Dunkerque – Perpignan : ma deuxième diagonale

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Relier la Mer du Nord à la Mer Méditerranée à vélo en longeant le méridien de Paris sur près de 1150 kilomètres, c’est le beau tracé que propose la Diagonale Dunkerque – Perpignan ! C’est en quelque sorte un voyage, astronomique, géographique et sportif qui consiste à relier le sommet le plus au Nord de la France à l’un de ses sommets les plus au sud. C’est aussi, pour moi, une belle opportunité de poser pour la première fois les roues de mon vélo dans le Massif Central, de découvrir autrement le Larzac, l’Aubrac, Les Cévennes. Cette deuxième diagonale se promettait d’être un beau défi sportif, une belle découverte de notre beau pays, une belle aventure ! Mais les aventures sont pavées d’imprévus, c’est ce qui fait qu’elles sont belles !

Contrairement, à d’autres régions de France, la région Hauts-de-France a fait le choix de ne pas permettre la réservation des emplacements vélo sur ses lignes TER. Aussi, le principe du premier arrivé, premiers servi s’applique sur ses lignes. Rejoindre Dunkerque depuis la gare du Nord doit se faire en trois étapes : Gare du Nord/Amiens, Amiens/Lille Flandre et enfin Lille Flandre/Dunkerque. Il faut jouer de chance pour avoir une place pour son vélo dans chacun des trains.

Après avoir rejoint la Gare de Paris Lyon en train, je rejoins la gare du Nord à vélo. En ce mois d’août et après la période des Jeux olympiques de Paris 2024, la circulation automobile est apaisée. Je profite et savoure cette visite de Paris !

Par chance, j’arrive assez tôt sur la Gare du Nord pour pouvoir prendre le train pour Amiens de 11 h 31. Le train est déjà à quai. J’appréhende un peu, car il y a déjà des vélos sur le quai. Mais contrairement aux informations glanées à droite et à gauche, y compris sur le site de la SNCF, il y a suffisamment de places de vélo pour tout le monde. Il en sera de même, sur les étapes suivantes. Aussi, le voyage en train s’avère reposant et tranquille.


Le timing un peu serré ne me laissera guère le temps de profiter de Dunkerque. Arrivé à presque 18 h 00 en garde de Dunkerque, je dois rejoindre l’Airbnb du soir, faire quelques emplettes pour le dîner, puis veiller à me coucher tôt pour un levé à 2 h 45 et un départ à 3 h 45 pour le Commissariat de Police de Dunkerque le lendemain matin.

Mon vagabondage dans Dunkerque se limitera donc à mon trajet depuis la gare jusqu’à l’Airbnb du soir via le port de plaisance. Exit ses plages de la célèbre opération Dynamo. Je ne verrais pas plus le beffroi de Saint-Éloi. Je pourrais malgré tout apercevoir le beffroi de la Mairie, le Musée Maritime, la tour du Leughenaer. Il est un peu dommage de passer si vite dans les villes de départ et d’arrivée. À l’avenir, je partirai peut-être une journée plutôt pour profiter un peu plus des villes de départ.


Cette première étape est assez simple, il s’agit de descendre presque tout droit vers la région parisienne en évitant le plus possible les grandes agglomérations d’Arras, d’Amiens, de Compiègne ainsi que la petite couronne parisienne qui me ralentiraient.

Quant au profil, c’est assez simple dès le Mont Cassel, le profil est plutôt en toboggans ! L’altitude ne sera guère élevée, mais je serai souvent en prise avec de courtes montées usantes. Et il me faudra attendre d’atteindre le Nord de la Seine-et-Marne pour retrouver un profil moins accidenté et plutôt descendant.

Côté météo, le programme n’est pas très réjouissant. Une dépression centrée la veille sur les îles britanniques devrait se décaler vers l’Est de la France en balayant le Nord tout au long de cette journée. Le vent de Sud-sud-est sera contraire sur la presque totalité du parcours.

4 h 20 : je quitte le commissariat de Police de Dunkerque après y avoir fait valider ma carte de route. Comme d’habitude, l’accueil fut sympathique. La température extérieure est assez douce avec 18 °C. Une petite brise souffle comme prévu. La ville est encore endormie, lorsque je m’élance.


Rapidement, je rejoins les berges du Canal de Bergues et ne les quitte plus jusqu’à Bergues. Je n’ai pas encore atteint cette bourgade lorsque les premières gouttes de la journée viennent me saisir. Il s’agit plutôt d’averses intermittentes, qui m’obligent malgré tout à m’équiper en conséquence, car le vent contraire a vite fait de me rafraîchir.

La circulation sur la D 916 est plutôt inexistante. Cela n’empêche pas une patrouille de gendarmerie de veiller au respect d’un feu rouge caché dans la pénombre à l’entrée d’un centre de lavage auto. Par chance, j’ai l’habitude de m’arrêter aux feux tricolores. Dans le cas contraire, je me serais fait prendre le pied sur la pédale !

