Il existe aujourd’hui une multitude d’épreuves de cyclistes sur route. Les courses de village, où l’on tourne sur un circuit, les épreuves en ligne ou de contre-la-montre, les cyclosportives où le terrain de jeu est le plus souvent vallonné ou montagnard. Plus récemment de grandes organisations se sont misent en place comme l’étape du Tour, le Paris Roubaix challenge… Mais toutes ces épreuves répondent le plus souvent à un seul objectif sportif : battre les autres concurrents et arriver le premier pour monter sur le podium ! Et toute leur organisation repose sur ces règles et formats précis.

L’ultra distance, l’ultra endurance ou encore l’ultra cyclisme est un format assez récent de pratique. Un peu plus intimiste, mais en pleine progression ! L’épreuve emblématique de l’ultra cyclisme est la Race Across AMerica (RAAM), qui traverse tous les ans les États-Unis d’ouest en Est avec assistance d’un véhicule motorisé. En Europe, depuis 2013, la TransContinental Race (TCR) propose la traversée du continent sans assistance. Depuis 2018, le premier championnat d’ultra cyclisme sans assistance externe, BikingMan, fondé par l’explorateur français Axel Carion, propose de traverser le Sultanat d’Oman, le Tour de Corse, la Cordillère des Andes péruvienne et les Tour de Taïwan, du Laos et du Portugal. Le BikingMan a la particularité de rassembler les conditions climatiques et topographiques les plus délicates du globe. En France, la Race Across France avec et sans assistance à vu le jour sous la houlette d’Arnaud Mazanini.  Au sein de la World Ultra Cycling Association, il existe des classement sur des épreuves de 6 h, 12 h, 24 h sur 500 miles. Au côté de ces épreuves hors norme, il existe aussi des épreuves bien plus âgées comme celle du mythique Paris Brest Paris (PBP), mais aussi des défis ou raids qui prennent une place de plus en plus important sans aucune notion de compétition. Il s’agit alors de clore un parcours souvent supérieur à 300 km avec une dénivelée positive très importante. On trouve notamment les 7 majeurs, le Ride Bike Cathare Challenge.

Cette pratique réconcilie les pratiquants avec les valeurs fondamentales du sport : être face à soi même et donner le meilleur de soit dans la durée, dans l’effort et dans les difficultés de tous ordres qui se présenteront tout au long du parcours ou du défi. Que ces défis soient individuels issus de la seule imagination d’un pratiquant (tridécaudax, bikepacking…), ou réunis sous l’égide d’une organisation (Race Across, Transcontinental, NorthCape 4000…), la notion de compétition au sens habituel du terme peut-être totalement absente. L’objectif est alors d’aller au bout du challenge que l’on s’est fixé. Quand une notion de compétition est présente, elle est fortement contrainte par la nature du défi. Il s’agit souvent de rouler seul en mode « No drafting » et souvent en autonomie et sans assistance. Ces contraintes font sortir le pratiquant des règles habituelles. Elles peuvent faire peur, mais elles sont le fondement même de l’esprit d’aventure porté par ces défis et l’esprit de pionnier qu’ils peuvent véhiculer.

Ces épreuves ou défis nécessitent une importante préparation physique, mentale, technique et logistique pour apprendre à gérer les différents paramètres de la réussite. Gestion de l’effort et du sommeil sur plusieurs jours, gestions de l’alimentation, gestion du mental, et gestion du parcours. C’est aussi ce qui en fait tout l’attrait. Sur ce genre de défi, l’aspect mental tient une place bien plus importante que sur les épreuves classiques. Compte tenu des distances à parcourir, le cycliste va demeurer seul de longues heures sur sa selle à pédaler parfois jusqu’à plus de dix jours d’affilés. Les difficultés vont s’enchaîner, les faibles vitesses et l’isolement vont être propices à la cogitation et à la méditation. Le pratiquant pourra alors naviguer entre des phases d’euphorie et de déprime passagère aggravée par le manque de sommeil, les problèmes d’alimentation. Pour éviter cet effet yo-yo psychologique, il faudra parvenir à s’enfermer dans sa bulle jusqu’à atteindre le Graal, cette sensation de pouvoir rouler et rouler sans cesse sans ne plus ressentir la fatigue. Cet état que l’on peut appeler état d’expérience optimale ou de fluidité performance.

Les pages qui suivent, vont me servir de carnet de progression et de témoignages, car progresser en ultra, c’est aussi s’appuyer sur les partages d’expériences…