Chasse aux cols en Bigorre # Acte 1.

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Être membre du club des cent cols, conduit implicitement à être un chasseur ou si vous préférez un collectionneur de cols. Car l’objectif pour les membres du club est bien de franchir et de valider le plus grand nombre possible de cols routiers ou non routiers selon que l’on soit cycliste routier ou vététiste. Et si en ce début de mois de mars, j’ai déjà validé trois cent soixante-treize cols dont trente-neuf cols de plus de deux-mille mètres, j’escompte bien atteindre et dépasser le chiffre de quatre-cents cols homologués d’ici la fin de la saison montagnarde 2019. Pour ce faire, chaque occasion de gravir de nouveaux cols devra être exploitée. Et la région de Bagnères-de-Bigorre m’offre un potentiel de vingt-cinq nouveaux cols qui pourraient venir étoffer ma belle liste des cols déjà franchis (ma liste des cols validés). 

Pour cette première chasse aux cols de 2019, j’ai décidé d’aller chercher trois cols situés autour du Pic de Labassère. Il s’agit dans l’ordre des cols du Couret (FR-65-1199), de Ger (FR-65-0699) et de Saoucède (FR-65-0834). Ces trois cols sont peu documentés. Aussi, je ne connais rien de leur pente et de leur accès. Je fais donc confiance aux cent cols et à leur classement en cols routiers ainsi qu’aux outils déployés dans l’application Garmin Connect.

Lorsque je m’élance ce 13 mars, le ciel est totalement dégagé, seuls quelques moutons viennent troubler l’azur du ciel et Météo France annonce des températures douces qui vont atteindre jusqu’à vingt-et-un degrés. Toutes les conditions sont réunies pour une belle chasse aux cols. Cette dernière débute réellement dès le chemin du Bédat, derrière les Thermes de Bagnères. La route s’élève alors brutalement. Je passe de trois pour-cent à plus de neuf avec des passages à seize pour-cent. Par moment se sont de véritables murs qui se présentent devant moi sur une route forestière assez étroite, caillouteuses et gravillonneuse. Le compteur affiche maintenant dix-huit pour-cent. Ma vitesse tombe brutalement ! Et comme en dessous de dix kilomètres par heures, mon compteur n’affiche plus le pourcentage de pente, je monte aux sensations. Pour un début de parcours, c’est physique, très physique ! Et si les données STRAVA sont correctes, la pente atteint jusqu’à vingt pour-cent.

Par moments, alors que je suis en danseuse, ma roue arrière patine sur les gravillons. Je dois remettre rapidement du poids sur la roue arrière en reprenant rapidement la position assise. Au pied de chaque « raidars », j’en viens même à espérer qu’aucun véhicule ne descende, car si je devais mettre pied à terre, il me sera difficile de repartir. Après de longues minutes de combats avec la pente, je bifurque à gauche sur la route forestière d’Esquiou et laisse sur ma droite le chemin du col de Ger. que j’emprunterai plus tard pour la suite du parcours. Le profil s’aplatit un peu et le revêtement devient un peu plus propre. Comme souvent dans ces croisements isolés en montagne, quelques constructions se sont implantées, blotties dans cette zone de replat. Je profite de pourcentages plus favorables pour récupérer un peu et pour m’alimenter. La route serpente maintenant à flanc de montagne, en surplombant une combe que je peux apercevoir sur ma droite en contre-bas. Le cheminement de la route est visible jusqu’à l’éperon rocheux à l’extrémité opposée de la combe.

Après quelques hectomètres, la qualité de la route se dégrade de nouveau. Sur certaines intersections avec des chemins forestiers, le goudron est totalement recouvert d’une épaisse couche de terre et de pierres. Il s’agit vraisemblablement de coulées de boues liées aux pluies d’automne ou à la fonte des neiges. Au détour d’un virage, je croise un trailer ! Il redescend, alors que je suis en plein effort pour me hisser au sommet du premier col du jour. Les « trailers » et cyclistes partagent la même passion pour les beaux parcours pentus en montagne. Et nous sommes souvent les seuls être vivants à nous croiser avec les randonneurs dans ces pentes reculées. Lorsque nous nous rencontrons sur les cols, ils nous arrivent d’échanger quelques mots, mais c’est un peu plus difficile en plein effort et en pleine pente. Nous nous contentons d’un simple bonjour et poursuivons nos chemins respectifs.

À la faveur d’une trouée dans le couvert végétal, la vue se dégage provisoirement sur la vallée en contre-bas et les sommets environnants. La température commence à monter et apporte un peu de douceur. Quelques minutes plus tard, une large plaine vallonnée recouverte d’un beau gazon raz apparaît devant moi. Le panorama sur le Pic du Midi de Bigorre est merveilleux. Dans un premier temps, je prends ce plateau pour le sommet du col. Mais après recherche du panneau et la consultation de mon GPS, il n’en n’est rien. Il s’agit seulement du plateau d’Esquiou dénommé aussi rond-point d’Esquiou, ce qui en dit long sur le nombre des chemins et routes qui convergent vers ce magnifique espace. Le col se trouve bien plus haut. La route qui y mène est cachée par les arbres qui délimitent le plateau sur sa droite. Je reprends donc ma progression sur une route pastorale. Après quelques minutes et quelques beaux lacets, j’atteins le col du Couret qui culmine à mille cent quatre-vingt-dix-neuf mètres d’altitude. Depuis le col, la vue sur la vallée est merveilleuse. Le printemps approche et certains arbres commencent à verdir en donnant aux reliefs cette sublime teinte marron à beige avec quelques reflets verts. Depuis le col, le Pic du Midi est caché par les reliefs environnants et la forêt qui domine les hauteurs.