J’atteins assez rapidement la ville de Cassel. Première difficulté du jour ! Le Mont Cassel est bien connu des cyclistes. La ville a même accueilli les championnats de France de cyclisme 2023. Lorsque je me présente au pied du Mont, il fait encore nuit. Seule la pleine lune éclaire la campagne environnante. L’ascension du mont Cassel ne m’est pas inconnue. Je l’avais gravi lors de la Race Across France 2023, mais d’Ouest en Est en arrivant la D 11 la route était en partie goudronnée. Là, je la gravis dans le sens Nord-sud en arrivant par la D 218. Le revêtement est constitué majoritairement de petits pavés. S’ils sont bien joints, ils me secouent quand même. Tout semble bouger dans les sacoches, le vélo vibre, la progression saccadée est moins aisée. Une benne à ordure m’accompagne dans la montée. Les éboueurs me saluent. Ils me facilitent le passage à chaque arrêt de la benne qui m’accompagnera jusqu’au sommet. La descente elle aussi pavée n’est guère plaisante. Le pavé est légèrement humide de la dernière averse. Je descends donc prudemment en évitant la chute. Passé la porte d’Aire, je retrouve une seconde benne à ordure, plus petite et qui se faufile dans les rues étroites. Je quitte enfin Cassel et retrouve une route plus lisse et tranquille.

Aire-sur-la-Lys marque mon entrée dans le département du Pas-de-Calais. Je laisse Lillers et Béthune sur ma droite et poursuis ma route en direction de Perne et Saint-Pol-sur-Ternoise. Lorsque j’ai travaillé sur mon projet de trace, je pensais que je pourrais apercevoir les terrils de Marles-les-Mines et Bussières, mais dans la nuit, ils sont restés imperceptibles.

Petit à petit, le ciel s’éclaircit. Le soleil à bien du mal à percer la couche nuageuse. Si la pluie a cessé, le vent contraire est bien présent. Il le sera toute la journée, je dois donc faire avec !


À Lucheux, j’entre dans le département de la Somme, un département mal plat que j’ai déjà traversé en 2022 et en 2023 !

Peu après dix heures, j’arrive à Beauquesne où je dois faire tamponner mon carnet de route. Arrêt rapide au magasin Proxy marché du village. L’ambiance y est vivante et sympathique. Quelques emplettes et un coup de tampon plus tard me voici sur un banc face à la boutique pour une collation. Après cent-vingt kilomètres parcourus, la faim commençait à se faire sentir.

En quittant Beauquesne, ma route plutôt Sud jusqu’à maintenant, oblique vers le Sud-est pour éviter Amiens.

Nouvel arrêt vingt-quatre kilomètres plus loin sur la commune de Corbie. Je ne pouvais rester insensible à la vue de l’Abbatiale Saint-Pierre de Corbie ainsi qu’à l’architecture de sa mairie. S’élancer sur une diagonale ce n’est pas seulement rouler la tête dans le guidon. Il faut aussi savoir profiter de ces rencontres avec l’architecture des villages traversés. Il faut savoir lever la tête, mettre pied à terre quelques instants pour graver au plus profond de sa mémoire ces images d’histoire et de culture. Ma route dans la Somme progresse d’ailleurs entre une myriade de cimetières militaires du Commonwealth. La bataille de la Somme fut l’une des batailles les plus sanglantes du conflit de 1914/1918. Et chaque mémorial pousse au recueillement. Même les lieux-dits portent ici encore les noms de cette bataille.


À Le Ployron, j’entre dans le département de l’Oise et suis accueilli par la pluie qui reprend peu à peu. D’abord sous forme d’averse. Mais au loin, le ciel s’obscurcit assez fortement et ne laisse rien présager de bon. Je revêts ma veste de pluie légère. Mais rapidement, la pluie se transforme en déluge. Progressivement certaines flaques d’eau atteignent par endroit le milieu de la route m’obligeant à rouler sur la bande médiane. J’abandonne ma veste de pluie légère au profit de ma veste Gore tex. La pluie qui tombe rend mon GPS fou. Les pages défilent sans que je n’agisse sur l’écran et revenir sur la page de guidage m’impose de m’arrêter sous un abri pour essuyer le GPS et le remettre sur la bonne page avant de verrouiller l’écran.

J’atteins Pont-Sainte-Maxence peu après 16 h 30. Le débit de la pluie se calme un peu. Je dispose d’un répit pour la photo d’entrée de ville. Le temps de faire tamponner mon carnet de route dans une boulangerie, la pluie reprend de plus belle. Me voilà reparti en direction de la Seine-et-Marne. La montée après Pont-Sainte-Maxence se déroule plutôt bien. Les voitures s’écartent et malgré la forte pluie, je me sens plus serein pour gravir la côte.

J’atteins assez vite Fontaine-Chaalis. Je profite d’une accalmie pour m’arrêter devant l’Abbaye Royale de Chaalis.


Je repars assez vite, la pluie me saisit de nouveau peu après Othis. J’entre en Seine-et-Marne !

Dès Nantouillet, mon GPS commence à montrer des signes de dysfonctionnement. Il commence par ralentir. M’affiche les changements de direction bien après les carrefours. À Saint-Mesmes, je dois même m’arrêter pour essayer de lancer mon très ancien Garmin 820 pour suppléer mon compteur principal qui plante totalement à Claye-Souilly. Nouvel arrêt. Le GPS m’affiche des pages de données techniques puis des rectangles de couleurs. Je décide de le relancer. Il repart ! Par chance, je récupère même les données stockées depuis le départ de Dunkerque. Le temps tourne, je sais maintenant que cette fin de première journée va être longue.

Je laisse derrière moi Annet-sur-Marne, Thorigny-sur-Marne, Lagny-sur-Marne, Guermantes et Bussy-Saint-Georges. Je roule maintenant sur la D 471. L’humidité est remontée par capillarité du cuissard vers le maillot. Seule la veste de Gore Tex me protège de la fraîcheur de la nuit qui tombe. J’appuie un peu plus fort sur les pédales pour maintenir un peu de chaleur humaine sous ma veste. À chaque arrêt, la fraîcheur m’envahit.

