La Bourgogne Cyclo 2018

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En ce 21 avril 2018 était organisée la Bourgogne Cyclo. Cette troisième épreuve de ma saison présente traditionnellement un parcours savamment dosé, très sélectif et exigeant. Le kilométrage s’allonge et la dénivelée monte crescendo.Tous les ingrédients sont là pour se faire mal aux jambes et se tester avant les grands rendez-vous à venir. C’est pourquoi j’ai pris l’habitude d’y participer depuis maintenant cinq ans, souvent accompagné de Thierry.

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Le départ est donné à neuf heures et quatre minutes. Le soleil est de la partie, la journée s’annonce radieuse mais très chaude. Nous traversons assez tranquillement les quelques rues de Viré avant d’attaquer la première bosse du jour qui nous permet de monter sur le plateau de Quintaine. Je me sens bien et essaye de tenir le peloton pour ne pas perdre trop de terrain. L’allure s’accélèrent progressivement et mes pulsations atteignent les premiers sommets. Alors que nous roulons en direction du village de Péronne, les différents groupes se forment et s’allongent. Dès la sortie du village, nous abordons la montée du mont de la Péralle. Une fois de plus, la sélection se fait par l’arrière, la taille des différents groupes fluctue au gré de la progression et des côtes. Les villages défilent : Lugny, Fissy, Plottes et les « raidars » aussi. Je m’accroche dans les montées et profite des descentes pour remonter vers la tête de mon peloton tout en essayant faire redescendre mes pulsations. Mais nous sommes encore nombreux et il est parfois difficile de lâcher les freins lorsque la pente s’inverse.

Au regard des maillots présents, mon groupe est constitué majoritairement de triathlètes. Ça collabore bien et l’ambiance est bonne. Un peu avant le col de la Préole, je sens une petite tape amicale dans le dos. Il s’agit d’un des deux compères triathlètes bretons qui logeaient avec nous à la chambre d’hôte de Rizerolles à Azé. Nous échangeons quelques mots et nous souhaitons une bonne course. L’ambiance est peut-être un peu trop détendue pour certains, car deux suceurs de roues profitent d’un moment d’inattention pour partir en facteur(*) ! Après avoir pris deux cents mètres d’avance, ils accélèrent nettement et créent le trou. Les leaders du groupe ne semblent pas vouloir les laisser partir d’autant que nos deux « roublards » n’ont jamais assuré de relais en restant bien au chaud jusque là ! Le groupe accélère et la chasse s’organise sereinement. Ils sont repris au pied du col de la Préole, les sermons pleuvent à l’avant « On ne la joue pas perso en profitant du groupe » « on roule ensemble, on collabore ensemble ! ». Les deux compères semblent avoir laissé quelques forces dans leur tentative. L’allure est maintenue dans la montée, comme pour leur donner une leçon. Les deux « facteurs » sont lâchés. Malheureusement, je subis également les effets de l’énervement des triathlètes et commence à faire l’élastique. J’arrive cependant à rentrer au prix d’effort de plus en plus importants.

Nous laissons la belle ville de Tournus derrière nous et nous dirigeons maintenant vers le col des Chèvres via quelques petites bosses et le village de Mancey. La vitesse ne faiblit pas, elle va même devenir encore plus soutenue lorsque la tête de course du parcours médiafondo nous double à vive allure. Les premiers du groupe prennent leurs roues. Les triathlètes sont des spécialistes de l’effort solitaire et sont généralement capables de s’imposer un rythme soutenu sur des temps assez long. En groupe, autant dire qu’ils peuvent imprimer un rythme d’enfer. C’est le cas et Je lâche ! Je ne suis pas le seul à faiblir ! L’égrainage touche tous les groupes dans la montée du col des chèvres. Tel un coup de vent sur une fleur de pissenlit, les moins véloces se dispersent par l’arrière. J’essaye de recoller dans la descente, mais maintenant que les groupes sont réduits, leur vitesse en descente augmente significativement. Je comprends rapidement que je ne pourrais pas rentrer et abandonne la chasse. Inutile de laisser des forces dans une vaine poursuite, d’autant que nous en terminons avec la partie la plus simple du parcours. Les difficultés vont maintenant s’enchaîner dans une espèce de toboggan bourguignon constitué des cols de Brancion, de la Pistole, de la Croix, des Quatre Vents, de la Croix Montmain puis de la montée sur Vergissons où nous laisserons alors la Roche de Solutré sur notre gauche pour atteindre la Grange au Bois qui est point culminant de cette dernière ascension.

Le  col de Brancion est assez pénible à gravir même s’il n’est pas très long. Le soleil commence à bien chauffer. Lorsque j’arrive au pied du col, je constate que la sélection par l’arrière se poursuit. Les groupes explosent les uns après les autres et un chapelet de cyclistes s’étire sur toute la montée. Certains zigzaguent sous l’effort produit depuis le pied du col pour essayer de tenir, d’autres montent en danseuse. Pour ma part, je monte au train pour ne pas me mettre dans le rouge et pense déjà au premier point de ravitaillement qui se trouve au sommet. Je décide de m’y arrêter pour compléter mes bidons avant de m’élancer dans la descente. Le soleil est de plus en plus haut et la chaleur augmente petit à petit.

