Un petit « Melun-Tours » en mode Gran Fondo

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S’élancer sur le parcours des 7 majeurs exige une belle préparation foncière qui va aller au-delà des préparations que j’ai l’habitude de mettre en place pour les cyclosportives. En toute humilité, j’avoue ne pas être un expert dans la préparation des épreuves de très longue distance, mais adapter progressivement mon corps aux parcours de deux-cent à trois-cent kilomètres me semble inéluctable. Égayer de tels parcours peut-être un plus appréciable lorsqu’il s’agit de rouler de longues heures et sur de longues distances. Aussi, pourquoi ne pas chercher des parcours mythiques qui ont fait la légende du cyclisme. En la matière, la France est riche et les parcours ne manquent pas. Il m’a donc été simple de trouver quelques idées de parcours. L’acte 1 de ma préparation aux longues distances c’est déroulé vendredi 27 janvier 2017 sous la forme d’un beau Paris-Tours.

Paris-Tours est l’une des plus anciennes et des plus prestigieuses courses cyclistes françaises du calendrier professionnel. Comme Paris-Roubaix, elle a été créée  en 1896. Elle se déroule en automne et partage avec le Tour de Lombardie le surnom de « Classique des feuilles mortes ».

 

 

Depuis 2009, elle s’élance depuis l’Eure-et-Loir. Aussi, ayant la volonté de partir de l’agglomération melunaise, j’ai adapté quelque peu le parcours. Ainsi mon Paris-Tours, tout personnel, m’a conduit à relier les villes de Livry-sur-Seine, Fontainebleau, Recloses, la Chapelle-la-Reine, Puiseaux, Jargeau, La Ferté-Saint-Aubin, Chambord, Amboise, Tours. Historiquement, je pourrais aussi appeler mon périple la route François 1er dans la mesure où il relie Fontainebleau à la Vallée des rois de France. Il m’étais ainsi aisé de me projeter au XVIe siècle en imaginant François 1er quittant le château de Fontainebleau et traversant les plaines vallonnées du Loiret et les forêts de Sologne pour rejoindre les châteaux de Chambord, d’Amboise ou de Chenonceau en vue de belles parties de chasse. Bon j’avoue, les quelques poids lourds m’ont vite ramené à la réalité, car avec eux il vaut mieux rester concentré en évitant de rêvasser.

Comme le tracer officiel, le profil de mon parcours semble assez plat. Mais pour une première 2017 c’est ce qu’il me fallait, par la suite les difficultés iront crescendo pour arriver au 7 majeurs.

Pour ne pas arriver trop tard à Tours, initialement mon départ était prévu pour huit heures, mais le mois de janvier peut réserver quelques facéties météorologiques : tantôt des tempêtes avec leurs lots de pluies et de vents, tantôt la neige et le froid ! En ce vendredi 27 janvier, c’est le verglas qui est venu jouer le rôle de grain de sable dans mon organisation. Il m’a fallu repousser mon départ à 09h45 et attendre le redoux annoncé pour m’élancer. Ainsi, lorsque je donne mes premiers coups de pédales, la température est remontée à quatre degrés, la route est certes mouillée, mais le verglas n’est plus qu’un mauvais souvenir.

Jusqu’à la Chapelle-la-Reine, je peux dire que je roule sur mes terres d’entraînement. Le parcours débute en forêt de Fontainebleau. Ma belle forêt de fontainebleau est un véritable écrin protecteur pour mes longues sorties froides ou pluvieuses d’hivers, Je la traverse assez souvent de long en large. Et par bonheur elle n’est pas toute plate. La première petite côte se présente dès Bois-le-Roi. Elle joue un rôle d’échauffement. Mon excès de poids lié à ma sacoche de selle ne se ressent pas, je monte assez bien. Compte tenu de l’heure tardive, la circulation en direction du pont de Valvins n’est pas très importante. Aussi, je me présente assez vite au pied de la Butte-Montceau à Avon. Je suis en jambe c’est donc un plaisir de gravir cette deuxième élévation sans trop forcer. Au sommet, je n’ai plus qu’à me laisser glisser en vélocité vers la route ronde et la troisième côte du jour.