Voisenont, Maincy, Vaux-le-Penil défilent… J’arrive enfin à Livry-sur-Seine mon pont de chute du soir.

Je termine cette première étape avec 323 kilomètres parcourus, deux-mille quatre-centre quatre-vingt-treize mètres de dénivelé positifs franchis. Je suis trempé et fatigué par cette pluie et ce vent contraire.

« Avancer c’est vivre ! « 

Cette deuxième étape Livry-sur-Seine – Gerzat est la plus longue de ma diagonale. Aussi, il me paraissait inutile d’aller chercher Sancerre et ses coteaux. Compte tenu de la distance, j’ai opté pour les bords de Loire et d’Allier, en empruntant notamment l’Eurovélo 3 « La Scandibérique ».

Côté dénivelé mon choix de parcours fait que le profil du jour est plutôt en faux plat montant au moins jusqu’après Moulin.


Initialement, j’avais prévu de repartir vers 3 h 00 du matin. Avec mon arrivée tardive la veille, cela m’aurait offert moins de 2 h 00 de sommeil. Or, la pluie et le vent contraire ont marqué mon organisme. Je devais récupérer, pour mieux rouler ensuite. Il est donc 6 h 00 lorsque je quitte Livry-sur-Seine.

Il fait encore nuit lorsque je donne mes premiers coups de pédales. La température est douce. La route est sèche. La pleine lune irradie le ciel. Mes jambes répondent bien. Seul mon dérailleur arrière semble donner quelques signes de faiblesse. En effet, redescendre des pignons semble plus incertain. Je dois insister sur la manette de droite en donnant plusieurs impulsions pour que le dérailleur se mette en marche. Alors qu’au contraire, monter les pignons au moyen de la manette de gauche ne me pose aucun souci et régit à la moindre impulsion. Ce n’est donc pas la batterie du dérailleur arrière. Ce qui m’incite à penser que la fautive est la pile bouton de la manette de droite. Comme j’ai changé l’ensemble des piles par des neuves avant de partir sur la diagonale, je pense alors que la pile de droite était peut-être défectueuse. J’attend donc le lever du jour pour éventuellement changer à nouveau la pile sans perdre les petites vis qui maintiennent le capot d’étanchéité. Je poursuis donc ma route en prévoyant de procéder à ce changement dès que l’occasion se présentera.

J’atteins assez rapidement Avon, Bourron-Marlotte puis Nemours. Je suis ici chez moi, sur mes routes d’entraînement. Je n’ai presque pas besoin de mon GPS qui semble re fonctionner correctement.

Passé Château-Landon, j’entre dans le Loiret sur la commune de Préfontaines et atteins assez vite Montargis, où j’empreinte la première grosse partie de la Scandibérique. Quel plaisir de rouler au calme en bord du Canal de Briare. Ma progression y est bercée par le chant des oiseaux qui s’éveillent avec le lever du jour. La surface de l’eau est paisible. J’aurais pu emprunter la Scandibérique dès Montcourt-Fromonville. Cependant, pour l’avoir emprunté à deux reprise au moins, certaines portions le long su Canal du Loing sont relativement accidentées avec quelques nids de poules et zones gravillonnées qui dans le crépuscule peuvent être piégeuses. Je quitte la Scandibérique à Saint-Firmin-des-Vignes. Mon dérailleur semble fonctionner à nouveau normalement !


Le soleil est bien présent et commence à réchauffer l’atmosphère. Le vent d’ouest-Sud-ouest est assez faible et ne me gêne pas plus que cela dans ma progression. À Rogny-les-Sept-Écluses, quelques touristes se promènent le long du Canal, tandis que la buvette restaurant, sur ma droite, accueil ses premiers clients. Je passe très brièvement dans le département de l’Yonne. Le temps d’une courte montée, me voilà de nouveau dans le Loiret.

À 11 h 30, j’atteins Ouzouer-sur-Trézée premier point de contrôle de la journée. Le village est tranquille. La boulangerie que j’avais identifiée pour le pointage de mon carnet de route est fermée. Par chance, l’épicerie « Tréz’Epicerie » est ouverte. L’accueil y est sympathique et j’ai le plaisir d’y trouver du « fait maison » pour me ravitailler. Je m’installe sur une table de pique-nique presque en face de l’épicerie pour ma pause-déjeuner et échange quelques SMS avec Patrice Dhumes, un « Sariste » du Puy-de-Dôme qui se propose de rouler avec moi entre Biozat et Gerzat. Malheureusement, le retard pris sur l’horaire de départ me ferait arriver trop tard sur Biozat. Aussi, Patrice renonce à venir à a rencontre et me souhaite bonne route.


Je repars, peu après 12 h 00, le ventre et les bidons pleins, prés à affronter la chaleur qui commence à monter. Malheureusement, un peu après Faverelles et alors que j’arrive dans la Nièvre, mon compteur décide de jeter l’éponge ou plutôt refuse de se recharger ! Je perds de nouveau du temps à essayer de résoudre le souci ! Je change de câble ! Je contrôle ma Power Bank, les connexions, rien n’y fait. Mon GPS Garmin refuse la charge.

Je décide de nouveau de sortir mon vieux 820 de sa retraite. Je charge le parcours, le lance. Le guidage ne se lance pas ! Le temps tourne à mon désavantage. Il est 13 h 45 et j’ai encore plus de deux-cent-vingt kilomètres à parcourir. Je décide de repartir en surveillant en permanence la trace sur le compteur pour ne pas m’égarer en dehors du parcours.

