Les Corbières peuvent offrir de véritables petits bijoux pour les cyclistes passionnés de montagne. Le Mont Tauch occupe à mon sens la première place de ces montées exigeantes. Entouré de sites très touristiques que sont les châteaux d’Aguilar, de Quéribus et de Peyrepertuse, le Mont Tauch pourrait presque passer inaperçu aux yeux des cyclistes en recherche de pentes abruptes. Ne s’agissant pas d’un col, peu de sites dédiés au cyclisme le recensent comme une montée intéressante. Son sommet, visible à des kilomètres à la ronde, se remarque notamment par la tour « des géographes » établie à son sommet. Si aujourd’hui cette tour sert de relais TDF, il n’en n’a pas été toujours ainsi. Construite en 1791 par un groupe d’astronomes missionnés par l’académie des sciences, elle a servi à mesurer avec précision le méridien de Dunkerque à Barcelone d’où son nom de « tour des Géographes ».
Dans Tuchan, le point de départ de cette montée est peu signalé. On ne vient donc pas gravir le mont Tauch par hasard. Pour ma part, j’ai découvert son existence en recherchant des cyclosportives dans le Roussillon. Cela faisait près de trois ans que je m’intéressais à cette montée, car il s’agit bien d’une montée et non d’un col proprement dit. Son ascension constituait le final d’une cyclosportive appelée « L’enfer du Mont Tauch » qui a été organisée entre 2002 à 2010 par le Vélo Sprint Narbonnais. Son intérêt repose essentiellement sur son profil particulièrement exigeant.
Sa montée, d’un peu plus de huit kilomètres, peut-être découpée en deux parties. Une première partie allant jusqu’au carrefour avec le chemin menant à la Chapelle de Faste. Sur cette première partie de l’ascension, la pente très irrégulière oscille entre trois et douze pour cent. Au quatrième kilomètre dès le virage à gauche on entre dans la deuxième et dernière partie de l’ascension.
La pente s’élève alors sévèrement. On passe de 11 à plus de 15 %, pour atteindre très rapidement un passage à plus de 18%. Ensuite la pente oscille entre 9 et 13 %. La chute de la vitesse d’ascension est presque proportionnelle à la montée de la fréquence cardiaque. Pour complexifier l’effort, la route ne rend pas, mais vraiment pas ! Le revêtement est particulièrement dégradé, des gravillons et pierres obligent à la concentration. Et pour corser l’exercice, c’est dans les portions les plus pentus que la quantité de pierres au centre de la route est la plus importante. Il devient alors impossible de zigzaguer pour atténuer la pente. A chaque coup de pédale, alors que la roue avant ne demande qu’à se lever, il faut éviter le bas-côté et les pierres. Lors de ma montée je n’ai rencontré aucune voiture. Cela a été un avantage, car mettre pied à terre avec de tels pourcentages est vraiment un handicap pour reprendre l’ascension. La pente reste ardue jusqu’au sommet et laisse peu de répit pour la récupération. Il faut certes disposer d’une bonne condition physique, mais le mental doit être à toute épreuve surtout si la tramontane souffle.
Au sommet, il ne faut surtout pas penser que l’épreuve est terminée, car la descente nécessite une concentration de tous les instants et une maîtrise de la vitesse et de la trajectoire. Debout sur les pédales avec une position très reculée…il faut rester réactif et anticiper chaque pierre ou nid de poules.
Pour cette montée, j’étais équipé d’un 36/28 que je n’ai plus quitté de la mi-parcours jusqu’au sommet. C’est relativement bien passé, même dans le passage à plus de 18%. Côté météorologie, je suis parti de Leucate avec un vent quasi nul. Au pied de la montée une petite brise de Sud-Est balayait la pente. Mais au sommet, à la mi-journée, la petite brise s’est transformée en marin à plus cinquante kilomètres par heure. Les soixante derniers kilomètres du retour par Vingrau et Rivesaltes furent particulièrement exténuants. Sous certaines rafales, le contrôle de la trajectoire s’est avéré complexe. Mais je suis rentré sans chute !
Les 121 kilomètres et plus de 2000 mètres de dénivelée positive furent une belle préparation pour la Morvandelle qui se déroulera dans moins d’une semaine.
Je vous donne rendez-vous pour le compte-rendu de la Morvandelle 2016.
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