Venir une première fois sur la Marmotte Granfondo des Pyrénées peut être considéré comme un défi exigeant, comme une ode au dépassement de soi où la montagne serait une divinité et son ascension un combat. Il suffit juste d’observer l’enchaînement des cols pour se rendre compte de l’âpreté de son parcours. L’épreuve débute par une première ascension du Col du Tourmalet par Luz-Saint-Sauveur. Une belle mise en jambes de dix-neuf kilomètres à presque sept et demi-pour-cent avec une pente maximale de plus de dix pour-cent. Après ce petit échauffement, nous poursuivons par la grimpée de La Hourquette d’Ancizan avec ses dix-sept kilomètres d’ascension à quatre et demi-pour-cent et une pente maximale à douze pour-cent. Nous pourrions nous arrêter là, mais nous sommes gourmands ! Nous enchaînons avec le Col d’Aspin par Arreau et ses douze kilomètres de montée à six et demi-pour-cent avec un maximum à neuf et demi-pour-cent. Non-content de nous être bien battu contre la chaleur et la pente sur l’Aspin, nous prolongeons avec une deuxième ascension du Col du Tourmalet par Saint-Marie-de-Campan. Ce sont alors dix-sept kilomètres de grimpée à sept et demi-pour-cent avec un maximum à dix pour-cent que nous devons avaler pour revoir Octave, le Géant du Tourmalet. Ne pas poursuivre ne serait pas sportif ! Un bon parcours réserve toujours des surprises, celle de cette édition 2019 de la Marmotte des Pyrénées consiste à montée sur Hautacam, soit quatorze kilomètres de flânerie à plus sept et demi-pour-cent avec une pente maximale à onze pour-cent.
Pour beaucoup, venir sur un parcours aussi rude et difficile peut paraître présomptueux et inhumain. Même les professionnels, ne se sont jamais lancés sur un tel parcours en course. Alors y revenir pourrait passer pour un acte irrationnel et relever de la folie. Mais il n’en n’est rien, bien au contraire ! Y revenir est pour moi une manière réfléchie de terminer en apothéose ma saison sportive, où les difficultés sont allées crescendo. C’est écrire une nouvelle page d’une aventure sportive débutée il y a huit années. C’est continuer à progresser tout en prenant plaisir. C’est jongler en permanence entre euphorie et contrariétés, en gérant l’effort et le mental dans un environnement montagnard exceptionnel et exigeant. C’est enfin entrer, l’espace d’une journée, dans un monde parallèle où les différentes ascensions déforment le temps et l’allongent. Le temps ne s’égraine plus en heures ou en minutes, mais en nombre de cols franchis, en nombre de points de ravitaillement, en nombre de panneaux kilométriques, en nombre de lacets ou de rampes… On laisse les soucis derrière nous pour vivre pleinement cette aventure humaine et sportive. Et lorsque la ligne d’arrivée est franchie, c’est connaître le vertige et l’émotion de la réussite qui vient clore une longue préparation minutieuse et surtout un parcours d’exception dans un environnement sublime et sauvage.
Comme nous en avons maintenant l’habitude, lorsque nous venons sur Luz-Saint-Sauveur, nous avons établi, avec Nathalie, notre camp de base à la chambre d’hôte « Chez Christine et Pextu ». Accompagnateurs en montagne, nos hôtes sont tout comme nous des amoureux de la montagne. Et leur maison d’hôtes est un lieu de rencontre pour randonneurs et cyclistes venus explorer le Pays Toy et les massifs et cols environnants. Et comme la ville de départ retenue par l’organisation est pour cette édition 2019 de la Marmotte est justement Luz-Saint-Sauveur, nous n’avons pas réfléchi bien longtemps pour trouver un point de chute pas très éloigné de la ligne de départ.
Il est quatorze heures ce samedi 24 août 2019, lorsque je me plie aux procédures de retrait de mon dossard. Habitués des épreuves organisées par Sportcommunication, certains membres de l’organisation nous reconnaissent et nous saluent. Nathalie est même sollicitée pour rejoindre les bénévoles de l’organisation. Elle hésite, car elle voudrait aussi s’essayer sur des petits parcours ! Il m’a été attribué le dossard cinq-cent-quarante-huit. Généralement, le premier sas de départ est réservé aux dossards numérotés de un à quatre-cent, je serais donc au mieux placé dans le second sas s’il devait y en avoir plus de deux sas. C’est déjà la garantie d’un bon placement dans les sas.
La météo est superbe. Nous en profitons pour visiter les stands. Le reste de l’après-midi est dédié à la préparation de mon vélo et équipements et aux derniers moments de repos avant de m’élancer sur cette belle aventure sportive. Farniente, vous avez dit farniente…
Je ne pouvais pas m’élancer sur un tel parcours sans mon look 785 Huez RS. La montagne est son terrain de jeu. Il est conçu pour grimper ! Mon seul dilemme porte sur le choix des roues à utiliser.