À Myennes, je quitte la route pour une voie verte. Les villes de bord de Loire défilent Cosne-sur-Loire, Tracy-sur-Loire, Pouilly-sur-Loire, La Charité-sur-Loire… Le guidage sur mon compteur s’affiche enfin. Cependant l’écran qui en partie opaque m’offre une faible visibilité lorsque je suis en plein soleil. M’obligeant à être beaucoup plus vigilant. Je dois faire avec ! Je suis déjà heureux d’avoir prévu un compteur de rechange au cas où, sans lui, j’aurais bien du mal à continuer mon périple !


J’essaye de prendre le plus de plaisir à longer la Loire, mais je ne peux m’empêcher de cogiter sur ce problème de compteur que je vais devoir résoudre.

Depuis Annay, je longe la limite entre les départements du Cher et de La Nièvre et joue à saute-mouton avec elle, passant tantôt dans côté, tantôt de l’autre. À 19 h 00, j’arrive à Le Veurdre. Je passe dans l’Allier et entre en région Auvergne-Rhône-Alpes. La boulangerie qui apparaissait ouverte et bien achalandée sur Internet, est fermée ! Les pains et autres pâtisseries semblent avoir abandonné depuis bien longtemps les rayons. C’est raté pour faire tamponner mon carnet de route, et c’est surtout raté pour me ravitailler. Par chance, sur les indications de quelques habitants en promenade, je trouve un robinet sur la place du champ de foire pour faire le plein de mes bidons. Et il me reste encore de la saucisse sèches, des Bretzels et bombons, en plus des barres énergétiques de secours.

Il est presque 21 h 00 lorsque j’atteins les faubourgs ouest de Moulin. J’hésite, entre me dérouter pour me ravitailler ou poursuivre ma route. Les épiceries ou snacks sont assez loin dans la ville. J’opte pour la seconde option et poursuis donc ma route vers Gerzat. Je suis un peu un chameau, et vis sur mes réserves de graisse ! Il me reste quatre-vingt-dix kilomètres à parcourir, dont une bonne partie sur l’ancienne RN9 déclassée en départementale. Je m’équipe pour la nuit, allume l’ensemble de mes feux et m’élance bien calé sur les prolongateurs.

Les premières dizaines de kilomètres sont assez plates avec quelques petits toboggans. J’avance bien. Cependant, à la sortie de Monétay-sur-Allier, lors d’une montée, mes dérailleurs arrière et avant décident de me jouer un vilain tour. Je suis dans l’impossibilité de passer sur le petit plateau ou de descendre les pignons. « J’ai décidément la poisse sur cette diagonale ! » Nouvel arrêt ! J’explore toutes les possibilités en essayant de garder les idées claires. L’impulsion sur le petit bouton sur chacun des dérailleurs les met bien en fonction, ils sont donc opérationnels. Une impulsion sur la manette de gauche fait bien monter les pignons. Par contre, toute impulsion sur la manette de droite reste vaine. Je contrôle alors la présence du voyant sur la manette de droite. Celui-ci reste éteint, les impulsions ou les appuis prolongés sur le bouton d’appairage n’y font rien. J’écarte une panne de la pile, puisque que je l’ai remplacée de nouveau lors de mon arrêt à Ouzouer-sur-Trézée ce midi par une neuve.

Un petit bouton me permet de pouvoir suppléer les manettes sur chacun des dérailleurs. Cependant, il faut s’arrêter, régler le dérailleur considéré et repartir. Je me refuse d’abandonner ce soir et décide de rejoindre Gerzat du mieux que je pourrais en jouant du dérailleur au moyen de ces boutons. Cela va être fastidieux, mais c’est la seule façon d’avancer.

Peu après la Racherie, un halo de lumières apparaît dans la nuit noire. Je trouve alors une des dernières stations-services ouverte la nuit sur la RD 2009. Lorsque j’apparais en pleine nuit à la porte de sa boutique, je lis immédiatement la surprise sur le visage du vendeur ! J’ai l’impression d’être un extraterrestre ! Nous échangeons quelques mots et j’en profite pour me ravitailler, car il me reste encore soixante kilomètres à parcourir. Je repars dans la nuit, non sans les encouragements du « pompiste » !

Je traverse rapidement Saint-Pourçain-sur-Sioule et continu ma route en direction de Gerzat. Beaucoup de poids lourds tournent sur la D 46, alors que je poursuis en direction de Riom sur la D 2009. Le trafic des poids lourds se fait beaucoup moins dense. Je quitte la D 2009, treize kilomètres plus loin et m’engage sur de petites départementales. La fatigue venant, j’essaye parfois de moulinet plutôt que de m’arrêter pour actionner le dérailleur. J’ai l’impression de ne pas avancer. Les villages endormis s’enchaînent. Quelques chiens aboient à mon passage. Cette fin d’étape est longue et me paraît interminable. Au détour d’un village, le halo de lumière de l’agglomération Clermontoise apparaît au loin. J’approche du but !

J’atteins enfin Gerzat à 2 h 00 du matin. Vu l’heure, je ne veux prendre aucune décision et décide de me coucher en programmant un lever à 6 h 15. On dit souvent que la nuit porte conseil et je pourrais faire le point demain matin, les idées claires, en prenant mon petit-déjeuner.

« Se concentrer sur l’instant présent, s’adapter aux imprévus et se dépasser » Tony Estanguet

Cette étape est la plus courte de ma diagonale. Ce choix avait pour objectif de me permettre de récupérer après deux étapes de plus de trois-cents kilomètres.

