Lorsque l’on réside dans le plat pays Briard, il faut savoir profiter de la moindre occasion pour acquérir le fameux coup de pédale en montagne. Quoi de mieux que de profiter d’un séjour dans le Sud de l’Aude à quelques hectomètres des limites avec les Pyrénées Orientales pour organiser mon quatrième dodécaudax. En ce mois d’avril, les cols les plus élevés des Pyrénées Orientales ou Ariègeoises demeurent impraticables en raison des chutes de neige tardives. Cependant, la région offre de beaux petits cols qu’il est aisé d’aller chercher pour peu que l’on sorte des parcours traditionnels.
J’ai longtemps hésité tellement les opportunités de parcours sont nombreuses. Je me suis finalement arrêté sur une boucle Port-Leucate/Port-Leucate en forme de huit passant par les Corbières et les Pyrénées Orientales et notamment le Sud de Perpignan. Avec deux-cent-trente et un kilomètres et près de quatre-mille mètres de dénivelée positive, mon parcours était conçu pour me faire travailler l’ensemble des qualités nécessaires à mon objectif de l’année que sont les 7 majeurs.
Il est huit heures lorsque je m’élance ce douze avril. La première partie de mon parcours me conduit à prendre la direction de le Barcarès et notamment sa voie verte « Barcarès-Rivesaltes ». La voie verte est une belle voie plate, lisse et libre de toute circulation automobile. En toute logique c’était une occasion de soigner mon échauffement et de réveiller tranquillement mes muscles. En cette heure matinale, elle est encore déserte. Le soleil est radieux. La journée s’annonce belle. L’air est encore frais, mais la température va s’élever progressivement. Depuis plusieurs jours, nous avons l’impression d’être au mois de juillet. C’est un véritable plaisir de rouler en tenue d’été..
j’atteins rapidement Rivesaltes, un léger filet d’eau submerge le passage à gué, mais le franchissement de l’Agly reste praticable, me voici sur la rive droite. La ville s’éveille. Après une petite erreur de parcours vite corrigée, me voici déjà en route pour Espira-de-l’Agly que j’atteins rapidement. Après m’être faufilé à travers les rues de ce bourg, je roule en direction de Cases-de-Pêne qui va me conduire au pied du premier col du jour le pas de Jala (FR-66-0150). Dans Cases-de-Pêne, je vire à droite et quitte la D117. Devant moi se présente un bon raidar, pas bien long mais bien pentu. C’est une belle mise en jambes. Les riverains sont souriants en me regardant monter. Je me sens léger. Au sommet de la côte, je cherche longuement la départementale 59. Je me trompe et me retrouve dans une voie sans issue où seuls des escaliers permettent d’en sortir. Après un demi-tour je me retrouve dans un véritable labyrinthe urbain. Dans ce dédale de rue, il est pas facile d’identifier la bonne voie malgré le GPS ! Je suis enfin aidé par un riverain. Ouf, me voilà en direction de Tautavel via le Pas de Jala.
La route est belle et la pente encore faible. Le vert foncé de la végétation contraste avec le bleu du ciel. La température monte progressivement et demeure encore douce. La montagne est déserte, pas âme qui vive, pas un bruit. Je progresse et je profite de cet instant sublime, de la beauté des lieux, des paysages et des senteurs. Je me régale de la pente. Je me délecte de l’instant… Au loin, le Canigou et son sommet enneigé guide ma progression tel un phare. L’ascension de neuf kilomètres est assez rapide. Au sommet la vue sur les Pyrénées Orientales est sublime. Mais je n’ai guère le temps de flâner, j’ai encore un peu de route à faire. Je repars donc en direction de Tautavel, que je laisserai sur ma droite pour me diriger vers le col des Alzines (FR-66-0135a). Mais avant je franchis de très belles gorges au niveau du lieu dit El Comador. Le Verdouble sur ma gauche la parois minérale sur ma droite. Me voici déjà à Tautavel !