Doté de ses roues Corima à boyau, le Look 785 Huez RS est léger, nerveux, réactif dans les relances. Avec des roues plus souples latéralement, comme mes roues Roval, il s’avère un peu moins exigeant, mais aussi moins réactif et un peu plus lourd. Les relances sont un moins franches. Par contre, si les boyaux présentent un meilleur rendement et un plus grand confort que les pneumatiques, ils ont l’inconvénient d’être plus difficile à réparer au bord de la route en cas de grosse crevaison ou d’entaille. Aussi, par précaution sur les cyclosportives, j’ai toujours délaissé mes roues Corima pour m’élancer uniquement avec mes roues Roval à pneumatiques, en privilégiant la prévention des crevaisons à rendement de ma machine.
Contrairement à un pneumatique qui est maintenu sur la jante au moyen d’une gorge dans laquelle vient s’insérer le flanc du pneumatique, le boyau est un tube collé sur la jante. Aussi, en cas d’entaille ou de déchirure du boyau, il faut alors à décoller ce dernier de la jante. Cette opération est plutôt technique et physique, car la colle à boyaux est extrêmement performante et adhérente. Il faut ensuite coller un nouveau boyau à la jante en s’assurant de sa tenue pour ne pas déjanter dans le premier virage venu. Ainsi, la réparation d’un boyau peut s’avérer bien plus longue et plus complexe que pour un pneumatique. C’est pour cette raison que les boyaux ont été petit à petit remplacés par les compétiteurs par les pneumatiques à chambre à air ou sans chambre (tubeless). Ils restent toutefois utilisés dans le milieu professionnel et par certains amateurs pour leurs qualités de rendement et de confort.
Malgré ces inconvénients, pouvais-je rester plus longtemps dans l’ignorance et ne jamais tester mon vélo dans sa configuration optimale lors d’une épreuve de montagne ? Assurément non ! D’autant que je crève rarement sur les cyclosportives. Et si en cette veille de course, un doute persiste encore dans mon esprit, j’ai fait un choix ! Il fallait que j’en fasse un ! Je vais tester mes roues Corima sur cette belle épreuve en montagne ! Je sais que je prends un risque et qu’il n’est pas toujours possible d’éviter les crevaisons. Mais que la vie serait bien terne, si l’on ne prenait jamais un minimum de risques. Singulièrement, concourir sur ce type d’épreuve nécessite aussi d’être un peu joueur, car il y a toujours une part de chance et d’incertitude dans la réussite ou l’échec sur une telle épreuve sportive : une chute, un incident mécanique, un événement climatique… Tout peut arriver !
Du coup, je dois aussi changer le contenu de ma sacoche de selle et remplacer mes chambres à air de rechange par une bombe anti-crevaison, un boyau et une bande collante pour boyau.
Lorsque je quitte la chambre d’hôte ce dimanche matin à 6 h 30, l’aube se lève à peine et le ciel conserve encore une belle teinte sombre. Avec quinze degrés Celsius, la température est assez clémente. Luz est encore endormie et aucun bruit ne vient troubler la quiétude de ce départ matinal… Le petit-déjeuner a été frugal. Nous étions quatre concurrents autour de la table : deux triathlètes hollandais, un cyclosportif britannique et moi-même. Déjà concentrés sur l’épreuve, nous échangeons quelques mots entre-nous et avec Christine notre hôte, mais rapidement nous revenons dans nos pensées. Nous sommes déjà mentalement dans l’épreuve du jour. L’ambiance est à la concentration !
Mon échauffement est assez sommaire, car lorsque j’arrive au droit de la place du 8 mai à Luz-Saint-Sauveur, beaucoup de concurrents attendent déjà dans les sas de départ. Je fais donc le choix d’écourter mon échauffement, afin de ne pas me retrouver dans les derniers à franchir la ligne, ce qui me ferait perdre beaucoup de temps pour m’élancer. D’autant que le chronomètre se déclenche pour tous dès le top départ. Aussi, chaque minute perdue à essayer de franchir la ligne est du temps perdu par rapport aux premiers.
Plus le top départ approche, plus la longue file des concurrents s’allonge. À quelques minutes du départ, la place du 8 mai est pleine ! L’organisation est même contrainte, d’élargir les sas en repositionnant les barrières pour permettre à l’ensemble des concurrents de pouvoir intégrer notre sas de départ sans déborder sur la route. Cependant, le premier sas réserver aux VIP et élites va créer un goulet d’étranglement. Bien placé à l’entrée du rétrécissement, je n’aurais cette fois-ci pas à jouer des coudes pour conserver ma place, mais j’imagine que derrière cela ne va pas être simple…
Après de longues minutes d’attente, le départ est donné à 7 h 30. Sitôt la ligne de départ franchie, nous virons à droite en direction d’Argelès-Gazost afin de rejoindre Sassis par le Nord puis Saint-Sauveur. Ca roule vite, très vite ! Et la remontée sur Saint-Sauveur est tout aussi rapide. Le premier « raidar » est franchi dans le bruit du cliquetis des dérailleurs. Le passage sur le pont Napoléon est une simple formalité. Nous virons à gauche sur la route de Gavarnie et remontons vers le pied du col du Tourmalet et le kilomètre zéro de l’ascension que nous franchissons sous les applaudissements et les encouragements des spectateurs et accompagnateurs. La petite boucle qui devait servir à étirer les pelotons est bouclée.