Comme prévu, mon réveil sonne à 6 h 15 ! J’ai quinze minutes avant de pouvoir accéder à la salle de restauration, j’en profite pour changer à nouveau la pile bouton de ma poignée droite. Le dérailleur semble fonctionner à nouveau ! Je pars donc prendre mon petit-déjeuner l’esprit un peu plus tranquille. Mais cette tranquillité sera de courte durée. Alors que je quitte l’hôtel peu après 8 h 00, ma commande de dérailleur droite s’arrête de nouveau de fonctionner. Je commence à douter, mais je ne veux pas me laisser abattre. Je décide de faire appel à un ami de la Team Cyclosportissimo qui m’avait envoyé un message au sujet de ma panne de dérailleur. J’échange également avec Christophe qui habite sur la région et qui a prévu de venir rouler avec moi. Tous les deux me conseillent de me rendre au magasin Matériel-Vélo de Cournon d’Auvergne qui pourrait me dépanner en me louant son sérieux. Je m’y rends donc je n’ai rien à perdre.

Sur place, le mécano m’informe que la manette est certainement HS et qu’il faut en commander une. Alors que nous continuons d’échanger, il évoque également la possibilité que lors des divers changements de piles, j’ai pu écraser le contact de la pile. Il se propose alors de regarder. Au final, après démontage, les contacts de la pile ne sont non pas écrasés, mais oxydés, certainement suite à la pluie du premier jour. Un coup de produit pour nettoyer les contacts, une pile neuve, remontage. Le voyant s’allume enfin ! Un appairage et c’est reparti. Ma diagonale est sauvée ! Autant faire une pierre deux coups, nous passons au compteur ! Après contrôle et test, il est effectivement HS. Je décide alors d’en acheter un nouveau afin de pouvoir poursuivre sereinement mon périple. Mon 820 de dépannage est très vieux et le guidage est difficile. Je préfère mettre toutes les chances de mon côté, d’autant que j’arrive en « Terra incognita » n’ayant jamais posé mes roues de vélo en Auvergne, en Aveyron et dans les Cévennes !

Il est 10 h 00 lorsque le repars. Je n’ai pas encore débuté cette troisième étape que j’accuse déjà un retard de 4 h 00 sur ma feuille de route. Et une fois de plus, je sais qu’il sera impossible de le rattraper. Par politesse, j’appelle donc mon hôte du soir pour l’informer de la situation. Mon point de chute étant un Airbnb avec une arrivée autonome, la propriétaire m’envoie par SMS le code d’accès. Je repars serein en sachant que je pourrais arriver à toute heure.

Je m’élance donc et échange quelques appels avec Christophe, alias « Christophe Tri », pour que nous puissions nous retrouver sur la route. La jonction faite, nous roulons de concert jusqu’à Issoire où je décide de faire une pause-déjeuner. Christophe va m’accompagner jusqu’à Massiac au pied du col de la Fageolle.

Nous repartons pour la vallée de l’Alagnon. Les communes défilent Saint-Germain-Lembron, Moriat, et enfin Lempdes-sur-Allagnon où je quitte Le Puy-de-Dôme pour la Haute-Loire. Je découvre alors cette belle vallée de l’Alagnon, dont j’ai si souvent entendu parler. Non seulement les paysages y sont magnifiques et paisibles, mais en plus la proximité avec la rivière apporte une touche de fraîcheur appréciable alors que la température ne fait que de monter en ce début d’après-midi. Avec la fin de mes soucis techniques, je profite un peu mieux du parcours et de la beauté des lieux. Un grand merci à Christophe qui m’a servi de guide.


Arrivée à Massiac, je décide de réaliser une dernière pause rafraîchissement et faire également le plein des bidons et entamer sereinement l’ascension de la Fageolle. C’est aussi, le moyen de nous séparer avec Christophe sur une note sympathique autour d’un diabolo menthe.

Le Col de la Fageolle n’est pas un col difficile. Il est certes long avec ses vingt kilomètres de montée, mais sa pente moyenne à trois pour cent et un maximum à huit pour cent en font un col accessible, même en mode bikepacking. D’autant que la pente offre de belles portions où l’on peut récupérer. Seule la chaleur du jour constitue un élément perturbateur. Par chance dans la montée, je croise peu de voitures, j’ai donc tout le loisir de me concentrer pleinement sur les paysages en essayant d’oublier la chaleur.

La Margeride est magnifique, je l’ai souvent traversée rapidement en voiture via l’A 75 en direction du Languedoc. Je me suis parfois arrêté à l’occasion d’une étape en gîte, mais comme indiqué plus ci-dessus, je ne l’ai jamais parcouru à vélo. Cette diagonale m’a m’offrir quelques premières expériences bien agréables. J’atteins Vieillespesse et arrive au sommet. Après la traditionnelle photo, je bascule dans une longue descente en direction de Coren, Saint-Flour puis de Saint-Georges où je dois faire tamponner mon carnet de route.

Initialement, j’avais prévu de m’arrêter à l’aire de service de l’A 75 où je savais pouvoir manger. Cependant, je dois aussi anticiper le dîner et le petit-déjeuner du lendemain matin. Je change alors objectif et m’arrête au magasin Leclerc. J’avais convenu avec mon hôte de l’informer de la progression, je décide alors de lui envoyer un SMS. En réponse, elle m’informe qu’elle m’a préparé un dîner que je trouverais en arrivant. Décidément, cette journée valait d’être vécue ! Je le remercie chaleureusement.


