Après une bonne nuit de récupération à la chambre d’hôte les Bartavelles à Jausiers où nous avons fait la connaissance d’un sympathique couple de randonneurs originaire de Grenoble et de deux Niçoises âgées mais alertes en itinérance dans le Mercantour, il nous fallait partir tôt ce matin en direction de Puget-Théniers. Cette sixième étape nous a fait quitter les Alpes de Haute Provence pour les Alpes Maritimes. La Méditerranée se rapproche et cela est nettement sensible au niveau des températures. Nous sommes effectivement passés de 20°C à 12h dans le col de la bonnette à 41°C dans le col de la Couillole, avec une chaleur étouffante et un vent sec.
Mais revenons au début de cette étape. Je connaissais déjà la montée du col de la Bonnette de Restefond pour l’avoir déjà gravi il y a trois ans lors de notre séjour dans la Vallée de l’Ubaye. Ce col qui permet le passage vers Nice depuis la Vallée de l’Ubaye a une particularité : soit on tourne vers Nice et l’on franchit le col à une altitude de 2715 mètres, soit on continue sur la même route et on fait le tour de la cime de la Bonnette qui culmine à 2 860 mètres. En sachant que les kilomètres pour parvenir à la cime de la Bonnette ont une pente à 12% ce qui n’est pas simple après plus de 23 kilomètres d’ascension. Le parcours de la randonnée passe par le col de la Bonnette et non par la cime. Cette subtilité est importante.
Je souhaitais partir de bonne heure pour éviter la chaleur du début d’après-midi. Nous nous sommes donc élancés à 9h34 pour un parcours long de 123 kilomètres. La mise en jambe a été un peu difficile après déjà cinq jours de cyclisme intenses les jambes accusent le coup. Je suis donc parti doucement pour un bon échauffement et la vitesse de progression s’est élevée au fur et à mesure de la montée. Dès que j’ai été suffisamment chaud, j’ai repris la technique de la pancarte. Une fois de plus, cela a bien marché puisque j’ai rattrapé et doublé pas mal de groupes dans le dernier tiers de la montée. J’ai certes forcé mais j’étais content de moi, d’autant qu’après il y avait une descente de près de quarante kilomètres. J’avais donc de quoi bien récupérer et mouliner pour éliminer l’acide lactique. Mais dans les faits cela ne s’est pas passé tout à fait comme je l’avais prévu ! Car lors de la dernière prise de photos à environ 5km du sommet le coach m’annonce qu’elle m’attend en haut (étant entendu en haut du col). Cependant lorsque j’arrive au col, personne ! Pas de coach, pas de voiture en vue, personne ! Je tourne, je virevolte, personne ! J’attends, personne n’arrive ! J’essaye d’appeler pas de réseau. Je commence à avoir un pressentiment, Ne serait-elle pas montée à la cime de la Bonnette. Nous avions convenu que nous n’y passerions pas ! J’attends encore, mais personne n’arrive ! Je me décide : je monte à la Cime de la Bonnette, c’est moins difficile que la première fois où j’avais vraiment souffert de l’altitude, mais on y laisse forcément des forces. J’arrive à la Cime toujours pas de coach ! Mais où est-elle ? Je redescends par l’autre versant et que vois-je très loin à l’arrêt dans la descente vers Saint-Etienne-de-Tinée, mon coach qui m’attend mais pas en haut du col mais déjà dans la descente cachée depuis le col par les premiers lacets. Je suis ainsi monté pour rien à 2860 mètres. Il faut des anecdotes pour faire de belles histoires, en voilà une !
La descente dans la vallée de la Tinée, est splendide. Cependant, il ne faut pas se laisser aller à flâner et se déconcentrer, car il n’y a pas de parapet et le précipice est impressionnant. Comme d’habitude dans les descentes j’ouvre la route. Nous passons Saint-Etienne-de-Tinée et Auron. Nous faisons une pause restauration à Isola et repartons en direction de Saint-Sauveur-de-Tinée toujours en descente.
Dès l’entrée de Saint-Sauveur nous tournons à droite direction Roubion et surtout le Col de la Couillole puis Bieu le seul contrôle obligatoire de la journée. L’ascension du col de la Couillole est difficile. Après quarante kilomètres de descente, l’organisme n’est pas préparé à remonter subitement, en plus la pente est irrégulière et casse pattes. Et la chaleur s’est subitement abattu sur nous. Par contre les paysages sont assez jolis et la vue sur le village médiéval de Roubion perché à 1200 m est de toute beauté. Dès le début je me suis mis en condition : nous allons passer là haut dans le village ! Quand on voit la hauteur on sait que ça va être difficile. Non seulement nous y passons mais en plus l’ascension continue pour atteindre les 1678 mètres. La descente jusqu’à Bieu est convenable. Mais c’est après que le sublime apparaît. S’il devait y avoir deux raisons de faire passer la randonnée Alpine par le Col de la Couillole c’est le village de Roubion, mais surtout la descente des gorges de la Cians. Si vous ne connaissez pas, il faut y aller un jour ! Une roche rouge sur plus de vingt kilomètres. Par moment les gorges se resserrent de façon impressionnante. La descente est merveilleuse, les courbes sont belles. Bref, une descente sublime. Je pense même que pour profiter de se trésor minéral. il faut faire l’ascension vers Bieu car on a alors tout le temps de s’émerveiller du spectacle. A Touët-sur-Var nous tournons à droite direction Puget-Théniers avec les pensées encore tournées vers ce que l’on vient de voir.
Cette sixième et avant dernière étape prend fin à 17h49. Le temps de déplacement est de 6h59. J’ai parcouru 132,82 kilomètres pour plus de 3000 mètre de dénivelée positive et j’ai consommé 3386 Kcal. Demain la dernière étape nous emmènera à Antibes. Nous aurons ainsi relié le lac Léman à la Méditerranée.
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