A partir de Puiseaux c’est pour moi la terra incognita cycliste, l’aventure ! Pour avoir passé quelques heures à faire et refaire le parcours, je visualise le parcours dans ma tête, tout en découvrant le panorama. Au début les paysages du Loiret ne tranchent guère avec ses voisins seine-et-marnais. De grandes plaines agricoles. De belles routes de campagne plutôt plates et exposées au vent. En ce milieu de matinée la luminosité est géniale. Le soleil qui essaye de percer à travers les nuages déploie toutes ses palettes du jaune au bleu en passent par toutes les nuances de gris. Les nuages se disloquent temporairement. Malheureusement, je n’ai pas trop le temps de lambiner. D’autant que je me bats un peu avec la batterie externe de mon GPS qui régulièrement conduit à l’extinction de mon Garmin. Ma coach me rejoint entre Puiseaux et Jargeau. Petit à petit, les plaines agricoles cèdent la place à la forêt. La transition se fait en douceur. Au début quelques bosquets, puis de petits bois et progressivement les arbres occupe l’espace : la Sologne approche !

Jargeau est une belle petite ville de bord de Loire. C’est aussi un point stratégique que nous avions fixé sur ce parcours pour faire jonction avec ma coach. C’est aussi, une sorte de frontière météorologique le fameux Sud ou Nord de la Loire…Quelques fûtreaux et toues cabanées attendent les beaux jours échoués sur les berges ou figées sur leur mouillage. La Loire est calme et grise. Les dernières plaques de glace fondent lentement après les grands froids des derniers jours. Le redoux annoncé est là ! Je traverse assez rapidement Jargeau et roule maintenant en direction de la Ferté-Saint-Aubin.

Quelques grandes étendues de champs égayent encore la campagne, mais la forêt prend progressivement sa place. Et sous le couvert végétal, le vent qui a gêné ma progression entre Puiseaux et Jargeau se fait moins gênant. Ma moyenne horaire s’établie à vingt-sept kilomètres par heure lorsque j’aborde la Ferté-Saint-Aubin. Au rond-point mes pensées m’égarent, je prends la première sortie à droite, mon GPS me rappelle immédiatement à l’ordre. Un bip accompagne le message « hors parcours » sur l’écran du GPS. J’entame un demi-tour et reviens sur mes pas et prend la deuxième sortie du rond-point mon GPS exprime de nouveau son mécontentement « HORS PARCOURS » décidément, il faut que je me concentre. Je reviens sur mes pas et prend la troisième sortie du rond-point, mon ange gardien électronique reste silencieux je suis donc revenu sur la bonne route. Il est des moments comme cela où perdu dans nos pensées, peut-être aussi sous l’effet d’un début de fatigue ou d’hypoglycémie on se trouve un peu moins concentré et l’on s’égare heureusement l’électronique est là pour nous rappeler à l’ordre.

Je ne verrai que la périphérie de la Ferté-Saint-Aubin et m’engage alors en direction de Chambord via Ligny-le-Ribault, la Ferté-Saint-Cyr et Thoury. Il s’agit d’une belle ligne presque droite de trente kilomètres à l’abri de la forêt. Le profil pourrait paraître plat, mais en fait il s’agit plutôt d’une succession de petites bosses et descentes d’ondulation assez douce pour ne pas trop puiser dans l’organisme. Malgré tout certaines portions obligent des changements de braquets.

Peu avant la Ferté-Saint-Cyr je profite de l’arrêt de ma coach pour faire une pause restauration et compléter mes bidons d’eau. D’un commun accord, ma coach part en éclaireur sur Tours pour prendre possession de l’appart hôtel que nous avons réservé pour notre Week-end en bord de Loire. Pour ma part me voilà de nouveau en situation d’autonomie totale. Si tout va bien il ne devrait plus y avoir d’arrêt d’ici Tours ! L’arrivée en gare du CKT Express est prévue entre dix-neuf et vingt heures. D’ici là je devrais traverser quelques beaux sites renaissances : Chambord, Chaumont-sur-Loire, Amboise. Un pur bonheur !

