Traditionnellement le mois de juin annonce l’ouverture des grands cols. La neige fond progressivement et les quelques névés persistants n’empêcheront pas la saison des cyclosportives montagnardes de s’ouvrir enfin. Il faut en profiter car elle est assez courte, quatre mois au plus pour se rassasier de dénivelées et de grands espaces. Les objectifs de la saison approchent à grands pas.
Côté objectifs, justement, l’édition 2016 de la cyclosportive des 3 Ballons Granfondo vient renforcer mon programme déjà bien garni. Plus que la dénivelée positive de quatre mille mètres, c’est surtout la distance de deux-cent seize kilomètres qui m’a attiré. Franchir le cap des deux-cents kilomètres en course est un challenge physique et mental qui ne pouvait qu’aiguiser mon intérêt. Et c’est aussi une très bonne façon de progresser et d’explorer de nouveaux domaines et sortant du cadre où j’ai mes repères.
Pour cette édition des trois ballons, l’organisation nous avait donné rendez-vous dès le vendredi 10 juin à Luxeuil-les-Bains pour le retrait des dossards. C’est sous un beau soleil que nous sommes arrivé dans cette belle ville thermale. Inscrit sur cette épreuve depuis le mois de novembre 2015, le retrait de mon dossard ne fût qu’une formalité rapidement remplie.
A distance exceptionnelle, départ matinal ! La journée marathon a donc commencé dès 5h30 par le petit déjeuner, la préparation et le transfert en vélo vers la ligne de départ où il fallait être avant 7h15. Après m’être quelque peu égaré et pris les chemins des écoliers, j’arrive un peu juste sur le ligne de départ. Mais fort heureusement, je suis encore dans les temps pour prendre ma place dans le sas, Malheureusement, comme prévu, le beau temps de la veille a laissé la place à la pluie et un ciel bouché. Les vestes de pluie sont donc de sortie et cela n’annonce rien de bon pour le reste de la journée.
Le départ est assez rapide ! Mais aujourd’hui, quelle que soit la distance, les départs sont toujours rapides. Il faudra attendre les premières pentes sur la commune de Faucogney-et-la-Mer pour voir la vitesse retomber quelque peu. Le col des Chevrères constitue la première difficulté du jour. Sa pente est plutôt irrégulière et le final assez raide avec des pourcentages qui oscillent autour de 11%. Ce col est une belle mise en jambe pour le reste du parcours. Un début de bronchite ne me facilite pas la tâche surtout lorsque les pulsations montent un peu. Mais j’avale assez bien la montée. Nous avons déjà parcouru plus de trente-huit kilomètres lorsque nous franchissons le sommet du col. Comme sur toutes les courses où le nombre de concurrents est important, l’accès au ravitaillement est difficile. Le brouillard, plombe l’atmosphère. La pluie s’est un peu calmée mais la route reste humide. Dans la descente, le peloton est encore trop compact pour pouvoir se lâcher. Cela ira mieux dans les prochaines descentes lorsque le peloton se sera étiré.
A Giromagny nous bifurquons à gauche pour attaquer la montée sur le Ballon d’Alsace. La montée est assez régulière avec une pente moyenne de 5,19%. Il me faudra une heure pour gravir les six-cent mètres de dénivelée et douze kilomètres d’ascension. Ma bronchite semble s’aggraver, l’inspiration et l’expiration se font difficiles. Je monte au train. De nombreuses voitures d’assistance, belges et néerlandaises gênent notre progression, nous obligeant parfois à mettre pied à terre. Je fais le choix de m’arrêter de nouveau au ravitaillement pour compléter mes bidons. La descente se fait sous la pluie. Petit à petit la vitesse se fait plus importante mais la prudence reste de mise.
Dès Masevaux débute l’ascension de la difficulté suivante : le col de Hundsruck. L’ascension n’est guère complexe. La pente moyenne de 3,94 % n’est pas des plus difficiles. Le sommet est vite atteint. Nous franchissons alors la barre symbolique des cent kilomètres. Nous sommes presque à la mi-parcours. Au loin le ciel semble vouloir se dégager. Ma vitesse de descente oscille entre soixante-deux et cinquante-cinq kilomètres par heures. Nous doublons les plus craintifs tétanisés sur leurs freins.
A Willier-sur-Thur nous attaquons l’ascension du Grand Ballon. Avec ses seize kilomètres d’ascension et son altitude de mille trois-cent quarante-trois mètres le Grand Ballon est la difficulté la plus longue et la plus élevée du parcours. Pour m’être entraîné sur cette ascension avec mon home-trainer, je connais tous les pièges de cette montée. Je monte au train après m’être ravitaillé dès la sortie de Willer-sur-Thur. Le ciel se dégage petit à petit. L’ascension est plaisante. Je respire beaucoup mieux. A un peu plus de la moitié de la pente, nous franchissons le col d’Amic. L’ascension continue. A partir du chalet du Ballon, la vue sur la plaine d’Alsace se dégage. Elle est de toute beauté. Au sommet nous avons déjà parcouru cent vingt-sept kilomètres. Je m’arrête pour un ravitaillement mérité. Il me faut accumuler des forces pour les quatre-vingt-quinze kilomètres restant à parcourir. La descente est rapide.
