Le choix du matériel est certainement le domaine le plus complexe de la préparation d’une épreuve d’ultra cyclisme en autonomie comme la Race Across France, car il nous faut essayer d’anticiper nos besoins pour plusieurs jours, tout en essayant de contenir le poids du vélo. Il faut tout étudier et tout peser ! Chaque kilogramme supplémentaire augmente l’effort à produire et diminue de facto notre vitesse ascensionnelle dans les cols. Il faut rechercher les matériels nécessaires les plus légers, s’inspirer des recherches des autres concurrents ou des tests publiés. Il faut parfois faire un choix entre poids et efficacité ou entre poids et prix.
Il faut travailler sur la configuration des sacoches et répartir le matériel par domaine et ou part occurrence d’emploi (plusieurs fois par jour, une fois par jour, ou au cas où…). Il faut ensuite la tester plusieurs fois, de jour comme de nuit, jusqu’à ce que l’on arrive au compromis idéal. La configuration de nos sacoches de bikepacking que certains nomme « leur setup » est toujours un compromis entre ce que l’on souhaiterait pouvoir emmener et ce que l’on emmène réellement et entre un accès à portée de main (sacoche de tube supérieur ou de cadre) ou un accès plus compliqué (sacoche de selle…). Pour ma première expérience sur une épreuve d’ultra-cyclisme de 1100 kilomètres, ce travail m’a pris plusieurs mois. Il a nécessité plusieurs tests de terrain ou de fonctionnement (tests d’autonomie maximale des batteries avec les différentes puissances d’éclairage…). Cette configuration n’est peut-être pas optimale dans certains domaines, mais elle m’a permis de boucler le parcours dans les délais en répondant aux besoins du moment.
Le Vélo
Pour cette épreuve, je suis resté fidèle à mon Look 785 Huez RS. Pour plusieurs raisons : d’une part, c’est un vélo conçu pour la montagne. À ce titre, il est réactif dans les montées tout en acceptant les moments où la fatigue est plus présente et que les jambes répondent moins bien. D’autre part, c’est un vélo qui est très léger, et donc qui contribue à abaisser le poids total roulant (vélo + bidons + sacoches bikepacking + cycliste) ce qui est un plus. Enfin, c’est un vélo qui est très confortable et sur une épreuve de plusieurs jours le confort est aussi un critère important.
Deux modifications ont été apportées : j’ai délaissé mes roues Corima à boyaux pour mes roues ROVAL CL40 à pneumatiques, comme je le fais traditionnellement sur mes longs périples. Si les boyaux sont plus confortables à l’usage, ils sont plus difficiles à réparer en cas d’entaille. La seconde modification porte sur le changement de selle. J’ai en effet remplacé la selle Italia SLR par une Selle Italia Novus Superflow Endurance TM 135 plus adaptée aux épreuves d’endurance.
Pour les développements, j’étais sur un 52/34 – 11/32. Ces développements m’ont permis de passer partout. Un 12/34 à l’arrière m’aurait peut-être permis de rouler plus souplement dans les passages les plus difficiles du Ventoux ou de l’Alpe d’Huez, mais mon groupe SRAM RED E TAP ne permet pas d’aller au-delà de 32 dents à l’arrière.
Autonomie électrique
L’autonomie électrique comprend l’alimentation électrique des éclairages avants et arrières, des dérailleurs, du GPS et du téléphone qui doit être considéré comme un appareil de sécurité pour les appels de secours. Par choix, je n’ai pas opté pour un moyeu dynamo pour assurer mon autonomie électrique et in fine électronique. J’ai plutôt opté pour des batteries externes.
Jusqu’à Saint-Jean-en-Royans, je disposais d’une batterie Samsung 5700 mAh pour ma lampe K Lamp EXR 1100 utilisé pour les phases de roulage de nuit. La capacité de cette batterie me permettait de garantir mon éclairage sur presque trois nuits sans recharge de la batterie. Je disposais également d’un Powerbank décathlon 5200 mAh pour la charge de mon compteur. Ce dernier m’offre une capacité d’au moins quatre charges, à raison d’une charge par jour.
Après Saint-Jean-en-Royans, ces deux sources d’énergie ont été remplacées par un Powerbank Anker PowerCore 26800 mAh. Doté de quatre sorties USB, cette batterie permet de couvrir simultanément l’ensemble des besoins. Sur les deux dernier tronçons, j’ai consommé seulement 25 % de sa capacité en conservant mon éclairage avant, une à deux heures après le levé du soleil. Ce Powerbank est doté d’un chargeur Anker et de deux câbles de recharge. Lorsqu’il est vide, sa recharge est obtenue en 6 heures (testé) grâce à son chargeur rapide est ses deux prises micro USB destinées à sa réalimentation. Aussi, sa charge peut-être complétée lors des arrêts restaurants ou hôtel en cours de parcours et couvrir les besoins pour les trois jours suivants.
