Depuis cinq ans, j’ai pris l’habitude d’ouvrir mes saisons cyclosportives par une participation à la Jacques Gouin. Cette belle cyclosportive essonnienne arrive trop tôt dans ma saison pour que j’y sois au top de ma forme. Cependant, elle se présente à un moment clef de ma préparation, celui où je dois basculer progressivement vers des entraînements spécifiques. La Jacques Gouin est donc plutôt un test important pour jauger ma préparation hivernale. C’est d’autant plus vrai cette année 2016, que j’ai vécu un mois de février assez compliqué entre une activité professionnelle débordante, une tempête et quelques soucis de santé. A la veille du départ, je m’interroge ainsi beaucoup sur l’impact de mon sous-entraînement de ces dernières semaines.
Le parcours de la Jacques Gouin est plutôt vallonné. Tous les ans l’équipe d’Éric Ramos le fait évoluer en rajoutant une côte par ci, des kilomètres par là. Et lorsqu’il y a du vent comme cela était le cas tout au long de mes deux reconnaissances, le parcours peut devenir exténuant car très exposé aux vents. Côté météo, la semaine qui a précédé le 6 mars a dû rendre beaucoup de concurrents assez fébriles. Depuis le début de février les passages dépressionnaires s’enchaînent accompagnés de leurs cortèges de coups de vents. Dans la soirée du vendredi, la région Île de France est même placée en vigilance orange neige. De la neige, de la pluie et un vent de Nord-Est à cinquante kilomètres par heures sont annoncés pour le 6 mars sur l’Île de France. L’édition 2016 de la Jacques Gouin s’annonce difficile.
Mais en ce dimanche 6 Mars, la météo est bien meilleure que ce qui été annoncé depuis plusieurs jours. Seul un vent d’Ouest à Nord-Ouest assez fort balaie le parcours. Pour notre bonheur à tous, le soleil est là ! La température est assez douce pour la saison. Avec mon dossard 229, je me trouve dans le troisième sas de départ. Ce dernier est donné dès neuf heures depuis l’allée du parc de Villeroy à Mennecy. Comme pour chaque édition le gros du peloton s’entasse dans le goulet d’étranglement que constitue le portail en fer forgé de sortie du parc. Cet obstacle étire le peloton dans le faux plat montant. Le départ est assez rapide. Et à ma grande surprise je tiens. Sur la ligne droite qui mène à Chevannes le peloton joue à l’accordéon. Je retrouve assez vite mes automatismes. Je tiens toujours malgré de longs passages à plus de quarante-cinq kilomètres par heures.
La côte de Beauvais, située au treizième kilomètre, est la première difficulté du jour. Elle n’est pas très pentue, mais le vent de face sur le plateau ne facilite pas la récupération et le retour de retardataires. La première sélection se fait donc par l’arrière.
J’arrive à tenir un groupe d’une vingtaine d’éléments. Sur les portions de plat, certains relais sont pris à plus de trente-cinq kilomètres par heure. Ma moyenne est encore de trente-deux kilomètres par heure lorsque je me présente au pied de la côte de Moigny-sur-Ecole. Nous perdons quelques éléments. Sur le plateau, le vent redevient défavorable. Je m’accroche !
La descente sur Milly-la-Forêt nous offre un peu de répit, mais la bascule à droite en direction de Buno-Bonnevaux et Champmoteux ne nous laissera plus de répit le vent de face ou latéral ne va plus nous quitter pendant de long et très longs kilomètres et la dénivelée va se durcir. Nous rentrons dans le dur du parcours ! Notre groupe a éclaté. Nous avons perdu beaucoup d’éléments et nous nous retrouvons à trois. Un groupe se trouve devant nous à quelques centaines de mètres. A partir de Buno-Bonnevaux le vent devrait redevenir pour un temps favorable. Rien ne sert donc de perdre des forces dans une poursuite acharnée vent de face. Il nous faut être patient pour s’aider du vent dans la descente sur Buno pour essayer de rentrer. Ce sera chose faite un peu avant Boigneville.
Cependant j’aurais perdu entre-temps mes deux compères et pris la roue d’un autre petit groupe qui nous a rattrapé. Nous arrivons au pied de la côte de Prunay-sur-Essonne après une heure et cinquante-trois minutes d’effort. Généralement des attaques surviennent dans cette côte. Mais aujourd’hui, chacun essaye de rester dans le groupe bien à l’abri du vent.
La remontée sur Puiselet-le-Marais est harassante. Le vent est en permanence défavorable. Des bordures se forment. Certains suceurs de roues choisissent de ne pas collaborer en restant bien à l’abri. La vitesse descend sérieusement par moment nous roulons à moins de vingt kilomètres par heures. Devant le refus de certains de prendre les relais, à plusieurs reprises, je lève volontairement le pied. C’est vraiment navrant, mais comment faire autrement. Malheureusement ma moyenne horaire en pâti.
A Bouville, le vent redevient provisoirement favorable. Cependant la pente s’élève de nouveau dans l’une des côtes les plus longues du parcours. Je monte au train, car j’envisage déjà de m’échapper dès le sommet. Il reste encore deux sérieuses difficultés devant nous et je suis excédé par le comportement de certains. Je profite donc de la descente sur Vayres pour lâcher le groupe et roule à plus de trente-cinq kilomètres par heures pour rattraper un petit trinôme devant. C’est chose faite avant Jarcy. Boutigny-sur-Essonne se présente devant nous. Sa côte est l’avant dernière difficulté de la cyclosportive.
Nous collaborons bien, mais dès le sommet de la côte de Boutigny-sur-Essonne, Eole s’oppose à notre progression. La vitesse reste trop faible. Nous arrivons à Videlles après trois heures et vingt-trois minutes d’effort. La descente sur la D948 est une formalité. Le vent est favorable et notre vitesse oscille autour de trente-six kilomètres par heure. Ce ne sera pas suffisant pour que je puisse franchir la ligne d’arrivée en moins de quatre heures. Nous passons le saut du postillon toujours groupé et rattrapons un petit groupe. Nous roulons maintenant à une dizaine. Nous gagnons assez rapidement Champcueil. Il va falloir mettre les watts pour se sortir de la dernière difficulté du jour. Avec un maxi à 12% la côte de Champcueil se mérite. Certains mettent pied à terre. Mes entraînements dans la côte d’Aristide Briand au Mée-sur-Seine me permettent de passer au train, mais sans encombre. Le groupe s’est éclaté dans la montée. Après cette dernière difficulté, les derniers kilomètres pour Fontenay-le-Vicomte sont épuisants. Je franchi la ligne après 4 h16’55 » à mon compteur. Mon temps se transformera en 04h18’05 ». L’écart de chronométrage pourrait s’expliquer par l’embouteillage sur la ligne de départ. Je termine 417ème sur 507 finishers.
Au final, je suis assez satisfait. Je suis certes en sous entraînement mais j’ai réussi à tenir les groupes malgré la vitesse élevée. Mes séances au seuil anaérobie de décembre et janvier ont fait leurs effets. Côté ascension, mon surpoids de deux à trois kilogrammes est encore un frein pour des ascensions plus rapides. Côté blessure, mon ischio-jambier a tenu malgré mes douleurs des derniers jours.
Si l’état de santé de ma coach le permet, ma prochaine cyclosportive devrait être la Morvandelle, sinon ce sera la Bourgogne Cyclo, voir peut-être la Vélostar.
Article du site vélo 101
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