La descente s’annonce très technique et nécessite une concentration de tous les instants. D’autant qu’à l’ombre des arbres certaines imperfections ne sont visibles qu’au dernier moment. Aussi, je veille à ne pas prendre trop de vitesse pour rester en capacité de négocier toutes les déformations et les impuretés de la route, et il y en a beaucoup ! Je n’apprécie pas forcément ces descentes peu roulantes. Elles mettent les nerfs à rude épreuve et usent les patins de frein, les pneumatiques et font chauffer les jantes. Mais elles sont le lot de ces petits cols peu fréquentés. Je mets vingt-huit minutes pour parcourir les sept kilomètres de descente. Je retrouve alors le chemin du col de Ger et vire alors à gauche. La route en faux plat descendant demeure étroite. Elle semble avoir été rénovée récemment. Malheureusement pour moi, la déclivité se renforce sensiblement avec une présence accrue de gravillons. A l’approche d’un virage à droite suivi d’un second à gauche, avec une pente négative de plus de vingt pour cent, je n’arrive pas à stopper vélo qui dérape malgré la faible vitesse. J’ai l’impression d’être sur un tapis roulant constituer d’une couche de plusieurs centimètres de gravillons. J’ai beau freiner, sous l’effet de la pente et du manque d »adhérence, le vélo dérape et ne s’immobilise pas. Je crains même de réaliser un tout droit dans le lacet. Je suis obligé de jouer le funambule ! A droite le précipice, à gauche le fossé et le flanc de la montagne. Tant bien que mal, j’arrive à rejoindre le bas côté gauche et à immobiliser le vélo. Une rapide reconnaissance me permet de constater que la pente ne se redresse pas après la première courbe et que la couche de gravillons demeure aussi importante. Je poursuis à pied en poussant le vélo, inutile d’aller à la faute ! Deux cents mètres plus loin, la physionomie de la voie change totalement, le goudron et les gravillons laissent la place à un chemin défoncé avec de profondes ornières et de grosses pierres. Le nom de chemin du col de Ger prend alors tout son sens. Je commence à douter du parcours. Je m’arrête et consulte longuement le GPS. Le col de Ger n’est plus très loin, mais il n’existe aucune autre voie pour le rejoindre. Je maudis l’application « Garmin connect » où j’avais coché l’option « Suivre les routes ». Je poursuis donc à pied. La dénivelée redevient positive avec beaucoup de boue. En équilibre sur le bas côté entre le chemin et le précipice, je progresse tant bien que mal et parcours ainsi les cinq cents mètres qui me séparent du col de Ger. À hauteur du col, je retrouve le goudron et observe un panneau sens interdit où il est inscrit : « route agricole interdite sauf tracteur ». Aucun panneau ne semble symboliser l’emplacement du col, seul la coordonnée GPS des cent cols et la physionomie des lieux me permettent de le localiser. Voilà tous le charme de ces chasses aux cols : partir dans des zones reculées, trouver de jolis petits cols et voir des chemins défoncés dénommés « route » par les fournisseurs de données cartographiques. Mais c’est aussi cela l’aventure ! Je repars en direction du dernier col du jour sur une petite route agréable mais toujours accidentée. La carrière de Gailleste marque un changement, le revêtement goudronné est de meilleur qualité et la pente négative se redresse.

Le dernier col, le col de Saoucède semble bien plus accessible. Après avoir rejoins le carrefour avec la départementale quatre-vingt-huit, je vire à gauche et monte en direction du petit village de Labassère. Celui-ci se distingue tout d’abord par l’éperon rocheux sur lequel semble implanté une église isolée. Ce n’est qu’en gravissant progressivement la pente que le reste du village se découvre petit à petit. L’église massive semble comme ouvrir l’accès au village auquel on accède par un beau lacet qui enroule le lieu de culte. Une fois le village franchi, la route repart en serpentant à travers les collines environnantes et les prairies qui servent de pâturages, les beaux jours venus. L’odeur de la campagne rappelle régulièrement la présence de troupeaux dans les étables à proximité de la route. En cette fin de matinée, la circulation se fait plus soutenue, mais ma progression reste malgré tout charmante. J’atteins le col après six kilomètres d’ascension.

Le retour sur Bagnères-de-Bigorre est des plus paisible. La route de la Fontaine Sulfureuse chemine dans La vallée verdoyante et boisée de l’Oussouet. Le profil en faux-plat descendant de la vallée me permet de mouliner pour récupérer. Le revêtement est lisse et rend bien. À son extrémité Est, la vallée débouche sur le village de Pouzac et la départementale neuf-cents trente-cinq. Rejoindre Bagnères depuis Pouzac est sans grande difficulté ce qui me permet d’arriver assez rapidement sur Bagnères-de-Bigorre où cette première chasse aux cols prends fin après plus de quarante-six kilomètres et mille trois-cent soixante-dix-huit mètres de dénivelée positive.

Cette première chasse aux cols autour de Bagnères-de-Bigorre, va m’inciter à contrôler tous les autres parcours pour m’assurer que toutes les voies empruntées seront bien cyclables. Concernant les pourcentages, je sais maintenant à quoi m’en tenir. Et je risque bien de connaître d’autres ascensions particulièrement physiques, mais je suis venu aussi pour préparer ma saison des cyclosportives montagnardes…

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