A la sortie de Tautavel, je croise un premier cycliste qui semble s’élancer pour un entraînement matinal. L’ascension du col des Alzines est assez courte et ne présente pas de gros pourcentages. En toute logique j’atteins donc sont sommet assez rapidement. La descente vers Latour-de-France via Estagel est assez plaisante. La circulation se fait plus dense, mais reste encore acceptable. Dans Latour-de-France les employés communaux s’affairent à l’entretien des espaces verts. Nous échangeons un bonjour souriant, et oui, dans certaines régions la politesse à encore sa place… Je poursuis ma route et entame la montée sur le Col de l’Arque (FR-66-0331). Il s’agit en fait d’une ascension de vingt kilomètres comprenant les cols de l’Arque, de Peyreclause (FR-66-0390a) et la montée sur les villages de Cassagne et de Montalba-le-Château. Une fois encore, la pente n’est pas des plus difficiles. Les paysages sont de toute beauté pour qui aime les Pyrénées Orientales. La garrigue et les chênes verts donne ce vert si foncé qui tranche avec le reste de l’environnement. Progressivement le soleil s’élève vers son zénith et inonde les paysages de ses rayons. Les senteurs de romarin, de thym et autres résineux se font plus présentes et embaument la route. Les ombres disparaissent progressivement et la température s’élève de plus en plus. D’ici deux à trois heures elle sera à son maximum, ce sont les premières grandes chaleurs pour moi. Je veille à bien m’hydrater et cherche le moindre point d’eau tout au long de ma route pour compléter mes bidons. En ce milieu de matinée, la montagne reste déserte. Le Canigou se rapproche, le blanc de son sommet contraste de plus en plus avec le bleu intense du ciel cela donne des points de vue sublimes. Une fois franchi Montalba-le-Chateau, je plonge sur Ille-sur-Têt
Mais avant d’atteindre Ille-sur-Têt, je vais devoir faire un petit crochet par le col de la Sybille (FR-66-0252). Je vire à gauche dans la descente et m’engage dans l’ascension, dans la petite ascension ! Car avec seulement mille-quatre-cents mètres, cette ascension n’est pas très longue. Et ces quarante-et-un mètres de dénivelée positive ne sont pas non plus insurmontables. Mais pour les cents cols, un col est un col ! La chasse est donc ouverte et le col de la Sybille sera mon deux-cent-cinquante-septième cols gravis. Il est niché à flanc de montagne dans un écrin de maquis et de résineux. Une villa marque sont sommet. La route bien qu’un peu granuleuse est assez belle. A hauteur de la villa, j’entame un demi tour. Le panneau du col est un peu plus bas. je réalise quelques clichés. Le Canigou est de plus en plus proche. Repartir sans profiter de cette vue serait un sacrilège. J’en profite donc pour me restaurer tout en contemplant cet environnement.
En reprenant ma route vers le village d’Ille-sur-Têt je ne le sais pas encore mais je vais arriver sur une merveilleuse curiosité géologique: Les orgues d’Ille-sur-Têt qui résultent de l’érosion des roches sédimentaires vieilles de quatre millions d’années. On les appelle aussi cheminée de fée ou demoiselles coiffées. La beauté du phénomène géologique est telle que je ne peux m’empêcher de m’arrêter pour me délecter de la vue. Les orgues se répartissent sur deux zones situées de part et d’autre de la route départementale 2. Je prends quelques photos mais malheureusement, je ne peux pas m’approcher plus. Je vais revenir avec ma coach c’est sûr…Il est impératif de revenir pour découvrir cette beauté géologique sculptée par le temps.
