuit court type critérium
> 1.15Sprint

Le facteur d’intensité permet de vérifier les changements de FTP. A titre d’exemple, un facteur d’intensité de plus de 1,05 pour une course d’environ 1 heure est souvent un signe que la FTP du coureur est en fait plus grande que celle renseignée dans le programme. Ainsi, en examinant simplement IF d’un coureur pour divers événements au cours d’une saison, des augmentations ou des diminutions de FTP peuvent souvent être révélées sans la nécessité de tests formels fréquents.

3 – Pédaler équilibré, c’est être plus efficace

3.1 – Equilibre G/D

Près d’un tiers de la population présente une différence de la longueur des jambes. Cela dit, cette différence ne nécessite un traitement que lorsqu’elle atteint une dimension de 0,5 cm chez les enfants et d’1 cm chez les adultes.

De même, nous sommes tous un peu déséquilibrés musculairement parlant. Et ce déséquilibre peut-être un peu plus fort selon que nous soyons droitiers ou gauchers, que nous ayons été blessés à une jambe. Au-delà des 15% de différence de force, un médecin définit ce déséquilibre comme « thérapeutique » et nécessite un travail de rééducation précis.

Par ailleurs, observer la répartition de l’effort entre la jambe droite et gauche en retour de blessure est une information précieuse pour récupérer rapidement ses capacités.

Balance droite et gauche

4 – Quelles valeurs paramétrer dans son compteur ?

Au-delà des traditionnels vitesse, kilométrage, cadence et temps, quatre valeurs devrait pouvoir être exploitées en course comme à l’entraînement :

  • la puissance moyenne sur 10 secondes,
  • la puissance normalisée,
  • le TSS ou Training Stress Score,
  • la balance entre la jambe droite et la jambe gauche.

Avec un compteur Garmin qui différencie les paramétrages à l’entraînement et en course, il est également possible de rajouter le facteur d’intensité sur la partie course et les zones de puissance sur la partie entraînement. Cette dernière information permet de mener des séances de fractionné en respectant les zones de puissance.