Ma bonne position dans le sas, me permet de débuter la montée vers le Tourmalet dans les premiers pelotons. Les vainqueurs potentiels qui se trouvaient dans le premier sas sont déjà loin devant. Nous ne les reverrons plus ! De notre côté, nous montons à notre rythme, car la journée s’annonce longue. La progression est régulière et joyeuse. Ca discute beaucoup et dans beaucoup de langues. L’espagnol et le flamand dominent cependant les échanges dans bon nombre de pelotons ! Les premiers rayons du soleil illuminent déjà les sommets et les crêtes sur notre droite. Aucun nuage ne vient troubler le bleu du ciel. La journée s’annonce belle et chaude. J’atteins le pont de Sers en vingt-six minutes à la moyenne de douze kilomètres par heures. Inutile de monter dans les tours, nous devons parfaire notre échauffement. Je mets six minutes de plus pour atteindre Barèges. La pente s’élève crescendo pour atteindre ou dépasser par moments les dix pour-cent. Que se soit à Betpouey, à Sers ou à Barrèges, se sont les virages qui annoncent à chaque fois l’élévation parfois importante de la pente.
Comme sur l’édition précédente, nous sommes fortement ralentis dans les passages étroits de Barèges. Des véhicules tentent de s’immiscer dans les pelotons en forçant le passage. Les motards qui assurent notre sécurité y mettent bon ordre pour éviter les chutes dans les pentes les plus raides. Leur action me permet d’éviter de mettre pied à terre. Nous quittons rapidement Barèges sous les encouragements de petits groupes en bord de route. La pente ne s’aplatit guère et il nous faut attendre l’arrivée sur la station de ski de Barèges pour récupérer un peu avant d’attaquer les premiers lacets. Nous longeons l’ancienne voie d’accès qui montait au Tourmalet. Elle est maintenant dénommée « voie Laurent Fignon » et est réservée aux cyclistes.
Passé la station de ski, nous entamons une grande courbe à gauche et attaquons les premiers lacets. Nous avons maintenant en point de mire la station de Super-Barèges située quatre kilomètres plus loin et surtout presque trois-cents mètres plus hauts. Les paysages changent ! La vallée se rétrécit au fur et à mesure que nous progressons. Les grandes lignes droites s’effacent au profit de lacets de plus en plus courts. Nous entrons dans la zone de pastoralisme faite d’estives et bercée de la douce musique des sonnailles. Notre progression est parfois troublée par la présence de vaches en bord de route ou par la traversée de quelques brebis ou moutons. Notre faible vitesse d’ascension nous permet de les éviter et de poursuivre notre route sans encombre et sans les effrayer. Le jeu du moment consiste surtout à éviter les bouses et crottins laissés sur la route par ces troupeaux en liberté. Sous l’effet du soleil rasant qui s’élève petit à petit, les teintes des estives et du minéral sont sublimes. Les ardoises brillent et toutes les nuances de vert ressortent. Nous profitons un peu de ces couleurs subtiles et de cette douceur des premiers rayons de soleil. Dans quelques heures, nous serons sous la chaleur harassante.
Les derniers lacets du Tourmalet apparaissent en même temps que se dévoilent le Pic du Midi de Bigorre avec sa caractéristique antenne et ses observatoires. La blancheur de son antenne rayonne tel un phare. Il n’est guère compliqué de suivre le tracer de la route à flanc de montagne. Il suffit juste de suivre le long cortège multicolore des cyclistes qui serpentent maintenant en dessous et au-dessus de moi. Les premiers ont certainement déjà franchi le col et salué, Octave, le Géant du Tourmalet. Je suis encore bien placé lorsque la pente s’élève sérieusement sur la fin de cette première ascension de la journée. Je franchis les dernières pentes debout sur les pédales. À la faveur du dernier « raidar« , je vois apparaître le Géant du Tourmalet. Nos retrouvailles sont toujours un grand plaisir. Je ne l’avais pas revu depuis notre rencontre en mars dernier, à Gèdre, alors qu’il attendait de pouvoir remonter aux beaux jours sur son piédestal au sommet du Tourmalet. L’apercevoir perché sur son vélo est toujours le signe d’une réussite. Celle de l’ascension exigeante du Tourmalet et quel que soit le versant. Il m’a fallu une heure et cinquante-trois minutes pour gravir les dix-huit kilomètres de cette première ascension du jour. La vitesse moyenne de dix kilomètres par heure ne semble pas très élevée. Je l’ai toutefois gravi bien plus rapidement que l’année dernière et bats un nouveau record personnel sur cette ascension. Et surtout, le début de l’ascension a été dédié à l’échauffement pour bon nombre d’entre-nous.