La difficulté suivante est le col d’Oderen. Avec sept kilomètres, l’ascension de ce col n’est pas très longue. Sa pente moyenne de 5,63% est facilement avalée. Je mets une demi-heure pour atteindre son sommet. Les groupes s’étirent petit à petit. Cela aurait dû faciliter la descente mais très vite la pluie nous rattrape. L’état de la route nous incite à la prudence car l’adhérence n’est pas des meilleures.
Au bas de la descente, je prends la tête d’un petit groupe. Nous roulons à bonne allure. Passé Ventron, nous nous élançons en direction du petit col du Mesnil qui ni présente aucune difficulté. A le Thillot, nous abordons la montée sur le col des Croix. Le groupe reste soudé. Nous pensons en avoir terminé avec les difficultés, mais il n’en n’est rien. Penser que traverser les mille étangs est une promenade de santé est une pure utopie ! Nous allons l’apprendre à notre dépend…
Notre dernier parcours du combattant débute à Servance. Le parcours bifurque sur la route de Beulotte où un raidar se dresse devant nous. Il nous mène au dernier ravito. Il pleut toujours. Nous prenons des forces pour traverser la région des mille étangs via le plateau des Grilloux. Un membre de l’organisation nous conseille de ne pas repasser tout de suite sur le grand plateau. Nous allons rapidement découvrir que le plateau des Grilloux se mérite. Pour rejoindre l’arrivée, il nous faudra franchir plusieurs raidars à plus de 12%. Nous jouons à cache cache avec pluie en passant d’une averse à l’autre. Notre calvaire physique se termine à Esmoulières, La pluie redouble, mais je décide de ne pas remettre ma veste de pluie qui est trop lâche et me freine sur le plat. Je parcours les treize derniers kilomètres en contre la montre pour essayer de clore le parcours en moins de onze heures. Les nuages sont tellement denses qu’il fait presque nuit . A partir de Faucogney-et-la-Mer les bourgs sont franchis à vive allure : Sainte-Marie-en-Chanois, Amage. Nous apercevons le but ultime du parcours : Raddon-et-Chapendu et sa ligne d’arrivée. Nous avons hâte d’en finir ! Nous bifurquons à droite le dernier kilomètre est parcouru à bloc. Je clos le parcours en 11h04.
Cette participation à l’édition 2016 m’a permis de valider ma capacité à rouler plus de deux-cent kilomètres dans des conditions parfois difficiles. Je termine dans une assez bonne forme physique malgré une bronchite. Je n’ai pas souffert de crampes. Et surtout, je n’ai jamais pensé abandonner. Ce bilan me laisse penser que je n’ai pas encore atteint mes limites physiques et mentales. Seul ombre au tableau une petite douleur au tendon d’Achille droit pouvant laisser pensé à un début de tendinite vraisemblablement dû au froid et à l’humidité sur la course. Accessoirement j’ai également validé onze nouveaux cols pour le club des cents cols, ce qui n’emmène à deux-cent vingt-trois réussites validées.
Au total j’aurais parcouru dans la journée deux cent quarante kilomètres dont deux cent seize en course et vingt-quatre en échauffement. Cette distance est assez proche de deux cent soixante douze kilomètres de la « vélo marathon de l’ardéchoise ». Il me faudra quand même rajouter près de mille trois cent soixante-treize mètres de dénivelée positive pour faire la maille. Il sera par contre compliqué d’intégrer cette épreuve entre les trois ballons et la Marmotte, mais cela est une autre histoire. En attendant je vous donne rendez-vous pour ma prochaine aventure qui sera iséroise avec la Vaujany s’en suivra ensuite le deuxième objectif majeure de ma saison l’édition 2016 de la Marmotte.
Boris
Bonjour Eric,
J’ai été informé dimanche 26 que le bitume a été plus que fort que toi ou disons plus fort que tes côtes. Je te souhaite un prompt et bon rétablissement.
Boris
admin
Effectivement Boris, tu as été bien informé. J’ai été pris dans une chute collective sur la Vaujany 15 kilomètres après le départ. Après un effroyable soleil à plus de 40 km/h, je termine avec 2 côtes et le bassin fracturés. J’ai donc troqué mon vélo, que je n’ai pas encore récupéré, pour une paire de béquilles. Inutile de dire que ma saison cyclosportive 2016 ce termine prématurément. je peux éventuellement prendre par à une course en béquilles, mais il faudra attendre au moins deux semaines.
Je te remercie pour tes vœux de prompt rétablissement et espère pouvoir rapidement boire un thé matinal dans ton bureau.
Eric
Boris
Je pense qu’en serrant les dents tu peux faire des courses avec tes petits enfants. Il fabrique maintenant des béquilles en carbone ultralégère. Sinon tu peux toujours participer au Tour de France dans ton canapé !
Je t’appellerai pour te communiquer quelques infos.