La plaine de la vallée de la Têt offre un petit répit. J’en profite pour mouliner et récupérer un peu. Dès Saint-Michel-de-Llotes la pente s’élève de nouveau. Le soleil est presque à son zénith. La température va bientôt atteindre à son maximum lorsque je m’élance dans l’ascension du col de Sainte Marguerite par la D72 en direction de Casefabre. L’ascension de plus de six kilomètres présente un pourcentage moyen de six et demi pour cent. Je monte tranquillement, rien ne sert de se précipiter sous un tel soleil. Lorsque j’atteins le sommet du col, je retrouve mon compagnon du jour : le Canigou qui barre ma vue. J’en profite pour réaliser quelques clichés avant de redescendre en direction de Saint-Michel-de-Llotes. La descente me rafraîchie peu. Je ne vais pas tarder de manquer d’eau si la température continue de monter…
La montée sur le col de Fontcouverte (FR-66-0565) est longue d’un peu plus de huit kilomètres. Elle se réalise en deux temps. La montée sur le Col de la Croix de la Falibe (FR-66-0435) constitue la première partie de l’ascension suivi ensuite de l’ascension finale vers le col de Fontcouverte. Je monte calmement et profite de la vue sur le plaine littorale qui se dévoile au loin. Sous le plein soleil, les plantes distillent leurs essences qui m’accompagnent tout au long de l’ascension. Leurs effluves se mélangent pour donner cette odeur caractéristique de maquis. J’atteins enfin le sommet. Il me faut trouver rapidement de l’eau. Pas un nuage pour venir cacher temporairement le soleil. Il fait chaud, très chaud. Mon organisme doit s’habituer à de telles température. et mes bidons se vident sans que je ne trouve un seul petit point d’eau. Par chance, j’en trouve enfin un sur une aire de pic-nique. Je peux maintenant m’élancer en direction de Thuir en tout quiétude.
Dans la descente vers Thuir, je laisse derrière moi le col de la Font Rouge (FR-66-0465a) et la Collade des Planes (FR-66-0415a). Etant aussi en chasse de cols, à mi pente je bifurque à droite sur une petite route étroite en direction du Col de Creu (FR-66-0380a). A son sommet j’ai une belle vu sur le site de Castelnou et son beau château perché.
Je reprends ma route, le passage sur Castelnou nécessite une certaine attention. Si la vue est belle, elle attire du monde, il faut donc rester vigilant. Je zigzague entre les visiteurs et les automobiles. J’évite un gamin insouciant qui traverse sans regarder, je m’arrête, je repars… Ouf, j’entame le final de la descente vers Thuir, quelques voitures s’arrêtent subrepticement sur le bas côté, peut-être ont-elles perdu une consœur sur Castellnou ? L’arrivée sur Thuir et la traversée de la ville se fait sans encombre.
Le col suivant est le Col de Portell (FR-66-0133) pour l’atteindre, je me dirige vers Trouillas situé à moins de dix kilomètres au Sud-est de Thuir. Le col de Portell n’est pas un col bien difficile. Il culmine à cent-trente-trois mètres au beau milieu de coteaux et des vignes catalanes. Mais un col est un col ! Et puisque ce col compte pour les cent cols il n’y a pas de raison de l’ignorer. La route du col est un peu à l’écart des routes principales. Plutôt destinée aux viticulteurs elle n’est pas très belle mais il faut faire avec. Le Canigou barre de nouveau mon horizon et son blanc sommet étincelle toujours autant dans le ciel d’un bleu profond. C’est l’une des dernières fois que je serais face au Canigou, car le retour sur Port-Leucate s’annonce.
Le dernier col du jour est le Col de Rousse ou Coll de Rossa (FR-66-0135b) à la sortie Nord-Est de Tressere. Comme pour le col précédent, le col de Rousse n’est pas bien difficile à gravir. Passé ce dernier col je bifurque progressivement vers le Nord et entame le retour de mon périple. En cet fin d’après-midi avec la sortie du travail des habitants, la circulation se fait de plus en plus dense et la traversée des villages de Bages, Pollestre, Toulouges et Saint-Estève est par moment compliquée. Le point le plus chaud sera sans conteste le tronçon de la D916 le long du Parc DUCUP de Perpignan pour rejoindre Polestre. Le calme revient dès Espira-de-l’Agly, où je retrouve mes routes audoises d’entraînement et surtout la fontaine d’Opoul – Périllos qui me permet de refaire le plein de mes bidons vides depuis quelques dizaines de kilomètres.
Je clos ce quatrième daudécaudax un peu déshydraté mais riche d’une nouvelle expérience longue distance et montagnarde qui laisse gravé dans ma mémoire de merveilleuses images des paysages Audois et pyrénéens.
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