Ne pas perdre trop de temps au sommet est presque un objectif, mais je dois malgré tout renseigner Nathalie sur ma progression et compléter mes bidons. Je me dépêche donc de réaliser un « selfie » au sommet du col que j’envois en un clic par SMS à ma coach préférée. Je procède ensuite hâtivement à mon ravitaillement en eau. La descente vers Sainte-Marie-De-Campan est un peu technique jusqu’à la longue ligne droite vers la Mongie. Elle est faite de beaux virages en épingle avec de forts pourcentages négatifs. Elle nécessite de rester vigilant.
Je suis généralement à l’aise dans les descentes, mais dès les premiers lacets, je suis agréablement surpris. Je prends enfin conscience des capacités montagnardes de ma nouvelle machine équipée de ses roues Corima à boyaux. Le freinage est précis et puissant, le vélo se place parfaitement dans les courbes sans bouger. J’ai d’ailleurs une plus grande facilité à prendre certaines courbes sans avoir à freiner ce que je n’arrivais pas à faire auparavant. Les accélérations en sortie de courbes sont efficaces et faciles. Tellement facile que je laisse beaucoup de concurrents derrière moi, sans effort particulier et sans prise de risque. Je distance sans mal tous les concurrents que je rattrape et arrive quasiment seul à Sainte-Marie-de-Campan. Ma nouvelle machine n’est pas seulement conçue pour monter, elle l’est aussi pour descendre. Dévaler les cols avec un tel vélo est un véritable régal !
L’ascension de la Hourquette d’Ancizan débute dès Sainte-Marie-de-Campan. Elle comprend une première portion de presque sept kilomètres à plus de trois pour-cent de moyenne qui nous emmène au lieu-dit « Payolle« . Le tracer de cette première partie est plutôt casse-pattes et irrégulier. De petits groupes se constituent. D’autant que la brise est plutôt défavorable et que dans de telles conditions, il vaut mieux unir nos efforts et se partager le travail. Nous mettons vingt-cinq minutes pour rejoindre Payolle. Son plateau en faux-plat montant qui sert d’estive nous permet de récupérer un peu avant d’entrer dans le dur. Et le dur, c’est presque dix kilomètres à cinq pour-cent avec des passages à plus de onze pour-cent. Nous débutons cette seconde partie de l’ascension en petits groupes. Certains s’arrêtent pour se restaurer. Pour ma part, je poursuis ma route en prenant soin de m’hydrater correctement. Au gré des changements de pentes, les groupes explosent ou s’étirent en une longue file.
Cette ascension est certainement l’une des plus belles de l’épreuve. Ses paysages changent régulièrement. Au plateau de Payolle, succède une zone forestière qui débouche ensuite sur la très belle « Pelouse de Saint-Jean ». Cette dernière constitue une vaste zone naturelle dédiée au pastoralisme. La Plat de Bouhouèrès, le Sarrat de Las Lourides, sur notre droite, y forme une grande combe sublime et verdoyante. À la faveur d’une courbe à gauche, la pente repart alors de plus belle pour atteindre la petite crête du Sarrat de l’Artigou où nous entrons de nouveau dans une zone boisée. Son profil, descendant sur un kilomètre, nous mène aux sources du torrent de l’Artigou. La pente se durcit à nouveau sur trois kilomètres jusqu’au sommet en traversant les pâturages de la Plagne et de la Hourquette d’Arreau. Les animaux et notamment des ânes y évoluent en totale liberté. Au sommet le panorama sur la Vallée D’Aure et les estives est sublime et mérite véritablement le détour à pied ou à vélo.
Je mets cinquante-et-une minutes pour franchir les dix derniers kilomètres de cette belle ascension et bats ainsi un nouveau record personnel. Je complète rapidement mes bidons. Et repars le plus rapidement possible compte tenu de l’affluence au ravitaillement en eau. Surtout, le « Ravito solide » de Cadéac, situé à quelques kilomètres, me semble beaucoup plus stratégique que celui situé au sommet de la Hourquette d’Ancizan.
La descente de la Hourquette-d’Ancizan est assez technique. La route étroite et la qualité du revêtement ne permettent pas de prendre de la vitesse. Je mets une dizaine de minutes pour rejoindre Guchen. La distance séparant les villages de Guchen et Cadéac n’est pas très longue. J’en profite pour m’hydrater.
Nouvel arrêt à Cadéac pour un ravitaillement solide. Ce « ravito » est le dernier avant l’ascension de l’Aspin et du Tourmalet. Ne pas s’y alimenter, c’est à coup sûr prendre un risque pour les ascensions suivantes que nous allons réaliser sous la chaleur et sur des pentes assez fortes. Je ne prendrais pas ce risque ! J’absorbe de petits casse-croûtes au fromage pour la recharge en protéine et BCAA et une banane pour la recharge en glucides et minéraux. Ce repas frugal est accompagné de deux verres de boissons de l’effort. Je change le contenu de mes bidons que je remplis également de boisson de l’effort. Je refais le plein en barres énergétiques et repars pour l’ascension de l’Aspin sous la chaleur de midi.
