Jacques Gouin 2018 pluvieuse…

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Depuis maintenant huit ans, la Jacques Gouin ouvre la saison cyclosportive francilienne. Organisée le premier dimanche de mars, son parcours et les conditions météorologiques font souvent de cette première épreuve notre « ardennaise locale ». Ce n’est pas encore un « Monument » et la côte de Champcueil n’est pas encore un mur renommé, mais il faut bien l’avouer, s’inscrire sur la Jacques Gouin équivaut souvent à rouler en flahute ou en flandrien. Le vent y est souvent défavorable, quand il n’est pas tempétueux. La pluie arrose de plus en plus souvent ceux qui osent y prendre le départ et la boue colore implacablement les machines et les corps. Mais courir la Jacques Gouin, c’est aussi et surtout le plaisir de remettre un dossard et d’entamer une nouvelle saison sportive en s’élançant sur une cyclosportive aussi exigeante que sympathique.

L’édition 2018 de la Jacques Gouin, placée sous les couleurs de la Belgique, n’a pas échappée à la règle ! Vent pluie et boue voilà le cocktail qui nous a encore été donné de braver. L’organisation a eu beau afficher sur Facebook des cartes météorologiques alléchantes pour attirer les compétiteurs frileux, la Jacques Gouin 2018 restera marquée des trois éléments : l’eau, la terre (boue) et le vent.

Côté parcours, Éric Ramos a tenté de métamorphoser cette huitième édition de notre Jacques Gouin d’ardennaise en flandrienne. Intégrer un secteur pavé à quelques kilomètres de l’arrivée fut une belle idée. Que de débauche de courage pour remettre le tronçon en état ! Éric et son équipe de bénévoles ne reculent devant aucun effort, mais c’était sans compter sur les éléments météorologiques.

Il est huit heures et cinquante-huit minutes lorsque nous nous élançons pour un parcours de plus de cent treize kilomètres. La pluie à déjà fait son apparition, nous cueillant en plein échauffement sous la forme d’averses de pluie fine. Le départ est donc plus tranquille qu’à l’accoutumée sur une route déjà humide. Nous ne connaîtrons pas les coups de freins brutaux et la progression en accordéon qui marque généralement le début de cette cyclosportive. Ayant peu roulé à cause d’une activité professionnelle soutenue, j’ai décidé d’adapter ma tactique à mon niveau de préparation : partir relativement doucement, monter progressivement en charge et maintenir un rythme tout au long de la course. Partir doucement est toutefois assez relatif, car à plusieurs reprises nous sommes au-dessus des quarante kilomètres par heure. Si les courbes sont franchies de façon prudente, les relances n’en sont pas moins sportives.

J’intègre rapidement un premier groupe d’une bonne trentaine de cyclistes. La moyenne oscille entre trente-cinq et quarante kilomètres par heure. Ce train me convient, même si je suis conscient que mon sous entraînement risque bien de me conduire à céder le pas dans la première difficulté, mais je profite de l’instant présent. Reprendre contact avec un peloton permet de retrouver ses repères et nécessite un peu d’attention et de vigilance sur les premiers kilomètres.

Nous avons déjà parcouru dix kilomètres lorsque nous nous présentons au pied de la côte de Beauvais. Nous sommes encore nombreux et ça bouchonne un peu sur les premiers mètres d’ascension. Les plus légers se faufilent sur la gauche. Je pensais lâcher un peu,  voir m’effondrer, mais à ma grande surprise je n’explose pas et reste dans le même groupe qui s’est certes allégé des plus rapides partis devant. C’est déjà une bonne surprise pour moi. Si je n’ai pas beaucoup roulé, certains concurrents autour de moi doivent être dans la même situation. En tout cas, je monte sans me mettre dans le rouge. Au sommet de la côte, nous sommes toujours une bonne dizaine à rouler de concert.