En quittant Saint-Georges, je me dirige vers le Viaduc de Garabit par le D 909. C’est la Tuyère que je découvre en premier dans une courte descente vers les fonds de vallée. Puis le Viaduc apparaît au loin au détour d’un lacet gauche. Il enjambe majestueusement la rivière. De loin, sa construction paraît frêle, mais ses cent-quarante années d’existence prouvent qu’il est robuste et construit pour durer. Je prends quelques minutes pour contempler sa remarquable ingénierie et le calme de la Truyère en cette fin d’après-midi.


Je repars pour une belle montée en direction de la Lozère et de Saint-Chély-d’Apcher. La route zigzague sous le viaduc. Après quelques minutes d’effort, j’atteins l’hôtel restaurant « Beau Site ». Les effluves de cuisine me font envie, mais je dois continuer. Je franchis les dernières arches en maçonnerie et laisse derrière moi la Cité du Viaduc.

Je me reconcentre sur la suite du parcours. La route monte jusqu’à Albaret-Sainte-Marie où j’atteins les mille mètres d’altitude. J’entre alors dans le département de la Lozère. À hauteur de l’aire de service de l’autoroute A 75, les odeurs de grillades et de frites viennent encore une fois me chatouiller les narines. Quel supplice lorsque que l’envie d’un bon repas nous taraude. Je fais maintenant face à une belle série de toboggans donc l’altitude oscille autour de mille mètres.

Il est 20 h 25 lorsque je traverse Saint-Chély-d’Apcher. Je profite d’un distributeur automatique de boissons et pizza pour un petit ravitaillement et m’équipe pour la nuit qui commence à tomber. Je repars assez vite dans une montée régulière qui m’amène sur l’Aubrac. À Peyres-en-Aubrac, je suis encouragé par un groupe d’habitants qui semblent se retrouver autour d’un banc pour une veillée de fraîcheur.

21 h 49, j’atteins enfin le col des Issartets qui marque le début de la descente vers Marvejols et la Canourge. La traversée de Marvejols est sublime. La ville est désertée des touristes, ses portes sont mises en valeur par un bel éclairage. Les pavés de la vieille ville me secouent un peu m’obligeant de ralentir ce qui me permet de contempler les façades des bâtiments.


Après une dernière photo, je repars pour une longue descente vers La Canourgue et Banassac. Je profite de l’absence de circulation et me relâche totalement dans la descente en soignant mes trajectoires. J’y prends un grand plaisir. À Moriès, je rejoins les Gorges du Lot, la pente casse un peu. 23 h 13, j’arrive enfin sur mon Airbnb de Banassac ! Avec la fatigue, j’ai omis de réaliser la photo sous le panneau de la commune. Je devrais donc la réaliser demain matin sans faute.

Arriver dans l’Airbnb, et comme me l’avait annoncé mon hôte un plat de pâtes et des aiguillettes de canard m’attendais avec un gâteau aux cerises pour le dessert. Malgré l’heure tardive, je me suis attaché à faire honneur à ces victuailles. Je ne pourrais malheureusement pas remercier mon hôte de vive voix, mais uniquement par SMS.

« L’écurie !« 

Dernière étape de ma diagonale. Généralement, avec l’enthousiasme de l’écurie qui approche les jambes se remettent à tourner et le mental remonte au beau fixe. Je vais quitter l’Aubrac pour les Grands Causses pour ensuite descendre vers Perpignan via la plaine littorale. Les paysages devraient être changeants tout au long de cette dernière étape.

Côte profil, il y aura le Causse de Sauveterre, le Causse du Massegros, suivi d’une descente sur Millau pour remonter sur le plateau du Larzac, que je traverserais avant la descente sur la plaine littorale.


Il fallait que je récupère et que j’arrête de courir après le temps. Dormir, c’est aussi rouler plus vite ensuite. Aussi, j’ai fait le choix de me lever à 6 h 00 pour un départ à 8 h 00 le temps de petit-déjeuner, de recharger le vélo, de faire la vaisselle pour rendre le logis propre.

Il est 8 h 14 lorsque je quitte Banassac. Les jambes sont lourdes et les muscles durs. Retrouver ma place sur la selle devient également difficile. Rien d’anormal après presque neuf-cents kilomètres. Par contre une douleur sur le côté extérieur du tendon d’Achille droit est perceptible. Avant de quitter définitivement Banassac, je passe par l’instant photo qui remplacera le coup de tampon sur le carnet de route.


Quelque chose m’a échappé lorsque j’ai découpé mes étapes. Pourtant, j’emprunte au moins deux fois par an l’Autoroute 75 en direction de Leucate. Banassac se trouve au pied du Causse de Sauveterre et du col de la Fagette. Et tous les automobilistes qui empruntent cette portion d’autoroute doivent passer par la fameuse montée de la Canourgue. Certains, chargés, empruntent à la voie réservée aux véhicules lents. D’autres en descente se font flasher par le radar automatique situé en bas de la descente. Ce serait le radar le plus rentable de France, car avec la pente, il est difficile d’y tenir la vitesse limitée à quatre-vingt-dix kilomètres par heure et facile de se faire surprendre par le radar !

C’est par une montée parallèle que j’entame cette dernière étape. Les muscles froids et endoloris auraient aimé un départ plus progressif ! Le col de la Fagette, c’est douze kilomètres de montée avec des passages à douze pour cent. Si le début de l’ascension emprunte la D 809 au revêtement impeccable, rapidement, je m’engage sur le chemin Del Couven. Les choses se compliquent alors, car le revêtement se dégrade sensiblement. Les gravillons se font de plus en plus nombreux, des débris de bois tapissent par moment la route. Par endroits, le revêtement routier laisse la place à des sillons d’herbe et de gravier, la bande de roulement devient plus étroite tandis que la pente s’élève. Je joue alors les funambules en montant en danseuse sur une bande qui parfois n’excède pas les trente centimètres de large parfois entrecoupé d’ornières et de débris divers. La chute est interdite !