La variation de poids entre les deux configurations est minime : 470 gr (pesé) pour la configuration jusqu’à Saint-Jean-En-Royans et 495 gr (pesé) pour la suite du parcours soit 25 gr d’écart.
Tout au long de l’épreuve, j’ai disposé d’une réserve d’énergie suffisante pour alimenter mon éclairage et recharger mon GPS.
Outre, ces Powerbank, je disposais de plusieurs batteries de réserve :
- deux batteries pour mon téléphone afin de me garantir la disponibilité de ce dernier à tout moment de l’épreuve pour les appels d’urgence, et ce même si je me trouvais dans l’impossibilité de le recharger
- deux batteries SRAM pour mes dérailleurs avant et arrière afin de ne jamais tomber en panne de dérailleurs sur un parcours montagnard. En sachant qu’elles sont interchangeables entre l’avant et l’arrière ce qui assure déjà un premier niveau de sécurité.
- d’un jeu de piles de réserves AAA et CR2032 pour mes éclairages arrières.
Eclairage
Par définition, l’éclairage assure deux fonctions importantes : voir et être vu ! Aussi, pour ma sécurité, j’ai de facto écarté tous les dispositifs de feux arrières alimentés par une batterie interne et un port USB, car de mon point de vue, il est complexe de les réalimenter sur une épreuve comme la RAF. Je leur ai préféré les éclairages alimentés par des piles AAA ou CR2032 plus simples à réalimenter.
Toujours pour des raisons de sécurité, j’ai doublé l’éclairage arrière et triplé l’éclairage avant. Ainsi pour l’éclairage arrière, je disposais d’un feu Lezyne Femto Drive (rouge clignotant) avec une autonomie d’environ 85 heures, complété d’un feu BBB Highlaser (fixe) la nuit avec une autonomie sensiblement identique.
Pour l’avant, je disposais d’un feu Lezyne Femto Drive (clignotant blanc) dès que la luminosité baissait, d’une lampe K Lamp EXR1100 nomade pour la nuit avec trois puissances 100%, 75% et 25 % des 1100 lumens. Comme pour les tests, tous mes besoins sur l’épreuve ont été satisfaits par la puissance à 25 % y compris en descente. Cette lampe présente plusieurs avantages : l’efficacité de son faisceau, son poids très contenu de 134 gr, son prix également très contenu et sa fabrication française. Une lampe frontale est venue compléter le dispositif en cas de panne de ma lampe principale. Cette dernière étant enroulée à demeure sur mes prolongateurs pour être mise en œuvre rapidement en cas de besoin. Je n’ai pas eu besoin de l’utiliser.
En terme d’autonomie, entre Mandelieu-la-Napoule et Saint-Jean-en-Royans, je n’ai pas vidé ma batterie de 5700 mAh. Entre Saint-Jean-en-Royans et Doussard, j’ai consommé seulement 25 % de mon Powerbank Anker PowerCore 26800 mAh.
Mon Electronique
Côté compteur, je disposais d’un Garmin Edge 830 qui a parfaitement joué son rôle. Le parcours de 1100 kilomètres était découpé en quatre tronçons correspondants aux bases de vie : Mandelieu/Bed-and-Bike, Bed-and-Bike/Saint-Jean-en-Royans, Saint-Jean-en-Royans/Sollières et Sollières/Doussard.
Comme j’en ai pris l’habitude depuis maintenant quelques années, j’ai essentiellement roulé aux sensations sans me soucier des constantes vitesse, fréquence cardiaque, cadence, puissance. Je pars en effet du principe que si je suis bien sur le vélo, les constantes sont bonnes. Je me concentre donc sur mon geste technique (pédaler rond), sur ma décontraction sur le vélo de la partie haute du corps et sur la recherche de la sensation de « Flow » où l’on se sens capable de rouler indéfiniment sans se fatiguer. Aussi, j’utilise mon compteur uniquement pour afficher la trace du parcours et pour assurer le guidage. Ce qui économise la batterie du GPS, car chaque changement de page sollicite beaucoup plus le micro processeur et donc in-fine la batterie Toutefois, j’ai affiché par moments les pourcentages de pentes dans le Ventoux, l’Alpe d’Huez, le final de l’Iseran et de la Colombière.
Je me suis attaché à recenser l’ensemble des vélocistes, des boulangeries, des points d’eau et des épiceries situés sur le parcours. Chaque commerce ou point d’eau était intégré dans mon GPS sous la forme d’un point GPS géolocalisé. Je disposais ainsi d’alerte lorsque j’arrivais à leur hauteur sur le parcours. Je pouvais également connaitre à tout moment la distance me séparant de ces commerces depuis ma position sur le parcours et réagir en cas de besoin.
Au niveau de l’autonomie du compteur, j’ai été amené à recharger l’appareil une fois par jour. En roulant sur le tronçon 1, sur la tour de branchement mis à notre disposition par l’organisation à Saint-Jean-en-Royans et dans mes chambres à l’hôtel pour la suite du parcours. Aussi, je n’ai jamais connu de souci d’alimentation et de charge du compteur.