Le Col d’Aspin tient une place particulière dans ma pratique de cyclogrimpeur. Avec dix ascensions, il est celui des cols français que j’ai gravi le plus grand nombre de fois. Je connais chacune de ses courbes, chacune de ses rampes, chaque arbre, chaque panneau indicateur. Je connais chacun de ses pièges. Et je sais que lors de son ascension par Arreau, il ne faut surtout pas se laisser bercer par son entame bucolique à l’ombre de ses grands platanes. Car passé les premiers kilomètres, le couvert végétal s’efface et l’ascension offre alors peu d’ombre. Et avec le soleil du jour, cette ascension s’annonce exténuante. D’autant que la pente moyenne à sept pour-cent sur presque douze kilomètres avec des passages à plus de dix pour-cent nous laissera peu de répit physique. C’est donc en prévision de ces conditions d’ascension, que j’ai mis à profit les périodes de canicule pour m’acclimater à ces fortes chaleurs en montagne, en organisant des séances d’entraînement aux heures les plus chaudes. Sur l’édition précédente, j’avais subi l’Aspin et le Tourmalet, pour cette édition, je me suis préparé.
Lorsque je quitte Arreau, en virant à gauche en direction de l’Aspin, je me trouve au sein d’un petit groupe où certains finissent de se restaurer. De fait, ils impriment un rythme moins soutenu. J’en profite pour échanger avec un cycliste venu faire une montée sèche de l’Aspin et qui profite de notre groupe pour avancer à l’abri du vent. Il roule sur un beau vélo Look 765 RS. Plus tard, un concurrent Britannique me fait part de son bonheur de trouver de l’ombre ! Je lui indique que cela ne va pas durer… Nous arrivons d’ailleurs à la sortie du tronçon à l’abri des platanes. Les choses changent rapidement, c’est un peu la fin de la récréation ! La chaleur nous saisie et assomme les moins acclimatés. Certains en profitent pour imprimer un rythme plus élevé et beaucoup lâchent. Mes jambes répondent bien ! Je contribue donc au travail des plus véloces et donc à l’augmentation du rythme, car j’ai deux objectifs : améliorer mon temps d’ascension et arrivée au pied du Tourmalet avant les plus grosses chaleurs. Il se dit sur cette épreuve, que l’ascension de l’Aspin est un indicateur pour l’ascension du Tourmalet qui est à suivre. Si l’on subi la chaleur et la pente, se sera pire dans le Tourmalet. A contrario, si l’on passe relativement bien l’Aspin ça devrait aller dans le Tourmalet. Je me mets à espérer que ce principe se vérifie, car cette année, j’ai vraiment de bonnes sensations dans l’Aspin…
Nous atteignons rapidement Vieille-Aure et poursuivons sur la D918, en laissant le village d’Aspin-Aure sur notre gauche. La vue sur la Vallée D’Aure est sublime. Le soleil étant presque au zénith, les teintes vert et bleu d’habitude éblouissantes sont presque pâles en plein soleil. Par moment, les clarines des vaches montent à nos oreilles. Les bêtes cherchent à se blottir sous le moindre coin d’ombre.
Dans la longue ligne droite qui chemine au-dessus du village d’Aspin-Aure, certains mettent pied à terre, assommés par la chaleur et la pente. Un peu plus haut le sommet apparaît. Je franchi les derniers kilomètres avec deux Espagnols. L’arrêt au ravitaillement en eau est presque une obligation par cette chaleur. Certains concurrents sont allongés au sol et tentent une sieste. D’autres discutent en petit groupe, attendant certainement un ami attardé dans la montée. Pour ma part, je ne m’éternise pas et repars aussitôt.
La descente de l’Aspin en direction de Payolle n’a aucun secret pour moi. Je l’ai tellement descendue et gravi que j’en connais presque chaque mètre, chaque courbe, chaque devers. Jusqu’à Payolle, elle est roulante, même si certains lacets peuvent nécessiter un peu de technique pour négocier les trajectoires. Je suis en confiance et comme on dit, je lâche les freins ! La seconde partie de Payolle à Sainte-Marie-de-Campan est également roulante mais moins régulière. Elle procure cependant de beaux moments de plaisir.
Comme pour les descentes précédentes, je laisse derrière moi les quelques concurrents que je rattrape. Ma machine me procure un véritable plaisir en descente. Ma vitesse semble plus élevée, la maîtrise des courbes plus simples et les relances plus faciles. Je profite de la descente pour m’hydrater en prévision de la montée sur le Tourmalet. Depuis l’Aspin, je mets environ douze minutes pour rejoindre Sainte-Marie-de-Campan et la bifurcation à gauche pour La Mongie et le Col du Tourmalet. Compte-tenu de la chaleur, la fontaine au carrefour des D918 et D935 est prise d’assaut. L’eau fraîche y coule en continu. Elle est un véritable nectar pour cyclistes déshydratés. J’en profite pour me doucher au moyen d’un bidon. Les filets d’eau froide qui s’écoulent, me saisissent et me rafraîchissent. Je profite de mon arrêt pour prendre des clichés que j’envoie à Nathalie. Je suis sûr qu’elle reconnaîtra la statue d’Eugène Christophe et qu’elle comprendra mon message subliminal : j’attaque la deuxième montée du Tourmalet !