Il est 9 h 32 lorsque j’atteins le sommet du col de la Fagette. La suite est un enchaînement de toboggans sur le Causse de Sauveterre. Les villages se font rares. Les paysages faits de pâturages sont magnifiques. Ici, la sècheresse sévit, le vert à disparu au profit des couleurs de paille et de chaume !

À Mostuéjouls, je quitte provisoirement la Lozère pour l’Aveyron. Et m’engage dans la descente en direction de Millau. La vue sur les Grands Causses est sublime avec sa mosaïque de parcelles boisées, de pâturage et de cultures de céréales dont les couleurs varient du chaume au vert foncé. La température commence à monter. À Boyne, je retrouve rapidement le flux automobile des touristes en goguette sur l’ex route nationale. Je la quitte provisoirement à La Cresse pour traverser le village. Un petit raidar vient me rappeler que je commence à avoir un souci musculaire ou tendineux le long de mon tendon d’Achille droit. La douleur se fait plus vive, les changements de rythme plus douloureux. Mouliner devient plus difficile que le travail en force. Je dois impérativement trouver une pharmacie pour acheter de quoi réaliser une contention qui soulagera le travail musculaire et tendineux dans l’effort. Je décide de modifier mon parcours et quitte la route de Millau Plage pour la D 809 qui doit me mener au centre-ville de Millau où plusieurs pharmacies sont ouvertes.



Il est pile 12 h 00 lorsque j’atteins Millau. Premier arrêt à la Boulangerie « L’épi du Rouergue » pour la pause-déjeuner. Je repars aussitôt les emplettes faites pour la pharmacie située un peu plus loin sur le rond-point. Je réalise mon strapping façon « taping » sur le bord d’un muret. Bien accrocher la bande élastoplaste sur le talon, le tout avec le pied en extension. Tendre un peu plus la bande sur la partie douloureuse en la faisant adhérer pour venir soulager le tendon dans l’effort et relâcher ensuite la tension pour créer un point d’ancrage haut. Premier essai, ça fonctionne, la douleur semble soulagée. Je profite de l’arrêt pour compléter mes bidons et avaler mon sandwich et le flan.

Il est quasiment 13 h 00 lorsque j’entame la montée vers le Larzac. Depuis Millau, il n’y a guère que trois options pour rejoindre la Cavalerie. Le Viaduc autoroutier, l’ex RN 9 et la montée Royale. À vélo, ces options se réduisent considérablement. Il faut évacuer immédiatement le viaduc. Quant à l’ex route nationale 9, cette dernière est toujours autant chargée de voitures et de camping-cars. Rapidement les grands coups de klaxon et les accélérations brutales des conducteurs mécontents nous font comprendre que nous, cyclistes, n’y sommes pas à notre place. Quand les grognements ne fusent pas à travers les vitres ouvertes. Et pourtant, je dois emprunter les premiers lacets de la D 809 pour rejoindre la montée Royale la seule option qui vaille. Et quelle option ! La Montée royale de Millau est un défi physique. Pour bien comprendre, à vélo, nous montons en trois kilomètres et demi ce que les automobilistes gravissent en sept kilomètres. Le défi est d’autant plus fort lorsque le soleil est au Zénith et que l’on est en bikepacking avec mille kilomètres dans les jambes.

Lorsque j’attaque la montée, la température est affichée à 35 °C et monte progressivement. Et si c’est un lieu prisé des cyclistes locaux qui viennent y défier ses pentes raides, pour ma part, j’ai mis pied à terre dans les portions les plus pentues. J’aurais aimé faire honneur à cette montée, mais je devais aussi me préserver et préserver mon tendon pour les deux-cents derniers kilomètres que je dois encore parcourir pour atteindre Perpignan.

Dans les premiers lacets pentus en plein soleil, je ne m’attendais pas à croiser un diagonaliste qui plus est, membre du service d’assistance routier. Je ne connaissais pas Thierry Fillon avant notre rencontre. Il a juste fallu que nous échangions quelques mots pour faire connaissance. Lui semblait survoler la pente en me doublant et moi en mode poussage. Thierry m’apprend qu’il assistait ce matin à une concentration de diagonalistes et qu’ils avaient tous déjeuné à Millau. Dommage, si j’avais su, je serais passé dire un petit bonjour ! Nous nous séparons alors qu’il me reste encore kilomètres d’ascension. La chaleur est à son comble. Mon compteur affiche 47 °C. Nous nous recroiserons quelques lacets plus hauts. Thierry redescendant sur Millau, moi recherchant l’ombre avant de remonter quelques hectomètres plus loin sur ma machine alors que la pente s’atténue.

Il me faudra seulement quelques minutes pour rejoindre la D 809 et atteindre « La Jasse – Maison du Larzac » où je ravitaille en eau tout en dégustant une agréable limonade à l’abricot produite localement. À hauteur de la Cavalerie, je quitte la D 809 pour la D 277 qui enjambe l’A75.

Je passe entre Sainte-Eulalie-de-Cernon et L’Hospitalet-du-Larzac et roule en direction de Cornu. Le Larzac est un enchaînement de petites montées guère compliquées. Un peu avant Cornu, je bifurque à gauche en direction de Lapezade, non loin du Caylar. Je sais alors que j’approche de la descente vers la plaine littorale. Un peu plus loin sur le village Les Rives, j’entre dans l’Hérault. Les dernières parties du Larzac apparaissent devant moi, au loin derrière, je distingue déjà la belle descente qui me tend les bras.