Sur une épreuve soumise à délais pour franchir la ligne d’arrivée, il est essentiel de pouvoir disposer à tout moment du temps écoulé, pauses comprises, depuis le départ afin d’ajuster sa propre stratégie. Aussi, j’ai fait le choix d’enregistrer mes données GPS une fois passé la ligne d’arrivée à Doussard. Cette organisation nécessite au préalable de libérer de l’espace de stockage pour l’affichage du parcours et des points de parcours, et la mise en mémoire, au fil de l’eau, des données liées à ma progression (distance, trace GPS, vitesse, cadence…). Aussi, j’ai au préalable effacé de la mémoire du GPS l’historique d’activité ainsi que les parcours qui n’avaient pas de lien avec la RAF. Ainsi, je n’ai rencontré aucun souci d’exploitation des données cartographiques, de guidage ou d’enregistrement des données.
La configuration de mes sacoches :
Configurer mes sacoches pour une première expérience ne fut pas aisé. Il me fallait répondre à deux contraintes : centrer les poids pour l’équilibre du vélo dans les montées et les descentes, et garantir un accès aux différents équipements et matériels selon les besoins dans la journée.
Le parcours pouvait être dissocié en deux parties distinctes : la partie chaude allant de Mandelieu-la-Napoule à la base de vie de Saint-Jean-en-Royans, et la partie alpine allant de Saint-Jean-en-Royans jusqu’à l’arrivée à Doussard et qui se caractérise une plus grande fraîcheur et des cols alpins à plus de deux-mille mètres. A ce découpage sommaire, vient se greffer des données incertaines comme le risque d’orage annoncé par Météo France pour le dimanche soir.
Aussi, répartir les équipements entre les sacoches et le « drop bag » m’a offert de longs moments de réflexion et de doute. Faire un choix entre la peur de manquer et la charge roulante, le tout avec des conditions météorologiques incertaines jusqu’à Saint-Jean-en-Royans est tout sauf élémentaire. Jusqu’au vendredi matin, alors que je devais déposer mon « drop Bag » auprès de l’organisation, je doutais encore !
Voici donc ma configuration sacoche par sacoche :
Sacoche de selle Adipura (Le Racing Saddle Pack) de 7 litres pour un poids pesé de 210 gr.
Le poids totale de ma sacoche s’établissait à 1,854 kg.
Sacoche de cadre Adipura (Racing Frame Pack) de 4 litres pour un poids pesé de 205 gr :
Petite poche latérale côté gauche « Réserve électrique et charge électronique embarquée » :
Le poids total de ma poche latérale de ma sacoche de cadre s’établissait à 409 gr.
Grand compartiment sacoche de cadre :
Le poids total du grand compartiment de ma sacoche de cadre s’établissait à 977 gr.
Le poids total de ma sacoche de cadre s’établissait à 1,591 kg
Sacoche de tube supérieur (Racing Top Tube) – 105 gr
Le poids total de ma sacoche de tube supérieur s’établissait à 702 gr
Poste de pilotage
Food Pouch – 85 gr m’a servi à stocker mes barres énergétiques de secours – 240 gr et les aliments acheté sur la route.
Le poids total de mon vélo avec les deux bidons chargés et mes sacoches chargé s’établissait à 14,363 kg
Mes tenues
On ne peut pas s’élancer sur une épreuve comme la Race Across France sans un bon cuissard. Pour cette épreuve, j’étais équipé de deux cuissards Gran Titan de la marque Ozio. Je les avais testés sur plusieurs sorties longues. Le bilan est très favorable. Je n’ai connu aucune irritation sur les appuis fessiers, ni aucune plaie. J’ai juste subi un tassement des chaires. Mais quel que soit le cuissard et la selle, après plusieurs jours de courses ses douleurs apparaîtrons. Elles sont liées à la durée des épreuves d’ultra endurance et non aux matériels.
Sur des courses de plusieurs jours en autonomie, il est particulièrement difficile de changer quotidiennement de cuissard. Sur la Race Across France, je me suis changé totalement à mi-parcours à Saint-Jean-en-Royans lorsque je disposais de mon « drop bag ». Pour éviter les soucis liés au manque d’hygiène en situation de fortes chaleurs, je me suis attaché à procéder à une toilette quotidienne au moyen de lingettes humides. Cette organisation m’a permis d’éviter les soucis d’irritation et d’abcès qui peuvent facilement survenir dans de telles conditions.
Côté chaussures, j’ai utilisé, mais chaussure Sidi Ergo 5 large dotées de semelles orthopédiques confectionnées par un podologue du sport. Je n’ai connu aucune douleur liée au gonflement des pieds exposés à la chaleur ou aux appuis semelle/pédale pendant de longues heures.
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