C’est parti pour plus de dix-sept kilomètres d’ascension et mille deux-cent-quarante neuf mètres de dénivelée positive. Ce versant du Tourmalet ne m’a jamais été favorable. J’y ai toujours subi la chaleur et la pente. Je lui préfère l’autre versant. Mais je compte bien changer les choses aujourd’hui !
Jusqu’au village de Gripp l‘ascension est assez simple avec un ou deux « raidars » plus difficiles, mais globalement, c’est une belle mise en jambes à quatre pour-cent de moyenne. Je rattrape quelques concurrents, mais je suis également rattrapé par d’autres. Nous montons tous à notre rythme. Passé Gripp, la pente s’élève un peu plus pour passer de cinq à huit pour-cent. Les quelques passages à l’ombre nous rafraîchissent un peu. Il commence vraiment à faire chaud. Beaucoup souffrent de la chaleur. Certains s’arrêtent pour se ravitailler. Je surprends des concurrents qui se ravitaillent en eau et qui boivent dans la cascade de « La blanche ». J’ai envie de leur déconseiller, mais ils sont grands. Je poursuis ma route en laissant la centrale Hydro-électrique d’Artigue en contre-bas sur ma gauche. Sur quelques hectomètres, nous roulons à l’ombre des arbres. Voilà une nouvelle pause fraîcheur bienvenue ! Mais cela ne dure guère longtemps. Les petits groupes se font plus silencieux. La fatigue et la chaleur conduisent au silence et à l’économie des forces. Chacun évolue dans sa bulle. La monotonie de la route presque rectiligne prend fin, et nous arrivons maintenant sur un premier lacet à droite qui annonce le début de la partie difficile de l’ascension avec l’approche des para-avalanche de la Mongie.
Mes jambes répondent bien, même si la fatigue commence à se faire sentir. Les relances dans les courbes sont moins franches, moins explosives. J’arrondis un peu plus mes trajectoires pour moins subir la pente. Les positions ne changent plus et avec la pente qui augmente, les vitesses de chacun se stabilisent. Je passe le premier para-avalanche sans encombre. Pour ne pas être gêné par les voitures qui montent, nous progressons tous sur le parking, sur le bas-côté. À la sortie de la forêt, la chaleur nous harasse. Le second paravalanche est franchi, puis le troisième. La pente dépasse les dix pour-cent. Nous atteignons enfin la Mongie. Comme beaucoup, je décide de faire un arrêt pour me ravitailler en eau dans un bar. Le même que l’année dernière et le même régime : un diabolo menthe pour le rafraîchissement et le plaisir, une carafe d’eau fraîche pour l’hydratation et le bidon vide. Je reprends la même place assise à l’intérieur pour bénéficier de la fraîcheur de la climatisation. Les quelques minutes d’arrêt me permettent de récupérer un peu et surtout d’éviter la surchauffe. Le sommet n’est plus très loin. Je repars !
Traverser la Mongie nécessite de se mettre régulièrement debout sur les pédales pour passer les forts pourcentages. Quelques personnes nous encouragent ! Je quitte enfin la Mongie et entre dans la zone d’estives en laissant derrière moi sur la gauche les longues barres d’immeuble à skieurs. Au détour d’un virage, je surprends de nouveau un cycliste qui fait le plein de son bidon puis boit l’eau de « L’Adour du Tourmalet ». Les sonnailles teintent de partout, les moutons broutent le long de la route sous la vigilance d’un berger. Tout au long de la montée, la route est maculée de bouses et crottins. Ignorer que nous sommes en zone d’estive est impossible. Aussi, boire l’eau d’un cour d’eau qui s’écoule en cascade depuis les pâturages situés plus haut me semble vraiment stupide d’autant que quelques minutes plus tôt, ce concurrent traversait la Mongie et passait devant un grand nombre de bars où il pouvait obtenir de l’eau potable. Y compris dans les toilettes publique en sortie de la Mongie ! Je continue ma route en m’interrogeant sur ces comportements irrationnels…
Les derniers kilomètres de l’ascension se caractérisent d’une part par une diminution des longueurs des lacets et d’autre part par l’apparition des photographes qui se positionnent dans les lacets stratégiques pour nous mitrailler de leurs appareils. Certains savent comme il peut être difficile de saisir leurs cartes au passage tout en pédalant. Ils glissent donc dans l’une de nos poches leur carte publicitaire qui pourrait servir au cas où nous souhaiterions acheter l’un de leurs clichés. D’autres s’échenillent dans les derniers lacets à vouloir nous faire lâcher notre cintre pour prendre leur foutue carte, alors que la pente s’élève brutalement et que les voitures nous serrent dans la courbe. Je les ignore et tente d’éviter la chute en hurlant après la voiture. Ils vont devoir apprendre, pour l’heure très peu prennent leurs bouts de carton. Pire certains les jettent au sol après quelques mètres ! J’atteins enfin le sommet et le « ravito« . Je viens de battre un nouveau record personnel dans cette ascension. L’arrêt au point de ravitaillement me fait du bien. J’avale rapidement mon traditionnel casse-croûte au fromage et refais le plein de mes bidons en boisson de l’effort. Je suis prêt pour la descente vers Luz-Saint-Sauveur.