Il est un peu plus de 18 h 00 lorsque j’atteins Lunas où je dois faire tamponner mon carnet de route. Arrêt au bar, restaurant et gîte le Redondel. L’accueil y est sympathique et l’ambiance joyeuse d’un bar de petit village où beaucoup d’habitants semblent se retrouver en fin d’après-midi.


À Bédarieux, je quitte la vallée de l’Orb et bifurque légèrement vers l’Est en direction de Laurens et Saint-Geniès-de-Frontedis. Puis oblique légèrement vers L’ouest pour éviter Béziers. Je n’ai nul besoin de savoir où je me situe, les noms des villages traversés parlent d’eux-mêmes : Murviel-Lès-Béziers, Thésan-Lès-Béziers, Cazouls-Lès-Béziers.

À Capestang, je pars plein sud sur la D 16, en direction de Cuxac-d’Aude où j’arrive en terre connue. Narbonne n’est plus très loin. La circulation s’intensifie un peu à l’approche de Cuxac et de Narbonne. La traversée de Narbonne se déroule presque sans encombre, si ce ne sont deux idiots dans une Audi noire qui ne semblent pas apprécier les cyclistes. À deux reprises, après des arrêts aux feux tricolores, ils me serrent contre le trottoir en faisant mine de vouloir me couper la route, voire de me renverser. Par chance d’autres voitures sont arrêtées au troisième feu, je les double à nouveau pour me positionner sur le refuge. Le conducteur me fait un doigt d’honneur, je lui déclare, en passant, qu’il est filmé. Alors que nous avons redémarré, les autres véhicules me doublent normalement, lui reste derrière moi, puis accélère brutalement pour me doubler. Le conducteur et le passager me faisant de nouveau des doigts d’honneur en m’insultant. En réalité, je n’avais pas de caméra. Mais je pense sincèrement à m’en équiper.

La remontée sur Perpignan me semble durer une éternité. La départementale 6009 est la route plus directe. Je la quitte à Salses-le-Château et roule à travers les vignes pour rejoindre Rivesaltes puis Perpignan.

Il est 2 h 14 lorsque je me présente devant le commissariat de Perpignan. Je sonne à la sonnette de nuit. Pas de réponse. J’attends un peu. Toujours pas de réponse. Sur le côté, gauche de l’escalier se trouve l’interphone. Je sonne et attends. Je n’ai guère plus de réponse. Il est demandé en cas d’absence de réponse de composé le 17 pour signaler notre arrivée. Cependant, le 17 est un numéro d’urgence et doit être utilisé uniquement pour ce type d’appels. Aussi, je me refuse de le composer au motif de valider mon carnet de route. D’autant que le règlement accepte aussi la photo du vélo devant le commissariat comme preuve de passage.

« Les aventures sont pavées d’imprévus, c’est qui les rend belles ! « 

Cette deuxième diagonale m’aura réservée bien des surprises. J’ai toujours pensé qu’une aventure, n’est réellement une aventure que lorsqu’elle est parsemée d’imprévus qu’il nous faut être capable de résoudre sans y être forcément préparé.

Si j’ai souvent connu des situations météorologiques compliquées avec de violents orages quatre jours de suite sur la Race Across France 2022, des crevaisons à répétitions, je n’ai jamais eu à connaître la perte du compteur et des dérailleurs en une seule journée. Il faut un début à tout !

Mes deux incidents techniques auraient pu me conduire à l’abandon. Finir sans guidage ou franchir le Massif Central sans dérailleur, c’est presque mission impossible compte tenu des délais pour rejoindre l’arrivée. En l’espèce, bien connaître sa machine (je fais mes révisions moi-même.), faire preuve de ténacité (je passe pour être têtu) m’ont aidé à surmonter et attendre de meilleurs moments pour me relancer. Par chance, je n’ai pas craqué mentalement. J’y ai toujours cru ! Et avec l’aide du magasin Matériel-Vélo de Cournon d’Auvergne, j’ai pu repartir et c’est l’essentiel ! Je remercie d’ailleurs le mécanicien pour sa disponibilité et les copains qui m’ont orienté vers ce magasin plutôt que les autres du secteur.

Concernant les délais, le découpage par journée m’a grandement aidé à réussir. Le retard de plusieurs heures pris chaque jour ne se rattrape jamais sur la journée, mais seulement la nuit en réduisant le temps de sommeil, sans jamais descendre sous les trois heures.

J’ai encore appris, mais n’apprenons-nous pas tous les jours ?

Depuis mon arrivée, mon cerveau tourne à fond. Comment protéger efficacement le compteur ? Par où et comment l’humidité a-t-elle pu entrer dans le compartiment pile de la manette censée être étanche ? Et comment y remédier ? Je vais trouver des solutions je n’en doute pas !

Un grand merci à :

  • Marc, alias Marco Paulo, et Christophe, alias Christophe Tri, pour m’avoir aidé dans la recherche d’un mécanicien pour me dépanner ;
  • Au magasin Matériel-Vélo de Cournon d’Auvergne pour leur aide et assistance ;
  • A Aurore, de l’Airbnb de Banassac, le repas du soir fut revigorant après une longue journée ;
  • A Christophe, alias Christophe Tri, pour sa compagnie sur la 3ème étape ;
  • Et enfin un grand merci à Nathalie qui me laisse partir sur mes longues aventures à vélo.

A très bientôt pour de nouvelles aventures…

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