Thoury, marque l’approche sur Chambord. Mais de vilains panneaux jaunes annoncent la fermeture de la route. En cette fin d’après-midi, je décide de tenter le passage car souvent la circulation sur les chantiers est réouverte les week-ends et n’étant pas natif de la région, je ne sais par qu’elle route contourner Chambord sans passer par Blois. Mais après quelques kilomètres une camionnette de la gendarmerie en travers de la chaussée bloque l’accès. Un maréchal des logis m’indique bien aimablement la façon de contourner l’obstacle moyennant cinq petits kilomètres supplémentaires. Il me faut en fait revenir sur mes pas, prendre à gauche, rouler quelques kilomètres et reprendre à gauche et entrer dans le parc et passer devant le château. Je découvrirai quelques jours plus tard qu’il s’agissait de l’une des grandes chasses qui sont organisées régulièrement le vendredi tantôt sur la route ouest tantôt sur la route Est. Le détour est agréable, la traversé du parc de toute beauté et la vue sur le château magnifique.

La nuit approchant je repars assez rapidement en direction d’Amboise. Je suis encore en forme. La moyenne oscille toujours autour de vingt-sept kilomètres par heure. Passé devant le château, je prends à droite et rejoins le parcours originel. Je laisse derrière moi Huisseau-sur-Cosson, et continue ma route. Sur la périphérie de Blois, la circulation se densifie. A partir de Candé-sur-Beuvron, je roule entre chien et loup et entre progressivement dans la nuit qui tombe. Je m’arrête quelques minutes pour mettre en action des feux supplémentaires pour augmenter ma signalisation. La Loire à ma droite je déboule en vélocité en essayant de ne pas perdre trop de temps. La nuit est bien installée lorsque j’arrive à Amboise. Sous son effet, ma moyenne horaire commence à baisser. Moins de trente kilomètres me séparent maintenant de Tours.

Par bonheur, les routes entre Amboise et Tours sont équipées de pistes cyclables qui permettent de lever la pression vis à vis des automobilistes pressés de rentrer pour ce week-end qui s’annonce. A l’approche de Tours, ça sent l’écurie, malgré plus de deux cents kilomètres dans les jambes, j’ai encore suffisamment d’énergie pour essayer de maintenir ma moyenne au-dessus de vingt-six kilomètres par heure. Malheureusement, les pistes cyclables à l’approche de Tours me font descendre sur le bord de Loire. Leur tracé de nuit incite à la prudence car il faut virer assez souvent de droite à gauche. Je dois également prêter attention à la faune sauvage. Il serait dommage de chuter si près du but, je lève donc le pied. A Saint-Pierre-des-Corps, je quitte la piste cyclable et entre dans l’urbanisation Tourangelle : « Tours terminus, veillez à ne pas oublier de faire une photo souvenir…! « .

Rejoindre l’hôtel sera une formalité. Je suis très content de mon premier deux cents kilomètres de l’année. Au compteur c’est même un deux-cent-cinquante kilomètres qui ont été parcourus à presque neuf heures et trente-neuf minutes.

Ce premier périple avait également pour objectif de valider certains choix matériels pour mes 7 majeurs. En l’occurrence, il s’agissait de tester d’une part ma sacoche de selle Adipura. Et d’autre part, l’emploi de ma batterie externe pour mon GPS Garmin.  Ma sacoche ADIPURA est définitivement adoptée. Concernant la batterie externe, j’ai connu quelques soucis d’emploi. Cet outil doit permettre de maintenir à niveau la batterie du GPS pour qu’il puisse œuvrer au-delà de la seule capacité de la batterie interne. Cependant, dès que cette dernière est pleine une alerte est transmise. on dispose alors de quelques secondes pour empêcher le GPS de s’éteindre. Cependant, avec les bruits ambiants, il est parfois impossible d’entendre l’alerte. Le GPS s’éteint alors. Il est donc impératif que j’affine l’emploi de cet accessoire. Pour mon prochain test, je pense afficher le niveau de charge de la batterie interne sur mon GPS et lancer une charge en-dessous de cinquante pour cent et d’arrêter la charge au-dessus de quatre-vingt-quinze pour cent.

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