Je passe pour la dernière fois de la journée sous la statue d’Octave. Dressé sur ses pédales, le Géant d’acier semble nous inviter de son menton à découvrir le sublime panorama sur la vallée qui se dévoile brutalement. Le bruit de sonnailles remonte par moment de la vallée. Au premier plan, c’est le minéral, gris ardoise, qui domine et plus on s’éloigne vers le bas de la vallée plus le vert s’impose. Au loin Barèges, encore plus loin Luz-Saint-Sauveur. On peut suivre la route qui ondule accrochée à flanc de montagne. J’en connais les moindres pièges. Je suis un peu comme chez moi dans les Hautes-Pyrénées et je ne manque jamais d’y revenir et de gravir ce beau Tourmalet ! Cette descente est roulante avec un enchaînement de belles lignes droites et de très beaux lacets techniques à négocier. Un pur bonheur pour descendeur ! Je vais y battre un record en atteignant les quatre-vingts kilomètres par heure sans même m’en rendre compte. Je tiens même tête à une moto dans les lacets. J’atteins rapidement Barèges puis laisse derrière moi les villages de Sers et Betpouey. Je mets vingt-et-une minutes pour rejoindre Luz-Saint-Sauveur que je traverse rapidement sous la protection des signaleurs pour me diriger ensuite en direction d’Hautacam. Je profite de cette transition pour bien m’hydrater. Au point de ravitaillement, je refais le plein des bidons en eau, car il ne reste plus de boisson énergétique. J’en profite également pour me restaurer un peu avant de m’élancer.
Hautacam est une station de sports d’hiver. Y monter, c’est gravir mille-quatre-vingt-seize mètres de dénivelée positive sur quatorze kilomètres avec une pente moyenne de presque huit pour-cent et un maximum de onze pour-cent. Comme sur toutes les épreuves organisées par Golazo Sports – Sportcommunication le final est toujours exigeant. Cette Marmotte des Pyrénées n’échappe pas à la règle. L’année dernière, nous avions dû finir avec la montée sur Luz-Ardiden. Cette année, nous allons conclure ce parcours avec la montée d’Hautacam. J’ai gravi cette montée il y a quelques années. Il s’agissait d’une montée sèche depuis Argelès-Gazost. Je ne me souviens pas qu’elle fut aussi exigeante, je vais l’apprendre à mes dépens !
Le soleil commence à baisser. Lorsque je repars, ses rayons, presque rasants, viennent cuire mon visage. Ils chauffent plutôt fort ! Sur les premiers kilomètres, la pente est irrégulière. De longues portions permettent de récupérer. Elles alternent avec quelques rampes au-dessus de huit pour-cent. À partir d’Artalens, nous n’avons plus beaucoup de répit. La pente oscille longuement entre huit et dix pour-cent. Je monte à mon rythme en essayant de conserver quelques forces pour le final, mais cette montée s’avère vraiment exigeante.
Nathalie me rejoint dans les premiers kilomètres et m’offre un peu d’eau minérale pour compléter mes bidons. Je l’accepte, car il faut que je recharge en minéraux pour compenser les pertes hydriques et éviter les crampes. Elle repart sitôt le ravitaillement réalisé. Je la retrouverais au sommet. Quelques kilomètres plus loin, nouvel arrêt à une fontaine pour m’asperger, car la chaleur est vraiment harassante. Il y a la queue à la fontaine, mais je repars assez vite pour en finir avec cette montée d’Hautacam. La brume envahie progressivement les sommets et donne cette luminosité si particulière des fins de journée d’été. Si la pente est rude, les paysages sont agréables et viennent un peu détourner notre attention de la fatigue. La vue est merveilleuse !
Je grimpe à mon rythme enfermé dans ma bulle. Les panneaux de cols égrènent chaque kilomètre parcourus. Plus la distance diminue, plus la pente augmente. Cette montée est vraiment harassante pour bon nombre d’entre-nous. Le coup de pédale est beaucoup moins fluide, certains zigzaguent, d’autre s’arrêtent pour récupérer. Notre vitesse chute ! Je monte au mental depuis de longues minutes. Dans les derniers kilomètres de l’ascension, je connais un gros coup de fatigue. Les premiers signes d’un mal de tête apparaissent. Dans un moment de lucidité, je me rends compte qu’à me concentrer sur mon hydratation et sur la pente, j’ai oublié de manger et surtout comme mes bidons ne sont plus remplis de boisson énergétique, je n’ai plus d’apport en glucides. Comment ai-je pu omettre de manger ? Je m’arrête et me force à bien mâcher une barre énergétique en avalant chaque bouchée avec une gorgée d’eau pour accélérer son assimilation. Je repars ! Telle un éponge, mon organisme semble absorber et assimiler immédiatement tout le sucre que je lui apporte. Le mal de tête passe petit à petit. Je récupère !