L’ascension du col de la pistole débute dès Chissey-les-Mâcon. Une fois encore, l’ascension de ce col n’est pas bien longue, mais c’est surtout l’enchaînement montée-descente qui devient rapidement usant. Je mets près de dix-neuf minutes pour franchir cette montée qui se poursuit avec la montée sur le col de la Croix. Je tente vainement de manger une barre, mais n’y arrive pas. Les barres sucrées ne passent pas et j’ai beaucoup de mal à les avaler. J’avais déjà constaté ce souci en fin de parcours sur la Morvandelle. Je l’avais mis à l’époque sur le compte d’une saturation vis-à-vis du sucre, mais je ne m’attendais pas à le rencontrer si tôt sur la Bourgogne-Cyclo. Cette situation est loin d’être simple avec toutes les difficultés à venir. Heureusement, la boisson énergétique passe bien, mais j’ai quelque peu dilué le premier bidon au « ravito » du col de Brancion.

La descente du col de la Croix est assez courte. Elle nous amène sur Blanot, où je vais m’élancer pour gravir la côte de Donzy et le col des Quatre Vents. Encore une ascension très courte d’un peu plus de trois kilomètres à travers le bocage de Donzy-le-Perthuis. Le soleil tape fort et les coups de soleil commencent à se mettre en place. Dans la descente nous laissons la très belle ville de Cluny sur la droite et virons à gauche pour  contourner le Mont de Mandé et attaquer la montée sur le col de la Croix Montmain. Cette ascension présente une pente moyenne de presque six pour cent. Depuis quelques kilomètres, je roule seul, intercalé entre quelques concurrents également isolés. Nous cheminons à l’ombre du sous-bois de la forêt de Boursier, mais les premières chaleurs sont étouffantes. Je connais un coup de moins bien qui se caractérise par un bon coup de fatigue. Ça se bouscule dans ma tête, peut-être un début d’hypoglycémie ou un coup de chaud ? Je ne sais pas ! Je me force à manger et m’enferme dans ma bulle et progresse au train.

Nous avons déjà parcouru quatre-vingt-dix kilomètres lorsque nous atteignons le somment du col. La descente va nous amener sur la Roche-Vineuse. Nous ne sommes plus très loin de la dernière grosse montée du jour. Mais entre la Roche-Vineuse et Vergisson se dresse la montée de Milly-Lamartine en plein cagnard. Je reprends un peu de force mais ce n’est pas encore la grande forme. Une fontaine me ferait le plus grand bien, mais il n’y a point d’eau fraîche à l’horizon et ce n’est pas la petite descente vers Pierrclos qui va me rafraîchir. Les fontaines désertent progressivement nos villages ! Le soleil assomme également les signaleurs qui restent parfois blottis dans un carré d’ombre pour se protéger des rayons du soleil.

J’attaque la remontée vers Vergissons, l’une des trois roches (Solutré, Pouilly et Vergisson) qui forme ce beau massif qui domine Mâcon. Cette dernière est assez longue et très irrégulière. Je monte à mon rythme en pensant au ravito qui se trouve au sommet. Les paysages viticoles sont sublimes. Pente après pente je progresse. La Roche de Solutré se découvre au dernier moment sur la gauche, j’arrive enfin au ravitaillement. La pause fraîcheur s’impose, remplir les bidons et surtout boire et manger. La nourriture salée passe bien ! J’emmène des biscuits salés dans mes poches pour essayer de finir au mieux cette cyclo. Vergisson n’est qu’à mi-pente du sommet de la dernière grosse montée du parcours. Le point haut est matérialisé par la Grange aux Bois. C’est donc en montée que je repars en direction de ce lieu-dit. Le ravitaillement m’a redonné quelques forces Au sommet, je vire à gauche sur la départementale trente-et-une, sous les encouragements du signaleur. La descente est belle, mais de courte durée. Dès Chasselas, nous virons de nouveau à gauche en direction de Fuissé. Un beau raidar se dresse devant moi. Le parcours contourne le mont de Pouilly, que nous laissons sur notre gauche. La côte franchie, je bascule dans une descente un peu technique avec quelques virages fermés.

Les trente-cinq derniers kilomètres ne seront pas de tout repos. Le retour se fait face au vent, sur un terrain accidenté. Le Mâconnais est aussi beau qu’il est vallonné et les raidars y sont exigeants surtout sous le premier gros cagnard de l’année. Les plus difficiles sont les bosses de Lapalue à Verzè, de Clessé et surtout la montée des As depuis Péronne. Les traversées de village s’enchaînent Davayé, Prissé, la Roche-Vineuse, Marigny, Verzé, Satonay. La montée de Clessé sous la chaleur nous accable et celle des As à Péronne donne l’estocade, heureusement l’écurie n’est plus très loin…

Je boucle le parcours « sur les jantes » en six heures et quarante-six minutes de temps de déplacement avec une moyenne de vingt-trois kilomètres par heure, mais surtout avec un gros coup de fatigue, un mal de tête et des nausées. Initialement je pensais à une hypoglycémie, mais sans fringale sur une si longue distance et durée cela me paraît étrange ! J’aurais donc tendance à mettre cela sur la compte des premières grosses chaleurs. Depuis, avec quelques recherches, il semble que l’association nourriture sucrée et fortes chaleurs puisse effectivement donner des nausées et vomissement. Il faut que je résolve assez rapidement ce souci, car les plus grosses courses de montagnes sont encore devant moi.

Je ne peux pas être satisfait et cette édition 2018 de la Bourgogne-Cyclo, elle ne me laissera pas de souvenirs impérissables.

 

(*) Partir en facteur : Se dit d’un coureur qui attaque tout doucement, sans véritable accélération. Si lentement que ça n’a pas l’air sérieux. Il faut toujours se méfier des coureurs qui pratiquent cette stratégie. Ils avancent doucement leurs pions pour mieux surprendre le peloton.

 

 

 

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