À mes moments perdus, j’aime laisser vagabonder mes pensées sur une carte. De ces moments intimes de rêveries, naissent souvent mes folles aventures montagnardes et d’ultra distance. La main guide la souri qui virevolte sur la carte au gré des petites routes, des villes et villages, des obstacles du terrains, des aménagements routiers. Je recherche souvent l’isolement, les petites routes qui me feront éviter le tumulte routier et qui m’offriront la douceur et la quiétude de nos campagnes. Le chant du coq, les sonnailles des troupeaux, le bruit des cloches aux loin qui annoncent l’heure, le salut du villageois et parfois même le silence absolu… Partir, c’est aussi fuir l’agitation de l’urbanisation franciliennes pour vivre en harmonie avec la nature. Chaque clic représente un changement de direction, un point à atteindre. Au gré de mon imagination, le tracé prend forme. Je ne m’interdis rien, je trace en laissant libre cours à mes divagations, en imaginant la beauté des lieux et des paysages, en essayant de trouver un ou plusieurs passages à travers des massifs montagneux. Je cherche des cols jamais franchis, un pont pour franchir un cours d’eau, un point d’intérêt pour égayer mon parcours. La quête est large ! Parfois, c’est le simple nom d’une bourgade qui attire mon attention et détourne ma trace virtuelle. Quelques fois, j’essaye juste de relier un point A à un point B en trouvant le plus bel itinéraire. Mais qu’est-ce qu’un bel itinéraire ? Certainement un subtil équilibre entre difficultés et flâneries. Si la citation de Pierre Corneille dans le Cid « A vaincre sans péril on triomphe sans gloire » s’applique souvent à mes virées cyclistes, un bel itinéraire doit aussi offrir des moments de sérénité et de grâce propices à la méditation. Car voyager, c’est aussi se déconnecter. La route doit alors s’aplatir, les jambes doivent tourner sans fatigue, la sensation de légèreté et bien-être accompagnent souvent ces moments de symbiose avec l’environnement. La récupération après la combat. La recette est parfois compliquée. 

Le problème avec les rêves, c’est que nous ne savons jamais où ils s’arrêtent. Souvent, c’est le dernier clic qui révèle l’ambition d’une trace. La souris s’emballe parfois le long des routes en déposant de-ci de-là des points de parcours, sans se soucier des éléments, de la dénivelée, de la distance. Les chiffres émergent alors de la brume des ces flâneries, bruts et tranchants. Le kilométrage et la dénivelée positive révèlent l’ambition de l’œuvre naissante. Chaque parcours est unique. Certaines traces resteront peut-être à l’état de chimères conservées dans un coin de ma tête au cas où ! D’autres se concrétiseront en passant du virtuel au réel. L’esquisse doit alors être affinée pour devenir une œuvre définitive. Il faut modifier, planifier, organiser et continuer de rêver, car rêver c’est déjà se projeter vers de nouveaux défis.

Ce chapitre recensera donc tous mes vagabondages cartographiques. Peut-être inspireront-ils d’autres voyageurs au long court adeptes des longues chevauchées. Il importe aussi pour moi, de disposer d’un endroit pour conserver tous mes rêves d’évasion et d’aventures tel un catalogue de mes rêves cyclistes.

– S’il te plaît… dessine-moi un parcours !

– Hein!

– Dessine-moi un parcours…