La longue file des concurrents s’étire au fur et à mesure que nous approchons de la ligne d’arrivée. Nous progressons tous au mental, enfermé dans notre bulle que nous quittons de brefs instants pour nous encourager mutuellement lorsque nous nous doublons. À trois kilomètres du sommet, je commence à bien distinguer le final, même si certains lacets restent cachés derrière les reliefs. Les premiers bâtiments de la station de ski apparaissent. La pente ne faiblit pas. J’essaye pendant un temps de reprendre le concurrent qui me précède de cinquante mètres, mais nos vitesses se stabilisent. L’écart qui nous sépare n’évoluera plus. Nathalie m’attend dans le dernier lacet pour prendre quelques clichés et m’encourager. La pente casse enfin à la faveur d’un parking. Je peux mouliner un peu. Je pourrais essayer de reprendre quelques dents pour accélérer et reprendre le concurrent devant moi, mais cela ne me semble pas fair-play ! Nous avons combattu ensemble la pente et la chaleur, nous finissons ensemble. Je n’ai pas besoin de chercher à « chaparder » une place par surprise. Nous franchissons la ligne, sous les applaudissements du public. Le bonheur et la fierté, nous envahissent. Je suis heureux de terminer cette belle et très difficile épreuve et de n’avoir rien lâché.
Lors du petit-déjeuner du lendemain matin, j’ai l’occasion d’échanger avec mes autres collègues et avec nos hôtes. Tous, nous avons trouvé cette montée sur Hautacam particulièrement exigeante. Nous y avons tous souffert de la chaleur et de la soif. Pour notre collègue Britannique, qui a à son actif, plus d’une dizaine de participations à la Marmotte des Alpes, la version pyrénéenne de la Marmotte est bien plus difficile que la version alpine. Cela me rassure, car c’est aussi mon ressenti. Mais nous avons aussi tous cette satisfaction et cette fierté intérieure d’avoir bouclé ce si difficile parcours. Seuls les passionnés peuvent aller au bout d’un tel défi physique et surtout se faire la promesse d’y revenir. Et assurément nous reviendrons, car la passion pour ces belles épreuves de montagnes est toujours plus forte. Et la satisfaction de franchir la ligne d’arrivée est toujours proportionnelle à la peine rencontrée pour franchir l’ensemble des difficultés. L’expression britannique No pain, No gain qui peut se traduire par : « pas d’effort, pas de récompense » caractérise bien notre état d’esprit de cyclogrimpeurs ou de climbers. La montagne est belle, mais elle se mérite !
Sur mille-sept-cent-cinquante-et-un inscrits, seuls huit-cent-quarante-cinq concurrents ont terminé l’épreuve et se sont donc classés. Deux-cent-vingt-sept concurrents ont abandonné en cours de parcours et vingt-deux ont été disqualifiés en ne parvenant pas à temps à la porte horaire de 18 h 15 au pied de la montée d’Hautacam. Le reste des concurrents inscrits ne se sont tout bonnement pas présenté sur la ligne de départ.
Je me classe sept-cent-soixante-seizième en battant tous mes records personnels sur les différentes ascensions du Tourmalet, de la Hourquette d’Ancizan et de l’Aspin. J’améliore également mes pourcentages de temps par rapport au premier au scratch et au premier de ma catégorie (50/59 ans). Après seulement neuf années de participation à des cyclosportives et en résidant dans le plat Pays Briard, je suis amplement satisfait. Finir un parcours si exigeant est déjà en soi une source de satisfaction personnelle qui me suffit pleinement.
Côté matériel, je ne regrette pas mon choix. Mon look 785 Huez RS doté de ses roues à boyaux est une véritable machine à grimper et descendre des cols. Dorénavant, je ne me poserais plus de questions. Je réserverais mes roues Roval à pneumatiques pour les épreuves pluvieuses ou les routes abîmées du Morvan ou de la Bourgogne. Pour les épreuves de montagne alpines ou pyrénéennes sur routes sèches, je privilégierais mes roues Corima à boyaux bien plus efficaces et sécurisantes.
Je n’ai qu’un seul regret sur cette Marmotte, c’est mon erreur d’alimentation dans la dernière montée. À trop me concentrer sur mon hydratation pour éviter les crampes, j’en ai oublié de manger. Or, en fin de journée, après avoir tapé dans la filière lipidique tout au long des ascensions précédentes, les réserves corporelles sont au plus bas, et tout le glycogène a été absorbé par les muscles depuis bien longtemps. Sur le dernier ravitaillement, il n’y avait plus de boisson énergétique. J’aurais donc dû me concentrer également sur l’apport de glucide. Mais la chaleur et l’effort associés à un manque de lucidité m’ont conduit à porter toute mon attention uniquement sur l’hydratation. D’autant que je n’ai jamais ressenti la faim et que je n’ai pas eu d’alerte pour me soucier d’autre chose que de l’hydratation. Je m’en veux, car cette erreur de débutant m’a certainement coûtée de longues minutes en faisant baisser ma moyenne et en me plaçant dans un début d’hypoglycémie. Comme quoi ont peu toujours commettre des erreurs, même après quelques années d’expérience, mais c’est aussi comme cela que l’on progresse…
Ma saison cyclosportive 2019 est close. Place à la récupération avant de passer à la préparation de la saison 2020.
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