Nous attaquons le quadrilatère Beauvais, Mondeville, Videlle et côte des petits pois. Cette portion du parcours nous permet d’éprouver presque toutes les orientations de vents que nous allons connaître sur le reste du parcours. Notre groupe reste lié jusqu’à l’approche de la descente vers la côte des petits pois. Dès les premières courbes, nous sommes quatre à filer. Si nous descendons à la vitesse raisonnable de quarante à cinquante kilomètres par heure, le reste du groupe a ralenti assez sérieusement dès le premier virage. Nous faisons le trou sans même le vouloir. Nous roulons maintenant en direction de Moigny-sur-Ecole et collaborons assez bien. Quelques cyclistes isolés viennent étoffer notre petit groupe. Malheureusement la côte de Moigny va venir jouer les troubles fête. Si une fois de plus j’arrive à tenir dans l’ascension, notre groupe s’égraine de nouveau par l’arrière. Nous voilà revenus à trois ou quatre. Je regarde rapidement mon compteur la moyenne depuis le départ est encore honorable à plus de trente kilomètres par heures. Je me sens bien et commence à rêver : mon record personnel sur cette épreuve pourrait bien tomber. Dès la côte à la sortie de Milly-la-Forêt le groupe explose. Me sentant en jambes, je monte à mon rythme et laisse derrière moi mes coéquipiers du moment. Je pense quelques instants qu’ils vont me reprendre sur la ligne droite suivante, mais ils lâchent vraiment. Je roule quelques kilomètres seul en recherchant la meilleure aérodynamique pour me fatiguer le moins possible. J’économise mes efforts pour durer tout en essayant de maintenir une bonne moyenne autour de trente kilomètres par heure. Mon objectif est bien maintenant de clore le parcours en moins de quatre heures et dix minutes.

Après quelques kilomètres d’effort solitaire, je suis repris pas un groupe de triathlètes. Je prends leurs roues. Nous traversons ensemble Tousson, Nanteau-sur-Essonne et remontons en direction du Petit Gironville. Je prends les relais, mais par mégarde je me retrouve en tête sur un relais trop appuyé en bas de la côte du petit Gironville. A mi-pente je n’ai plus la force pour maintenir le rythme, mes coéquipiers du moment me doublent un à un et me distancent. Derrière le groupe, les derniers éléments font déjà l’élastique.

Me voilà seul pendant de longs kilomètres. Seul mais pas en difficulté. Je traverse les villages de champmotteux, de Mespuits de Puiselets-le-Marais puis de Bouville. À partir de Bouville, je rattrape et double quelques concurrents. Nous roulons espacés de quelques centaines de mètres les uns des autres. Parfois c’est moi qui suis doublé. Mais je progresse à mon rythme. J’arrive assez rapidement au pied de la côte de Boutigny-sur-Essonne. Dans les virages j’aperçois les deux triathlètes qui faisait l’élastique derrière leur groupe. Je les double sans difficulté, ils semblent épuisés. Dans le village de Marchais, je les lâche définitivement et poursuit ma route seul sur la grande ligne droite vers la D83. La prochaine difficulté est la côte de Champcueil, je m’y prépare mentalement. Je passe le saut du postillon. Le secteur pavé est fermé par l’organisation en raison vraisemblablement de la pluie. Je rejoins Beauvais et roule maintenant de concert avec un membre du Paris Cyclisme Olympique. Nous laissons Beauvais puis Loutteville derrière nous. Cela fait trois heures et trente-huit minutes que je roule lorsque nous nous présentons au pied de la côte de Champcueil. encore un dernier effort et je n’aurais plus qu’à assurer pour clore le parcours en moins de quatre heures dix. Et quelle difficulté, une belle côte avec un passage à douze pour cent.

Tout à gauche, je franchis cette dernière difficulté aussi bien que le permet mon sous-entraînement et les efforts précédents. Je sors de cette difficulté en tête. Les quelques concurrents à quelques centaines de mètres devant moi me servent de pancarte. J’essaye de les reprendre, ce sera chose faite après le Château d’eau. La descente sur Chevannes est presque une formalité. Mains en bas du cintre et en vélocité je ne pense plus qu’au chrono. Je franchis la ligne d’arrivée avec un temps au compteur de quatre heures et trois minutes et une moyenne de vingt-huit kilomètres par heures. Je me classe 229ᵉ sur 289 finishers. Dix-huit concurrents ont abandonné et un concurrent a été disqualifié.

Mais le classement n’est pas l’essentiel. Ce qui compte c’est le plaisir que j’ai pris sur cette première cyclosportive de l’année. Et je suis vraiment satisfait, satisfait, de mon temps, satisfait du plaisir que m’a procuré cette course, satisfait de ma relative sérénité au sein du peloton et un peu surpris de mon niveau de fraîcheur dans des conditions météorologiques plutôt contraires. Cette cyclo va me m’encourager pour la suite  Et la suite justement, devrait m’emmener dans le Morvan où je retrouverai le Haut-Folin en espérant que la météo y soit plus clémente.

 

 

 

 

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